par Emmanuel d’Estouteville
La France est en crise. C’est un fait dont nul ne peut douter. Les chiffres sont là pour le confirmer. Hausse du chômage, une dette publique record qui atteint plus de 1832 milliards d’euros et des entreprises que l’on décourage d’entreprendre.
Ce panorama assez peu reluisant n’a rien pour séduire. Il demeure pourtant encore quelques entrepreneurs irréductibles prêts à affronter les obstacles administratifs et à s’acquitter des charges fiscales et sociales.
Leur mérite est d’autant plus remarquable qu’ils n’ont pas comme les multinationales, une armada d’avocats pour créer leur siège social dans un lieu fiscalement plus avantageux avant de faire converger leurs bénéfices au Luxembourg où le régime de l’impôt sur les sociétés est plus intéressant. Tout comme le taux de TVA de 15 % qui y est le moins élevé de l’Union européenne.
Entre un petit entrepreneur français acculé par les charges et Google qui a payé 5,6 millions d’euros en Irlande pour un chiffre d’affaires déclaré de plus de 10 milliards d’euros, le décalage est éloquent.
Sans compter ceux qui ne paient pas d’impôts comme KFC France en raison des déficits liés aux importants investissements réalisés. Même si la France n’est pas le pays le plus propice pour ces grands groupes, ils s’en tirent toujours mieux que toutes ces entreprises moyennes pour lesquelles la politique mise en place est véritablement devenue confiscatoire.
À croire que l’on souhaite décourager bon nombre de nos entrepreneurs lorsqu’ils créent leurs entreprises. À commencer par ceux qui ont de bonnes idées. Les structures d’accompagnement de projets ne manquent pas : il y a bien des incubateurs de différents niveaux s’adressant à tous les stades de maturation de la société et spécialisés par secteur mais leur niveau de sélectivité est très élevé.
Avant d’espérer intégrer un d’eux, le parcours est semé d’embûches. Examen du business plan pour juger du projet, son avancement, sa pertinence sur le marché, son lien avec l’incubateur. Ces étapes validées, le porteur de projet doit encore convaincre un jury sans l’assurance qu’il sera retenu.
Dans cette concurrence effrénée, les créateurs français doivent être sacrément motivés pour affronter toutes les difficultés qui s’imposent à eux. Car rares sont ceux qui réussissent du premier coup à faire l’unanimité autour de leur projet et à attirer les investisseurs.
Comme si toutes ces contraintes ne suffisaient pas, les politiques en la matière ne favorisent pas les initiatives freinées par la lourdeur administrative, des charges importantes et un état d’esprit ambiant qui fait souvent passer le chef d’entreprise pour un arnaqueur potentiel.
Loin de s’être arrangée ces six derniers mois, la situation a empiré puisque de manière évidente notre gouvernement préfère privilégier une politique sociale envers certaines catégories de la population (toujours les mêmes). Il ne s’agit pas d’assister financièrement les entrepreneurs. Il s’agit de leur donner du ressort en évitant de les étrangler financièrement.
Tant que notre pays aura si peu de considération pour ses entrepreneurs et préférera récompenser l’oisiveté au détriment de l’effort, nos créateurs continueront de se tourner vers l’étranger.
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