Alors qu’un jeune sur quatre serait en situation de précarité, Éric Zemmour dénonce mardi matin sur RTL l’actuelle gérontocratie.
“C’est une très vieille légende japonaise comptant les tourments d’un fils qui ne parvient pas à se débarrasser de sa mère devenue trop âgée pour travailler et la vieille femme, se sentant inutile, exige du fils aimant qu’il l’emmène sur son dos pour la faire mourir. Notre époque a renversé cette malédiction antique : les retraités d’aujourd’hui sont, dans l’Histoire, la première génération plus aisée que la jeunesse. Les vieux n’ont pas à rougir de leur aisance, souvent modeste, ils ont travaillé dur pour reconstruire la France après guerre. À l’aune de leurs longues journées de jadis, les jeunes leur paraissent d’indécrottables fainéants, les 35 heures dans une main, les vacances et les allocations chômage dans l’autre. Cette génération n’est pourtant que le produit des luttes sociales que les anciens ont mené victorieusement au temps des Trente glorieuses : ils sont avant tout des consommateurs quand leurs aînés étaient avant tout des producteurs. Ils ont été élevés par la télé et par les marques : Nike, Converse, Abercrombie, Apple… qui ont remplacé leurs parents. Ils sont les enfants du divorce de masse et des familles monoparentales. Les sociologues nous expliquent que le diplôme les protège toujours, mais à quel prix ? Les détenteurs de licences de jadis devenaient cadres. Ceux d’aujourd’hui prennent souvent les boulots d’exécution qu’ils subtilisent aux non-diplômés. Nous payons là 30 ans d’enseignement massifié, de “collège pour tous”, de 80% d’une génération au Bac, d’abaissement du niveau au nom de l’égalité et, en même temps, de mépris du travail manuel.
“Les retraités d’aujourd’hui sont, dans l’Histoire, la première génération plus aisée que la jeunesse.”
Les non-diplômés sont les grandes victimes du système : jadis, ils seraient devenus ouvriers… Mais il n’y a plus d’usine, il n’y a plus que des emplois d’aide à la personne pour lesquels, en général, les filles sont plus douées. C’est pourquoi les enfants d’immigrés de sexe masculin sont surreprésentés dans ce palmarès à l’envers : 40% d’entre eux sont au chômage. Leurs pères étaient ouvriers chez Renault ou chez Bouygues, les grands patrons ont fait venir leurs enfants pour prendre la suite mais, en attendant, ils ont déménagé les usines. Alors, chacun est retourné vers les siens, sa communauté, ses racines. On se souvient de la révolte des banlieues en 2005 : non loin d’eux, dans les villes nouvelles du péri-urbain, les jeunes Blancs sont devenus la première force électorale du Front national. Mais à tous, la gauche ne propose que le RSA et les emplois soi-disant d’avenir. Mais pas question de toucher à l’euro, monnaie forte qui, en luttant contre l’inflation, protège les épargnants et donc les vieux, au détriment des jeunes démunis. D’ailleurs, autour des deux grands partis de gouvernement, il ne reste que les plus âgés : retraités de la fonction publique pour le PS, retraités libéraux pour l’UMP. Ce sont eux qui tiennent encore la boutique et ce sont eux qui passent à la caisse. Parents et grands-parents soutiennent généreusement la génération montante, les aident à se loger, à finir leurs études, à se mettre en ménage. Comme s’ils devaient payer individuellement pour leur choix collectif. Les prophètes bibliques l’avaient prédit : les parents ont mangé des raisins trop verts et leurs enfants ont eu les dents agacées.”
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