Prétendre aujourd’hui que le social-libéralisme, ce doux paradoxe politique magnifiquement incarné par l’inénarrable Hollande, puisse un jour dériver vers un collectivisme d’État proche du stalinisme pourrait faire sourire n’importe quel observateur politique. De fait, l’actuelle idéologie politique présidentielle tient apparemment bien plus de l’opportunisme queilliste que du bolchévisme léniniste, le charisme ventripotent de l’hypoprésident ne laissant pas l’ombre d’un doute sur la réussite d’une improbable remise en cause des actuels garde-fous libéraux, l’Union européenne et l’Organisation mondiale du commerce en tête.
Pourtant, ce sont plus de 17 sénateurs – dont les deux anciens ministres Longuet et Raincourt – qui viennent de signer une tribune au nom sans équivoque : « De l’assistanat au collectivisme ». Fondant leur argumentaire sur « la généralisation du tiers-payant, la garantie universelle pour le paiement des loyers et la mise en place d’un RSA jeune », les parlementaires n’hésitent pas à dénoncer « l’assistanat et de la déresponsabilisation de la société française qui nous font basculer dans le collectivisme dont le modèle, de triste mémoire, s’est effondré à l’Est de l’Europe il y a plus de vingt ans».
La pertinence du constat n’a d’égale que l’absurdité de la conclusion. En effet, tout homme de bonne foi ne peut qu’adhérer à cette dénonciation de l’assistanat généralisé qui, par le renforcement de l’État providence, catalyse la dépendance populaire au bon vouloir étatique. Mais, en agitant maladroitement une étonnante reductio ad Stalinum, les sénateurs se vautrent littéralement dans le tapis en voulant jouer les mots et marquer les esprits, confondant collectivisme marxiste-léniniste et socialisme démocratique.
Si les deux sont hautement condamnables et politiquement impertinents, leurs différences sont toutefois notables et importantes. Le premier fonde son organisation économique sur le rejet de la propriété privée, tend à collectiviser les moyens de production et à mettre en place la fameuse « Dictature du Prolétariat », qui ne saurait s’acclimater d’une quelconque démocratie. Tandis que le second, réformiste, fonde certes son organisation économique sur la préservation de l’économie de marché mais pose comme axiome social « l’irresponsabilité de l’individu », comme disait René de la Tour du Pin dans ses Aphorismes de politique sociale. C’est de cette irresponsabilité de l’individu que naît l’omnipotent État providence, cher à nos actuels gouvernants…
Dans les deux cas, les libertés individuelles périssent sous le joug étatique, celui-ci voilant son omniprésence sous l’égide de sacro-sainte “justice sociale”. C’est cet état de fait qu’il faut dénoncer assurément, et non un pseudo-virage bolcheviste qui, sur bien des points, relève de la chimère plutôt que de la réalité politique.
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