J’y pensais en voyant se pavaner les trois Femen de Tunis… Chez nous, je veux dire dans la mouvance, on a accueilli comme il se doit cette manifestation du plus répugnant féminisme. Le ridicule a été pointé, décortiqué, analysé, mis en perspective. J’avais, mais je suis naïf, dit à ma femme – car Ivane, aussi allergique aux femmes soit-il, est marié – que peu de temps suffirait à ce que ces salopes se fassent exploser la gueule. Je présumais de la virilité des parisiens. Je présumais de tous ceux qui causaient. De tous ceux qui tempêtaient les couilles à la main. Les Femen sont libres d’agir à leur guise. Et leurs provocations n’ont été, à ma connaissance, qu’une seule fois, traitées comme il se doit. C’était lors de l’attaque du cortège de Civitas – encore un exemple d’inversion par les medias des faits et de leur qualification, les agresseurs se retrouvant agressés… – où les ordures dénudées ont reçu quelques claques…
Le plus curieux cependant n’est pas dans la totale liberté qui leur est laissée de provoquer et d’agresser. Le curieux est que la mouvance catholique bourgeoise ait produit un contre-mouvement où des jeunes hommes, fort peu dénudés – ils ne montrent ni leur cul, ni leurs couilles, ni d’ailleurs leur visage – prétendent contrer la propagande de l’imbécillité par une imbécillité proportionnelle à leurs inspiratrices. La fascination qu’exerce la gauche sur la droite n’est pas nouvelle. Elle est vieille comme l’imbécillité et la lâcheté de cette droite. Mais, en l’occurrence, qu’après avoir dégoisé comme elle l’a fait contre les Femen, elle ait monté – et applaudi – les pitreries des Hommen me plonge dans un abîme de perplexité.
Question esthétique d’abord. J’imagine assez mal les générations précédentes, les militants de causes assez voisines, se parer de jolies plumes qu’ils placent très médiatiquement dans leur cul, pour faire parler d’eux et de la cause qu’ils défendent. La génération qui avait été nourrie à Gabin et Ventura avait peut-être plus de mal à laisser parler la féminité qui sommeillait en elle, sans doute… Cette génération-là réglait les comptes avec les poings – quelque fois des barre de fer ou des bâtons – et lorsque d’aventure une donzelle croyait avoir le droit de manquer de respect c’est à coup de baffes sonores qu’elle était remise à sa place. De baffes, nos donzelles n’en ont pas reçues. Je suppose que la flicaille de l’immonde État français y est pour quelque chose… Mais que, non content de ne pas régler le sort de celles qui viennent profaner des églises pendant l’office, les jeunes rebelles sauveurs de civilisation occidentale croient devoir adopter la défroque et l’attitude de ce quarteron de salopes ! C’est pousser la bassesse un peu loin !
“Le seul point positif est que la bourgeoisie aura cessé de croire que l’État, parce qu’il se nomme État, que la police, parce qu’elle se nomme police, que la justice, parce qu’elle se nomme justice, sont de leur côté. C’est un service de taille, j’en conviens, que la gauche nous a rendu mais c’est le seul.”
J’en ai discuté avec l’Ami, dont la progéniture ne s’abaisse pas à ces démonstrations canalplusesques mais donne dans les veilleurs. Attitude qui n’a rien de révolutionnaire dans l’Église où on prie pour le monde depuis l’Église primitive. Je lui ai demandé ce qu’ils en attendaient, ce qu’ils espéraient, ce qu’ils voulaient… Exactement, il ne le sait pas. Les plus conscients politiquement espèrent quelque chose… Qu’à la faveur d’une bavure, un soulèvement d’indignation, un mouvement de foule, que le gouvernement, par la pression, en vienne à douter, enfin, que la police… Bref, que du rien. Les gens de droite excités par toute cette agitation courront aux urnes comme ils le font régulièrement pour offrir à la droite affairiste un surcroît d’âme… et de bonnes élections…
À ma femme qui est mariée, M., chargée d’enfants, répond la vérité : parce que c’est amusant ! mais cette amie est une militante de vieille date de la cause nationale. Elle sait à quoi s’en tenir et ne demande à cette pitrerie que ce qu’elle peut donner. J’ajoute, et je termine par là, que cette nation n’est pas si malheureuse qu’elle le dit pour trouver le temps et l’énergie de s’amuser tandis que 15 millions d’envahisseurs font la loi dans ses rues.
Tout cela n’est pas de nous. Tout cela ne nous concerne pas. Et, pis encore, cela ne nous sert pas. Le seul point positif est que la bourgeoisie aura cessé de croire que l’État, parce qu’il se nomme État, que la police, parce qu’elle se nomme police, que la justice, parce qu’elle se nomme justice, sont de leur côté. C’est un service de taille, j’en conviens, que la gauche nous a rendu mais c’est le seul. Ce qui compte, et n’est pas encore pensé, c’est qu’une droite d’idées s’est levée, s’est formée, s’est organisée, sans efficacité aucune certes, et que cette droite non-électorale marche et marchera au son d’idées qui ne sont pas identitaires. C’est encore une droite sociétale, une droite qui refuse de voir l’essentiel, la seule chose qui compte, la véritable révolution, le facteur nègre qui saute la bonne. Cela, et en raison même de son identité catholique, cette droite le refusera. En pointe dans la démoralisation et le désarmement des Autochtones depuis trente ans, l’Église continuera de jouer son rôle, auréolée encore de ce combat pour la civilisation menacée, et écartera de nous tout un public qui pouvait nous être destiné. Beau résultat.
Et nous le verrons bientôt lorsque la campagne catholique passera du mariage des pédés qui s’enculent à ce qu’ils appellent l’euthanasie. Là se trahira leur (pas si) secrète volonté de régenter nos vies et notre mort. L’essence totalitaire du monothéisme. Les crétins d’extrême-droite se rendront compte alors qu’ils se sont encore trompés…
> Ivane anime le blog “Au milieu des ruines”
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