Oh, que vois-je poindre à l’horizon de la Ville de Paris ? Mais ma parole, on dirait une nouvelle brouettée d’emmerdes monumentales ! Sapristi, ce n’est vraiment pas de chance pour la pauvre Anne Hidalgo !
Difficile d’échapper aux nombreux articles qui ont, ces derniers jours, émaillé l’actualité de la Ville de Paris tant la presse semble avoir fait grand cas des nouveaux déboires d’Anne Hidalgo dans sa gestion chaotique de la municipalité parisienne.
Il faut dire que le dernier rebondissement vaut son pesant de cacahuètes fiscales (en variété salée). Jugez plutôt : tous calculs faits, il semble bien qu’Autolib, le magnifique service de partage de voitures mis en place conjointement par le groupe Bolloré et la Mairie de Paris, accumulerait de coquets déficits à hauteur de près de 300 millions d’euros.
Lancé en 2011 avec toute la maestria de Delanoë lorsqu’il sévissait encore aux manettes de la Ville, le service n’a jamais réussi à être rentable ni même atteindre un point d’équilibre, alors qu’il devait normalement fonctionner sans aucun fonds publics et même dégager 56 millions d’euros par an selon les prévisions pas du tout réalisées sous de puissants hallucinogènes.
Malheureusement, il n’y eut depuis pas plus de bénéfices que de beurre en broche.
Bolloré, épongeant au départ les dérapages budgétaires constatés, a fini par trouver le temps long, les déficits trop gros et réclamer que la collectivité prenne ses responsabilités : suite à une procédure de conciliation entre son groupe et la mairie de Paris, il a été convenu que cette dernière prendrait la moitié des déficits à sa charge. Le 25 mai dernier cependant, Bolloré met fin aux procédures de conciliations et réclame le financement de cette dette. On peut donc garantir qu’il va y avoir une rude bataille, de chiffre et légale, entre le groupe breton et l’équipe municipale pour déterminer le montant exact des fonds que les uns et les autres devront débourser.
En attendant, l’observateur extérieur ainsi que le contribuable parisien pourront constater à quel point tout ceci était pourtant prévisible, tant dans son dénouement que dans le déroulement global de ce dossier au fil des années, démonstration flagrante que le capitalisme de connivence finit toujours par coûter un maximum de temps et d’argent à la collectivité.
Il faut en effet se rappeler que toute cette histoire prenait, dès le départ, une bien mauvaise tournure. Comme je le mentionnais déjà il y a plus d’un an et demi dans un précédent billet, tout partait du constat (faux et ridicule) qu’il faut absolument que la puissance publique fournisse une solution de transport économique et écologique aux Parisiens, tout en sabotant consciencieusement tout usage de la voiture dans la capitale.
Si, jusqu’à présent, la Mairie s’est employée de façon guillerette à saboter avec succès le transport individuel dans la capitale, la seconde partie – fourniture d’une solution alternative – a connu quant à elle des hauts et des bas. S’y ajoute la concurrence de nouvelles formes de transport (covoiturage, VTC) qui ont nettement amoindri l’intérêt du service. Enfin, la bonne tenue des véhicules s’est avérée problématique, souvent sujets à des dégradations ou des pannes les rendant indisponibles.
Je passerai rapidement sur la gestion calamiteuse du Vélib : bien qu’enquillant des dettes tout aussi musclées qu’Autolib (et pour des raisons similaires), le service avait au moins le mérite de fonctionner à peu près. Le changement de contrat, passant de Decaux à Smovengo, piloté par la fine équipe d’Anne Hidalgo, aura précipité les problèmes au point d’aboutir à une performance jamais égalée mais typiquement française : la grève des vélos.
Si l’on ajoute la grogne montante suite aux changements de limitations sur le périphérique (pour des raisons idéologiques et au prétexte d’une accidentologie dont tout indique qu’elle fut bidon), la fermeture des voies sur berge, provoquant des bouchons et une détérioration de l’air parisien que cette fermeture était censée améliorer, la présence maintenant encombrante de rats au milieu d’une saleté de plus en plus repoussante et la gestion foutraque des masses tumultueuses de migrants économiques et autres passant par la Capitale, on comprend que le tableau d’ensemble commence à faire fort chargé.
Dans ce tableau, la position de Bolloré apparaît donc comme un élément supplémentaire de la déroute complète de la Mairie de Paris : même si la gestion très dogmatique et idéologique de l’équipe en place pourra encore contenter quelques frétillants bobos, il est peu probable que la facture globale de ce genre de pitreries lamentables ne les fasse pas à leur tour sortir de leurs gonds. Eh oui, on rigole, on s’amuse jusqu’au moment où la facture arrive et qu’elle devient, d’un coup, trop élevée.
À présent, on est en droit de se demander ce qu’Anne Hidalgo va bien pouvoir faire pour se sortir de ce trou financier qu’elle a amplement contribué à creuser.
Si la mairie refuse de payer son écot, il semble assez probable que l’affaire traînera en longueur ce qui ne sera bon ni pour les finances, ni pour l’image de la Ville et qui pourrait quelque peu altérer les perspectives de réélection de la maire actuelle.
Si la mairie décide finalement de trouver un terrain d’entente, il serait piquant de voir les taxis et autres VTC porter plainte auprès de l’Union Européenne pour subvention ou aide publique déguisées, tant le service en question marche évidemment sur leurs plates-bandes.
Lorsque Macron est arrivé au pouvoir, on pouvait croire la question « Qui veut la peau d’Anne Hidalgo ? » purement rhétorique tant il semblait évident que cette arrivée coïncidait avec l’avalanche de problèmes que la maire semble subir avec répétition.
Cependant, à l’analyse, Macron n’est pas seul responsable.
La dette de la mairie, abyssale, n’est pas nouvelle. Et si l’affaire Bolloré / Autolib promet déjà de l’aggraver, il ne faut pas perdre de vue que les années Delanoë puis Hidalgo depuis 2014 ont multiplié l’endettement parisien par plus de trois. S’ajoutent les choix idéologiques calamiteux d’Hidalgo et son équipe qui ont poussé les entreprises et les commerces hors de la ville à force de pilonnage de la voiture et de chasse contre les classes moyennes incompatibles avec leurs vues politiques.
En somme, à Macron et ses sbires qui ne retiendront aucun coup tant leur envie de récupérer la ville est évidente, il faut ajouter un passif particulièrement délicat qu’Hidalgo, devenue sa propre ennemie, n’a su qu’aggraver.
Les prochaines élections municipales promettent d’être agitées et les prochains impôts locaux, particulièrement irritants pour les Parisiens.
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