Cautères sur jambes de bois

La grande nouvelle du moment a été communiquée par les services officiels ce 1er juin. Les statistiques marquent l’échec total du pouvoir socialiste depuis 2012 en matière d’emploi.

La réponse immédiate, comme automatique, de Rebsamen, ministre du Travail, n’a pas tardé.

Il annonce un cautère sur une jambe de bois : la création subventionnaire de “100 000 contrats aidés supplémentaires”.

Qu’on me permette alors de revenir sur ma chronique précédente où je signale comme une attitude positive la démarche de la candidate républicaine ex-UMP à la présidence de la région Ile-de-France.

À ce sujet, je l’avoue tout de go : je préférerais, certes, à tout prendre sa victoire à celle des équipes socialistes de la médiocrité et du chloroforme qui ont endormi et pollué cette région depuis 17 ans autour de Huchon.

Ceci ne doit évidemment amener à aucune illusion globale quant aux méthodes des “républicains” – on a du mal à s’habituer à cette terminologie – sur les “socialistes”. Non seulement ils sont, tous, républicains et ils pratiquent, tous, le socialisme (1) mais en 5 ans de gouvernement Sarkozy-Fillon le chômage avait augmenté de 35 %, et en 3 ans de présidence Hollande il a encore progressé de 21 % : résultat exactement pareil, 7 points supplémentaires par an, par rapport au legs de 12 ans de Chiraquie succédant à 14 années de Mitterrandie, elle-même prenant le relais du Septennat giscardien, période au cours de laquelle les prélèvements obligatoires de toute nature avaient pris leur envol à un rythme jamais égalé de 1 % de PIB par an. Cette tendance est passée depuis 1981 à 0,7 % de plus chaque année. C’est le bilan de cet entraînement fatal du fiscalisme et de la redistribution, aggravés par une réglementation envahissante qu’il faut avoir le courage de dresser, en attendant d’en déblayer les décombres.

Quiconque prétend relever la France, quiconque entend effectivement la mettre au niveau de ses partenaires en Europe et du défi concurrentiel du reste du monde devrait commencer par là. Toute tartarinade à prétention patriotique qui ne le fait pas relève de l’imposture.

Alors la proposition que Valérie Pécresse met en avant, avec la fougue énergique qu’on lui connaît, consistant à lutter contre la fraude dans des transports en commun, qui demeureraient sous gestion du STIF étatique, nous savons très bien qu’il s’agirait là aussi d’un cautère sur une jambe de bois.

Au moins, dans le cas précis et contrairement aux emplois subventionnaires le propos aboutirait à un moindre déficit, donc à une diminution de la dépense publique. Mais nous savons tous très bien que l’on demeure dans un registre secondaire.

Deux ou trois incompréhensions récentes m’ont d’ailleusr amené à comprendre, y compris à ce sujet, que cette chronique, rédigée indépendamment de toute référence partisane, destinée d’abord à m’exprimer librement, comme s’il s’agissait d’un journal personnel, pouvait se révéler productrice de malentendus. Il me semble trop souvent suffisant de poser les clous pour laisser le lecteur faire lui-même le travail avec son propre marteau. Je vais donc tenter de me corriger.

La hausse spectaculaire du chômage en avril devrait, si nous étions logiques, sonner le glas d’une illusion qui commençait à se répandre à gauche, et d’une forme de fatalisme qui consiste à préempter depuis plusieurs semaines le succès des manœuvres présidentielles. Oui, commençait-on à croire, une forme de reprise importée, du fait de la conjoncture mondiale, allait atteindre la France. Notre pays, retrouvant la croissance, inversant par conséquent la courbe du chômage, serait amené à reconduire l’équipe sortante. Le magicien Macron allait sauver le roublard Hollande. En face, un camp désespérément divisé serait incapable au second tour de la présidentielle, comme aux législatives subséquentes, de capitaliser l’immense rejet, l’immense discrédit du pouvoir actuel.

Revisitons donc ces chiffres officiels de l’emploi salarié tels que diffusés ce 1er juin.

Le nombre de demandeurs d’emploi en catégorie A inscrits au Pôle emploi, c’est-à-dire des gens qui n’ont déclaré aucune activité a augmenté de 26 200 personnes fin avril. Il est actuellement de 3,54 millions en France métropolitaine. Sur un an, ce chiffrage a augmenté de 5,1 %. Mais en réalité on doit tenir compte des gens qui sont en recherche d’emploi car en activité réduite, ce sont les chômeurs de catégories B et C. Et alors fin avril la France métropolitaine compte 5,34 millions de chômeurs auxquels il fait ajouter soit encore une hausse de 54 100 personnes, et 325 000 chômeurs dans les départements d’Outremer. Pensons aussi à ce que cela représente ces Français des îles ayant voté à 65% à gauche en 2012.

Chose extraordinaire, le ministre du Travail Rebsamen a encore le toupet de nous servir la rengaine du ralentissement de la hausse : “Il y a, ose-t-il affirmer, une augmentation sur l’ensemble du trimestre de 9 000 demandeurs d’emploi, 3 000 par mois, c’est la plus faible augmentation depuis 2011.” Et il ajoute sans rire : “J’y vois un signe encourageant.”

On serait passé en effet de 7 % à 5 % de hausse annuelle. On va bientôt nous annoncer que la courbe est infléchie. Au besoin on changera encore le mode de calcul.

Du point de vue de la popularité de l’équipe sortante on peut quand même juger que cet argument lui-même servira, à son tour de cautère sur une jambe de bois. Il ne changera rien au dégoût profond que ressentent les peuples quand ils cessent d’estimer, et que, dès lors, ils cessent d’obéir.

> Jean-Gilles Malliarakis anime le blog L’insolent.

Apostille :

1. Au sens du “Péril socialiste” que Vilfredo Pareto n’impute pas seulement aux militants socialistes

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8 Comments

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  • albator , 8 juin 2015 @ 14 h 08 min

    Oui c’est même exponentiel quand cela commence (effet boule de neige)…

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