Pour une Manif’ pour Tous nationale à l’automne pour exiger l’abrogation de la loi Taubira

Dans cette modeste contribution à l’élaboration de la « stratégie » future du mouvement de résistance à l’idéologie anti-familiale, je voudrais suggérer deux choses, liées entre elles, l’une je crois déjà bien présente à l’esprit de ceux pilotant ce mouvement, une autre que je crois, que je crains, minoritaire.

Maintenir comme revendication centrale l’exigence d’abrogation de la loi Taubira

La première idée est qu’il faut maintenir comme revendication centrale l’exigence d’abrogation de la loi Taubira. J’espère que tous sont bien convaincus que l’effet de l’application prolongée de cette loi, de son acceptation progressive par tous, sera catastrophique : obligation de subir (publicités, télévision, entreprises), d’enseigner, de ne pas contredire, l’égalité de valeur des « différentes sexualités » ; obligation de tous – administration, élus, mais aussi fleuristes, etc. – de collaborer aux parodies de mariage, perte de la notion de « complémentarité des sexes », etc. Nous l’avons suffisamment dit, l’autorisation généralisée de la PMA n’est qu’une question de temps.

Le seul moyen d’enrayer réellement cela est d’obtenir l’abrogation de la loi. De façon plus générale, ceci a également deux autres avantages : le premier, déjà en partie acquis par la réussite relative de la manifestation du 26 mai – après la promulgation ! –, mais qu’il faut capitaliser, celui de remettre en cause l’« effet cliquet », interdisant de remettre en cause une loi de « nouvelles mœurs » une fois votée. Un autre, qui est de se démarquer de l’UMP, dont seuls les courageux, les porteurs de convictions réelles, se joindront à un cortège dont c’est le motif principal, et plus largement ainsi de favoriser une reconstruction ô combien nécessaire de l’espace politique.

Le « temps des grandes manifs reviendra bientôt

Ma deuxième suggestion va contre l’idée qui flotte dans l’air : « le temps des grandes manifs est fini ». Même si, du fait de la promulgation ainsi que de la césure estivale, indéniablement un cycle se termine, ce serait une erreur. Il me semble que, si nous tentons comme il se doit de tirer leçons de ce que nous avons bien fait, ou moins bien fait, l’une de ces leçons doit être de ne pas renoncer à ces rendez-vous nationaux, sans en faire une panacée ni même le centre de notre action. Voici quelques raisons à cela :

  • parce qu’ainsi fonctionne tout mouvement : de manifestant, voire de simple spectateur sensibilisé, on devient intéressé, informé, militant – on vient voir en curieux, on est saisi par la cohérence, la paix, l’enthousiasme et la détermination de ceux qui sont à nos côtés dans ce qui est aussi un lieu de rencontres humaines ;
  • parce que cela regonfle le moral des troupes ! ;
  • à cause de la visibilité médiatique que cela apporte, une occasion de passer sur les plateaux télé (certains croient pouvoir ou devoir s’en passer, grave erreur car notre but est bel et bien de toucher la majorité de nos concitoyens, qui y passent de fait des heures par jour et s’informent par ce biais ou celui des grands sites d’information sur la toile) ;
  • visibilité médiatique qui a, on l’a vu, pu inspirer, ou renforcer, des mouvements semblables dans les autres pays, transmission d’idée qui n’aurait pas eu lieu si nous nous étions contentés d’actions plus locales ou simplement moins médiatiques ;
  • ce qui permettra, j’y reviens, de briser médiatiquement le tabou : oui, il est possible, oui, il est envisageable, oui, il est permis, oui, il est légitime, de manifester contre une loi en vigueur, et contre une loi de « nouvelles mœurs ». La preuve ? : nous le faisons, et en masse.
  • car les libertés se défendent en les exerçant, et il faut bien voir que déjà, selon les mots d’Henri Guaino, les manœuvres de M. Valls pouvaient s’apparenter à « une interdiction morale de manifester », et qu’il ne faut pas chercher très loin pour trouver des personnes prêtes à interdire une parole voulant « retirer le droit au mariage » à certains, nous mêlant à ceux voulant interdire les mariages interraciaux, par exemple ;
  • parce qu’il y a une expertise acquise par La Manif pour Tous (me priverai-je ici de faire l’éloge d’Albéric Dumont ?) dans l’organisation de telles manifestations…
  • parce que ma modeste expérience de tractage me montre qu’il est plus facile de sensibiliser, de mobiliser, s’il y a un rendez-vous concret à brève échéance.

Tout ceci ne signifie pas que la manifestation, ou la grande manifestation nationale, soit la panacée, ni que les actions de sensibilisation, d’information et de formation soient inutiles : je crois profondément au contraire que ces actions de sensibilisation, de discussion avec nos concitoyens sur les sujets qui nous concernent, sont, non seulement le moyen le plus utile en vue de notre but, mais encore que, en un sens, en ce qu’elles sont une manière de vivre le lien social en le centrant sur l’essentiel – notre commune humanité et le souci du bien commun –, elles font partie de notre but.

Refaire dès octobre une grande manif’ contre la loi Taubira

Mais précisément les grandes manifestations, avec leurs trajets aller & retour depuis la Province, font aussi vivre ces liens ! Ainsi je crois que, dans un souci d’efficacité que nous avons le devoir de cultiver, nous aurions grand tort de nous trouver du moyen que constitue la grande manifestation nationale. C’est pourquoi, ne me prétendant pas grand stratège, mais soucieux par respect pour la masse d’efforts mobilisés de les mener vers la victoire (même si le combat est plus large que la lutte contre la loi Taubira – c’est quand même un objectif plus que central), je me permets humblement de tenter d’apporter ma pierre à la réflexion, en soumettant donc, les axes de réflexion qui précèdent, et la suggestion qui vient. Et de proposer, donc, de ne pas attendre la prochaine provocation anti-humaine du gouvernement (si on décide d’omettre la lutte fiscale qu’il vient de déclarer contre les familles nombreuses), PMA ou adoption pour paires non mariées, propagande contre les « stéréotypes de genre » ou autre, mais de refaire, dès octobre, une grande manifestation renouvelant notre exigence de retrait de la loi Taubira.

Parce qu’ainsi la question sera posée publiquement. Parce qu’ainsi certains politiciens pourront reprendre nos revendications, en tout ou en partie, et le dire publiquement, médiatiquement. Parce qu’ainsi nous résisterons aux velléités de certains de nous faire taire puisque « vous avez perdu, la loi est votée, soumettez-vous maintenant », nous donnerons à la majorité de Français opposés à cette loi la possibilité d’être entendus sous la place publique, faisant ainsi vivre une démocratie saine, face à la tentative de certains de la définir comme la soumission obligatoire à un prêt-à penser idéologique dont tout écart serait interdit sous peine d’ « homophobie » ou autre. Parce que, sinon, une telle idée, consistant à revenir sur une loi de « progrès » donnant de « nouveaux droits », déjà illégitime aux yeux de l’intelligentsia médiatique, pourra d’autant plus être présentée comme telle qu’elle aura été invisible, donc ressortissant à une nostalgie de personnes n’ayant pas compris que « la société a évolué ».

Parce que ce n’est qu’ainsi – en ayant montré la force numérique de notre mouvement – que nous serons crédibles lorsque nous demanderons aux candidats aux municipales de se prononcer sur la loi Taubira (rappelons ici que les élus des municipales seront les électeurs des sénatoriales, que l’enjeu est donc capital et que, quoiqu’en dise les appareils politiciens, il est bel et bien légitime de placer l’enjeu de la loi Taubira, et les enjeux d’écologie humaine qui lui sont liés, au cœur des élections municipales). Pour que se maintienne intact cette belle motivation – malgré ce qui a été, disons-le, une défaite – une telle grande manif’ me paraît indispensable !

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98 Comments

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  • LESON , 5 juin 2013 @ 13 h 38 min

    Tout à fait d ‘accord, j’ai fait les trois grandes parisiennes en fauteuil roulant mais espère être parfaitement en forme pour faire la suivante sur pieds.

    Ce ne sont pas les sujets qui vont manquer : PMA, GPA etc …

  • Voyageur , 5 juin 2013 @ 13 h 57 min

    Manifester d’accord ! Mais si c’est pour continuer à défiler comme des majorettes sur l’air des lampions nous perdons notre temps ! On ne convainc un adversaire à céder que si l’on est dans un rapport de force supérieur. En d’autres termes, on ne créera un rapport de force supérieur que si on est à chaque manifestation plus nombreux qu’à la précédente. Mais le nombre n’est pas tout car on ne fera pas abroger cette loi inique en affichant un air serein dans une ambiance de fête foraine ! Maintenant, il me semble discerner une volonté, non plus de forcer le gouvernement à abroger la loi (ce que Hollande ne fera jamais de toutes façons), mais de prendre date pour les prochaines élections municipales ainsi que pour les élections européennes, pour obliger les futurs élus potentiels de la droite à se prononcer pour l’abrogation de cette loi. C’est une idée louable. Mais que fera-t-on si les élus de droite refusent de se prononcer pour l’abrogation ou refusent de répondre à notre sollicitation ? Une chose est certaine l’UMP si elle revient au pouvoir n’abrogera pas cette loi. L’UMP préfèrera prendre le risque avant une élection de perdre les voix de bons nombre de ses électeurs plutôt que de devoir affronter la fronde médiatique gauchiste totalement vendue à la cause homosexuelle, ainsi que le tollé à gauche de toutes les organisations et associations à la botte du PS ! Pas plus qu’elle n’a abrogé la loi sur l’abolition de la peine de mort, ou la loi sur les 35 heures, elle ne reviendra sur cette loi ! Au FN, seule Marine Le Pen s’est clairement prononcée pour l’abrogation de la loi taubira, bien que sa non-participation aux manifestations brouille un peu son message. Il faut dire qu’elle ne prend pas un grand risque politique avec cette déclaration pour des raisons évidentes, d’abord parce que le nombre d’homosexuels susceptibles de voter pour le FN est infinitésimal, ensuite parce qu’il lui sera très difficile, sauf en cas de crise très grave, de parvenir à obtenir une majorité pour gouverner seule.

  • esprit libre , 5 juin 2013 @ 14 h 17 min

    Qui défile comme des majorettes sur l’air des lampions ? J’ai vu beaucoup de visages graves, des expressions déterminées et des slogans qui n’étaient pas à l’eau de rose !
    Vos réflexions politiques peuvent être contredites : qui vous assure que François Hollande ne reviendra jamais sur cette loi ? L’histoire est remplie d’hommes bien plus puissants et populaires que lui – qui est faible, impopulaire et discrédité – qui sont revenus sur quelque chose sur lequel ils s’étaient entêtés ! Le prix qu’il a payé est déjà excessif et nous nous chargeons tous de le lui rendre insupportable.
    Qui vous assure que l’UMP fera ceci ou pas cela si elle revient au pouvoir ? Et qui vous assure qu’elle sera toujours là et entière, la politique allant si vite ? Quant au FN, qui vous dit qu’il n’accèdera pas au pouvoir, avec d’autres le cas échéant ?
    Le PC était un parti puissant… Il a disparu quasiment. Tout peut aller très vite.
    L’essentiel est d’agir et de manière efficace et cette tribune, au lieu de refaire le monde et d’écrire le futur, invite à relever les manches !
    Et nous l’approuvons !

  • esprit libre , 5 juin 2013 @ 14 h 28 min

    4 bonnes remarques dites avec franc-parler !
    La dernière n’est pas dite si souvent : si François Hollande et ses complices ont bâclé le processus parlementaire, sont passés en force en intimidant les institutions ou en escamotant des votes, c’était beaucoup de crainte d’une coagulation des mécontentements qui les auraient emportés.
    Nous avons manqué de temps. Nous devons le retrouver.

  • Serge Baby , 5 juin 2013 @ 14 h 39 min

    Tout à fait d’accord.
    Il faut rester mobilisés et surtout, surtout unis.
    Quand plus de 90% d’un peuple subit sans aucun consentement des pressions insupportables
    il fini toujours par se révolter et ce n’est pas le fait d’avoir fait voter une loi scélérate par une petite minorité qui vaut acceptation de tous.
    Nous sommes des millions, des dizaines de millions à ne pas vouloir de cette loi.
    Il est temps de montrer notre force et notre détermination.
    Par contre, je trouve le sweet trop cher, il faut penser à ceux qui n’ont que des petits moyens.
    Merci.

  • Serge Baby , 5 juin 2013 @ 14 h 44 min

    La droite est cuite, par autocuisson.
    Reste Marine, il serait temps qu’elle se manifeste clairement et avec détermination si elle veut vraiment être écoutée et suivie des français.

  • Sully , 5 juin 2013 @ 15 h 00 min

    Mouais . D’abord , il ne faut pas prendre nos désirs pour des réalités … ensuite , si le FN reste le moins pire , il faut se rendre à l’évidence, il y des tantouzes ds le staff au sommet . Je le sais de source sûre . Et cela a été ironiquement dénoncé par Gollnisch … mais , bon , ‘faudra faire avec , en attendant de les faire virer , quels que soient leurs talents par ailleurs .

    De toutes façons , aux municipales , voter pour un candidat , quelle que soit sa “couleur” politique , à al condition UNIQUE qu’il ait voté contre la loi scélérate , s’il était déjà député , ou que , comme maire , il s’engage par écrit et solennellement à ne jamais “célébrer” de mariage homo . Tout le reste est secondaire .

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