Les récentes manœuvres médiatiques semblent vouloir franchir une étape supplémentaire dans l’anticipation. On nous bassinait jusqu’à ces derniers jours avec les éventuelles primaires de 2016 : tout se passe maintenant comme si la campagne en vue du deuxième tour de 2017 était déjà commencée.
Depuis plusieurs mois pourtant l’évocation des primaires en vue de 2017, puis de ces élections présidentielles elles-mêmes, ne manquait pas d’irriter. De plus en plus nombreux, en effet, sont les Français pour lesquels il existe des problèmes malheureusement plus urgents.
Aujourd’hui on dirait que tout est construit dans le paysage médiatique pour nous préparer à un deuxième tour. On préempte ainsi l’hypothèse qu’il se réduirait à un affrontement entre le front national et le parti socialiste, c’est-à-dire malheureusement pile ou face d’un même discours étatiste. Et on imagine, peut-être à tort, de quel côté la pièce tombera.
Le concepteur de cette manipulation n’a pas besoin d’être nommé. Ne doutons pas que les bureaux qui collaborent à son ouvrage ont créé des emplois, eux, à à nos frais.
Car on ne devrait oublier le seul métier qu’ait jamais exercé l’actuel chef de l’État. Il exerçait au cours du règne de Mitterrand, celui de manipulateur médiatique. La fameuse affaire, un peu oubliée, où il prête, en 1983, sa voix aux faux-Caton vrai-Bercoff le démontre suffisamment. (1)
Jamais par conséquent l’adage selon lequel “à quoi pense un élu ? il pense à être réélu !” n’a été plus intensément vérifié.
Dans ce contexte, il lui semble essentiel d’utiliser, sur son clavier, la touche “peuple de gauche” avec l’option “union au second tour.”
Or, il reste pour cela, dans les logiciels du parti socialiste, un rouage essentiel qui repose sur les bureaucraties syndicales.
On devrait à cet égard comment “on” s’est employé à présenter le défilé du premier mai, en présentant comme une catastrophe la prétendue “bouderie” de FO et de la CFDT ne participant pas à la désastreuse mascarade “unitaire” de la CGT. (2)
Déjà en 2014 et en 2013, la CGT et la CFDT avaient fêté séparément le 1er mai. Leur dernier défilé commun remonte à 2012 : c’était avant le second tour de l’élection présidentielle. Les deux centrales souhaitaient alors la victoire du candidat de la gauche et de l’extrême-gauche, unies pour cette circonstance.
Il est vrai qu’on n’emploie plus le terme d’extrême gauche, surtout pas pour désigner le parti communiste, tout au plus le ministère de l’Intérieur utilisera-t-il cette étiquette pour parler des trotskistes, de Besancenot ou de la remplaçante de Laguillier dont j’ai oublié le nom.
Dans la perspective d’un second tour de 2017 où le candidat Hollande souhaite apparaître comme l’homme de “la gauche”, il est ainsi devenu important, sinon essentiel, de compter sur l’appui des syndicats, un peu comme aux États-Unis ou en Grande-Bretagne où les syndicats se mobilisent pour le parti démocrate ou le parti travailliste sans que, d’ailleurs, désormais les doctrinaires sachent trop pourquoi. Un défilé unitaire le 1er mai en 2016 et en tout cas en 2017 est donc dans la perspective du pouvoir, et quel que soit alors l’adversaire on le dira contaminé par les “thèses”, d’un parti qui n’a jamais publié la moindre “thèse” mais auquel on prête généreusement des “théories” qu’il n’a jamais énoncées.
Et la contamination supposée s’étendra bien sûr à n’importe quel candidat supposé “de droite”, acceptant ou recherchant les voix des Français, voix réputées de seconde zone et que l’on persiste à diaboliser… Ne soyons dupes, par conséquent, d’aucune de ces manœuvres.
> Jean-Gilles Malliarakis anime un blog.
Apostilles :
- Écoutons, par exemple jusqu’au bout, pour ceux qui ne le connaîtrait pas ou l’auraient oublié le petit récit de cette aventure
- Cf. Dans la Chronique des événements courants de l’Institut d’Histoire sociale “1er mai La CGT, Le Monde et la (dés)information “
37 Comments
Comments are closed.