Une seule question nous taraude, avant ce deuxième tour décisif : si changement il y a, que cela va-t-il vraiment changer. Et que recèle cette droite, qui ne nous ressemble pas, dont les directions sont souvent contraires à la Doctrine sociale de l’Église.
Le vote dit “catholique” a plusieurs possibilités : vote blanc ? abstention ? ou donner notre voix à un candidat qui, pendant 5 ans, n’a pas brillé de promptitude à satisfaire ceux qui, pourtant, l’avaient encensés il y a cinq ans ?
Il n’en apparaît, hélas, qu’un constat : ce vote sera crucial, majeur, contrairement à ce que beaucoup sont tentés de penser.
Peut-être s’agit-il plus désormais de se poser des questions sur les actions menées, celles qui, même modestement, profitent des brèches laissées ouvertes dans le monde de la droite française.
Si nous élisons un candidat qui nous a déjà déçus, trompés, trahis, reste-t-il quelque chose à sauver ?
Comment nos idées, celles qui correspondent à nos convictions les plus légitimes et profondes, en tant que catholiques, du respect de la vie en passant par l’enseignement scolaire, sont-elles portées ?
Nos revendications, en tant que catholiques engagés dans la Cité, comme celles concernant les manuels scolaires de SVT, les pétitions en faveur de la défense de la vie de sa conception à la mort naturelle, le droit à un enseignement libre, nos désaccords avec tel film, telle directive, les manques de la justice, bénéficient de relais, qui, dans l’ombre, travaillent à faire avancer la culture de la vie. Et il ne s’agit pas d’entrisme, mais d’un travail de fond, dans l’ombre et souvent dans une certaine solitude.
Qui sont ces relais de l’ombre, souvent ignorés, qui se font les héraults de nos revendications ?
Au mois de juin dernier, plusieurs associations, catholiques ou laïques, émanant de professeurs de lycée notamment, se sont élevées par des pétitions, contre l’enseignement de la théorie du genre à l’école.
Jean-Paul Garraud, député de la Gironde, s’est immédiatement saisi de ces revendications, en appelant au boycott des manuels concernés :
« J’appelle donc les directeurs d’établissements et les parents d’élèves à ne pas acheter les manuels qui e respecteraient pas les directives ministérielles. »
Nouvelles de France a contacté son assistante, notre « relais de l’ombre », Marie Milan, ainsi que Lucien Duneau, qui travaille au Sénat.
1) Depuis quand travaillez-vous pour le député Jean-Claude Garraud , et vous, Lucien Duneau, pour deux sénateurs ?
Marie Milan : Je travaille pour Jean-Paul Garraud depuis septembre 2007 (et pour Jacques Remiller depuis 2004)
Lucien Duneau : Depuis 2007 et 2011. Ma formation juridique et mes engagements politiques m’ont permis d’approcher le monde parlementaire
2) En quoi consiste votre travail ?
MM : Je suis chargée de la rédaction de textes législatifs ( propositions de loi et de résolutions, amendements ) , des questions écrites et orales. J’assure les relations avec les cabinets ministériels, et les médias, et le monde associatif.
LD : Il est assez vaste, même s’il y a une activité rédactionnelle importante (proposition de loi, questions écrites, courriers, etc.). Outre la participation à l’élaboration d’instruments parlementaires classiques, il y a aussi un travail de recherche sur les thèmes favoris du sénateur, un suivi de dossiers qui se traduit par des interventions, ainsi qu’une gestion des relations avec les différents acteurs politiques et parlementaires (cabinets ministériels, commissions et organismes de l’assemblée, etc.). Nous sommes malgré tout des “fenêtres” de nos parlementaires
3) Depuis quelques années, nous assistons à des tentatives plus ou moins habiles, pour porter le plus haut possible, les convictions représentatives des exigences catholiques, ou liées à la Doctrine Sociale de l’Église. Dans quelle mesure échappez-vous à l’emprise des partis, souvent méprisants à l’égard de ces exigences, et qui s’en éloignent, au vu des décisions politiques, en matière d’enseignement (l’enseignement controversé de la théorie du gender), de la défense de la vie (avec les questions de remboursement intégral de l’avortement, les interventions scolaires du Planning familial etc) ?
MM : Il n’y a pas “d’emprise des partis”, en tous cas pas à l’UMP. Les députés sont libres de défendre leurs convictions, on l’a vu notamment dans le débat sur le travail dominical ou lors de la révision des lois de bioéthique. Certes, ils n’ont pas toujours gagné les difficiles combats menés, mais ils se sont toujours battus courageusement.
Depuis 2007, les députés UMP, en particulier ceux de la Droite Populaire (dont Jean-Paul Garraud a été un des principaux fondateurs), gardent leur liberté de parole et n’ont pas hésitez à tacler des ministres de leur majorité lorsque leurs prises de position n’étaient pas admissibles, notamment sur les “salles de shoot”, le mariage gay, la la théorie du genre, ou encore la suppression du juge d’instruction. On entend souvent que les députés sont des planqués ou des godillots; c’est archi-faux. Ceux pour qui j’ai travaillé (6 en tout) ont tous été des “grandes gueules” !
LD : Une chose doit être affirmée : un parlementaire, comme le veut la prohibition du mandat impératif, est libre et indépendant. Ainsi, au groupe UMP, il a toujours existé une liberté traditionnelle en matière de “bioéthique”: les parlementaires sont libres de votre contre les projets qui porteraient atteinte à la vie. D’autres exemples peuvent être invoqués. Plus récemment, les sénateurs se sont illustrés contre la loi portant répression de la contestation des génocides. Des parlementaires de la majorité n’ont pas hésité à soutenir une position différente du Gouvernement : le Conseil constitutionnel leur a donné raison. Par ailleurs, au Sénat, il y a eu une forte mobilisation contre la théorie du gender. A mon humble avis, cela dépend beaucoup de la personnalité du parlementaire, d’où la nécessité d’avoir un personnel formé – et ce, à tout point de vue: doctrinal et spirituel ! Si notre société secrète des âmes médiocres, ne nous étonnons pas que les parlementaires le soient également…
4) Enfin, que souhaiteriez-vous dire aux catholiques français qui sont tentés de s’abstenir le 6 mai, ne trouvant dans aucun des deux candidats, le moindre reflet de leurs convictions ?
MM : S’abstenir, c’est soutenir Hollande, le candidat qui n’a pas de bilan, et pour cause, puisqu’il n’a jamais rien fait ! Quand ses amis étaient au pouvoir, ils n’ont pas voulu lui donner de responsabilités ministérielles et lui ont refilé le Parti socialiste pour l’occuper sans qu’il dérange! S’abstenir, c’est soutenir Hollande, le candidat qui va donner le droit de vote aux étrangers, qui va permettre le mariage gay et l’adoption par les couples homosexuels, qui va distribuer la pilule à toutes les lycéennes de France dans le dos de leurs parents, qui va légaliser l’euthanasie et détruire l’école libre! Et ce ne sont que des exemples de ce que lui et ses camarades communistes et écolos envisagent de faire!
LD : La politique du pire reste la pire des politiques, même si la Providence réserve des surprises et peut nous aider ! Avec François Hollande, ce sont forcément des verrous qui sauteront: son entourage, les équipes du PS sont moins sensibles aux questions sensibles que l’actuelle majorité. Nicolas Sarkozy – je le sais – a freiné et empêché les démarches favorables à l’euthanasie. Par définition, les groupes d’influence de la culture de mort seront davantage écoutés, ne serait-ce que par cette loi sociologique élémentaire. Il y a davantage de personnes et des groupes plus néfastes qui gravitent autour de la gauche et auxquels celle-ci prête davantage son oreille. La gauche actuelle, telle qu’elle ressort de son “humus”, ne baigne pas dans la défense de la famille ou de la Chrétienté. Ce simple constat devrait faire nous faire comprendre qu’avec François Hollande, qui navigue entre le laïcisme, le “culte” des flux migratoires et un certain irénisme, est moins sensibles aux questions que soulèvent les catholiques de conviction. S’il y a une raison de voter Nicolas Sarkozy – ou de battre François Hollande, peu m’importe la formulation -, elle est bien là
Marie Milan, épouse et mère de famille, et assistante des députés Jean-Claude Garraud et Jacques Remiller. Lucien Duneau est assistant parlementaire, juriste et catholique engagé dans différentes activités politiques et ecclésiales.
3 Comments
Comments are closed.