Comment peut-on imaginer que cette tunique dont l’histoire est si trouble, soit celle du Christ ? Et que fait-elle à Argenteuil ?
Elle y est, de par la volonté du grand empereur Charles, qui l’avait reçu en cadeau de fiançailles de l’impératrice Irène. Vers 800 les deux empires d’Orient et d’Occident ont une opportunité unique de se réunifier. Il y a un projet de mariage entre les deux souverains qui sera détruit par la mort de l’impératrice. Mais la sainte tunique restera en France. Charlemagne l’offre à sa fille Theodrade mère abbesse du couvent d’Argenteuil.
Tradition concernant la sainte Tunique
Eusèbe de Césarée fait état d’un évangile des Hébreux, œuvre de 2000 pages de la secte des Ebionites. Il y est affirmé que c’est Pierre qui a reçu ce vêtement car Jean, appartenant à la caste sacerdotale, ne pouvait le détenir du fait de l’impureté du sang dont il était imbibé. Pierre l’aurait confié à Simon corroyeur à Joppé (Acte 9,43).
Pour Grégoire de Tours mort en 594 et Frégédaire mort en 660, la sainte Tunique a été découverte à Jaffa chez un « fils d’Israël » en 590/591. Très vite, vers 600, elle est transférée à Jérusalem et Constantinople.
En 1123, Héloïse était devenue mère abbesse du couvent Notre Dame d’humilité d’Argenteuil où elle avait été reléguée après qu’Abélard, un immense théologien séduit par son intelligence, sa culture et sa beauté, l’eut séduite. Hélas ! Fulbert, chanoine de ND de Paris, en conçut un vif dépit et fit castrer le pauvre Abélard. On raconte qu’à la mort d’Héloïse, on l’enterra dans la tombe d’Abélard qui ouvrit les bras pour accueillir sa bien-aimée.
En 1584, les calviniste ravagent non seulement l’abbaye où est détenue la sainte tunique mais encore la ville, livré aux flammes, ainsi que les moulins d’alentour. En bons chrétiens, ils pratiquent la célèbre politique anti cité de la terre brulée. Dieu merci, la sainte tunique leur échappe.
Eléments de preuve de son authenticité
Deux laboratoires prestigieux d’analyse au carbone 14 donnent avec certitude deux plages de date ; 530-650 pour l’un, et 670-880 pour l’autre. Par charité chrétienne à l’égard de ces scientifiques, on ne fera pas de commentaires.
Le textile est constitué de laine de finesse « moyenne », comme le sont celles retrouvées au Moyen Orient.
Le colorant de la tunique est constitué à partir d’un mordant qui est de la garance ; technique à l’alun, déjà très largement utilisé dans l’Antiquité.
Les analyses sanguines de la Tunique, des tissus du linceul de Turin, comme du suaire d’Oveido indiquent un sang de type AB. Celui de la tunique a subi une « situation traumatique extrêmement importante » ; on y retrouve des hématies déchirées, ayant perdues leur hémoglobine, ce qui qui peut signer la sueur de sang de l’agonie de Gethsémani. On y dénote également une forte déshydratation, ainsi qu’un épuisement musculaire signifié par une forte baisse d’ATP.
Les microparticules révèlent des grains de sable provenant des zones désertiques. De l’aragonite, retrouvé également sur le suaire de Turin, est très présent dans les pierres de Jérusalem. Des pollens ont permis d’identifier 15 espèces de plantes dont 7 présentes également sur le suaire d’Oviedo et 6 sur le linceul de Turin. Deux autres plantes que l’on retrouve en Palestine sont communes aux trois reliques : le tamarin et le pistachier. La laine est de mouton ancien non « mérinos ».
Les analyses ADN indiquent un homme dont la peau est blanche, les yeux marrons, et la chevelure brune. Les chromosomes Y du sang de la tunique correspondent également à des acotypes juifs du Proche Orient.
Bref, tout ceci pour dire que la probabilité que la sainte tunique ne soit pas celle du Christ est tendancielle de zéro. Quoiqu’en pensent les esprits forts et certains curés qui n’ont que mépris pour cette relique unique.
Il est plus que temps de se précipiter à Argenteuil. C’est le Christ, nu sur sa croix, qui nous y attend.
> La sainte tunique d’Argenteuil par François Le Quéré, éditions Artège
9 Comments
Comments are closed.