Tribune libre de François Bon*
Jacques de Guillebon, dans sa récente tribune libre intitulée « La grande erreur du national-catholicisme » – dans la lignée de « L’honneur des imbéciles », procède à une attaque en règle contre les catholiques qui ont manifesté contre divers spectacles de mauvais goût ces derniers mois.
Le prétexte ? Un billet du site internet de Forzane Alizza publié à l’époque des protestations[1], dans lequel les sympathisants étaient invités à prendre exemple sur les indignés catholiques. Les suites ? Une petite poignée de musulmans, peu visibles, se sont rendus à la manifestation organisée par Civitas le 29 octobre, scandant, sans que la sauce ne prenne : « Islamophobie, ça suffit ! »[2].
Le sieur de Guillebon, que l’on a connu plus pertinent sur d’autres thèmes, en profite pour s’en prendre aux « clowns » qu’il fustige. Sans pour autant les traiter cette fois d’imbéciles (Monsieur est trop bon), il les accuse d’être coupable d’avoir, à l’époque, « toléré […] cette solidarité inattendue ». Raillant « la cocasserie de cette conjuration éphémère », il s’étend dans une petite diatribe du même tonneau pour arriver à la conclusion que les réactions que les catholiques ont eu sont une « voie sans issue ».
La sagesse populaire nous l’enseigne, l’occasion fait le larron. En saisissant l’occasion d’une arrestation de personnes présentées comme terroristes islamistes potentiels pour cracher sur des militants catholiques au sujet de manifestations d’il y a quatre mois, Jacques de Guillebon est loin d’être le bon larron.
Répondons-lui donc.
Tout d’abord, si des mahométans furent effectivement présents le 29 octobre, il s’agissait majoritairement de chiites. Ils n’avaient donc rien à voir avec Forzane Alizza, le nouveau bouc émissaire de la campagne présidentielle (même si quelques-un de ces sympathisants étaient effectivement présents).
Ensuite, rappelons le contexte : l’Institut Civitas était accaparé par l’organisation des manifestations, les garde-à-vue et le maelström médiatique. A supposer que ses dirigeants aient eu vent de ce billet sur un site anonyme à l’autre bout de la toile (encore eut-il fallut qu’ils fréquentassent les sites musulmans), rappelons que Forzane Alizza était alors totalement inconnu du grand public, catholiques compris. On ne voit alors pas très bien pourquoi il aurait fallu se focaliser sur cet obscur épiphénomène, voire lancer une polémique sur le thème « nous ne voulons pas du soutien de musulmans dont personne n’a entendu parler ». Le faible temps de parole de Civitas aurait été consacré à des choses bien futiles…
Mais, s’il n’est pas question de refuser d’obscurs soutiens, que faire ? Le jour de la manifestation, exclure d’emblée tous les musulmans ? Soyons sérieux, à moins de tenir absolument à tendre des bâtons aux médias pour n’en être que mieux battus, cela ne paraît pas raisonnable.
Quant au fond de l’affaire, à savoir si les protestations qui ont eu lieu furent légitimes, le problème est simple. Un catholique aime le Christ par-dessus toute chose. Doit-il le laisser être souillé, sans rien dire, sans rien faire ? Alors que des chrétiens d’Orient sont assassinés pour leur Foi, un catholique de France doit-il à ce point renoncer à ce qu’il a de plus cher et refuser de lever le petit doigt pour dire son indignation quand Sa représentation est plongée dans l’urine ou maculée d’excréments ?
Nous avons fait notre choix. À chacun de répondre en son âme et conscience.
*François Bon dirige le site d’analyses LAcropole.info.
1. Le billet n’est plus consultable, le site ayant été en grande partie vidé de son contenu.
2. Dans l’islam, Jésus, nié dans sa dimension divine, est un important prophète et précède Mahomet.
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