Dans bisounours, il y a bisous… et ours.
Oui, il n’y a pas que la casse des bonnets rouges qui font reculer le gouvernement. Les ballons roses aussi.
Oui, plus rien ne sera jamais comme avant, comme le disait un analyste politique dimanche soir.
Oui, la droite est gênée et la gauche inquiète.
Hier, après la source cristalline du 19 janvier, le tumulte du torrent du 26, le fleuve du 2 février a coulé.
Hier soir, j’ai pu voir des milliers de manifestants évacuer en bon ordre la place Denfert Rochereau. J’ai vu un service d’ordre, des volontaires de la sécurité et de l’accueil de la Manif pour Tous manœuvrer comme à la parade pour guider la foule des manifestants en sécurité vers les zones de départ et les protéger des velléités répressives du gouvernement. J’ai vu des policiers en civils par dizaines tenter de déborder le boulevard Raspail pour y réprimer les manifestants encore présents. J’ai vu à plusieurs reprises des tentatives de provocations et d’interpellations échouer.
Et surtout, j’ai vu le point final de ce dimanche, à 18h30, le dernier carré du « SO », les costauds avec les casques pour les fins de manif difficiles, sereins, devant les quelques jeunes manifestants épars encore présents qui discutaient calmement. Mais soudain, sans que l’on sache pourquoi, derrière la ligne du SO, se mettent en place une colonne de policiers en civil, casques sur la tête, matraques et gazeuses en mains, prêts à en découdre : le SO, dégagez ! Baroud d’honneur des policiers en civil qui vont rentrer bredouille. Le SO se replie en bon ordre et reforme sa ligne… Derrière eux. Et face à eux : une forêt de journalistes, de caméras et d’appareils photos. Quelques minutes de tension et de flottement… Personne ne souffle mot. Devant le ridicule pathétique de la situation, l’écart flagrant entre la réalité de la rue et les ordres répressifs outranciers qu’ils ont reçu, ils enlèvent leurs casques et se replient sans un mot. Dans la foule quelques applaudissements fusent. La manifestation est maintenant vraiment terminée. La débauche de forces de l’ordre mobilisé par Valls pour intimider la foule a été aussi inutile que superflue. L’organisation, le civisme de chacun, le travail des bénévoles ont assuré encore une manifestation massive et irréprochable.
Le 2 février, place Denfert Rochereau, 0 blessé, 0 garde à vue, c’est l’échec à la politique de répression de la famille. C’est l’échec du scenario qui avait si bien fonctionné le dimanche précédent et qu’ils espéraient voir se dupliquer jusqu’aux élections pour crier « au loup ! ».
Oui, ce gouvernement qui a jonglé d’intimidations en provocations au fil des manifestations pour finir par sonner la retraite après l’échec de sa politique de répression s’est couvert de honte.
Hier matin, place Beauvau, il s’est dit qu’on ne pouvait pas réprimer un mouvement pacifique et déterminé, structuré, sérieux et organisé. Qu’on ne pouvait pas capturer 300 manifestants bien encadrés. Qu’il fallait reculer.
Certes ce n’est qu’une victoire d’étape, une bataille de la Marne. Mais le coup d’arrêt est donné, maintenant, place à la contre-offensive.
Bravo aux bisous de l’accueil, aux Ours de la sécurité, et aux organisateurs de cette manifestation.
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