Mes observations et mes lectures récentes m’ont conduit à penser la situation politique française actuelle comme une féodalité. Il y a deux familles, deux clans, qui se disputent le pouvoir royal. Chacune a ses fiefs, ses barons, ses alliés, mais les deux clans appartiennent à la même noblesse, ses membres ont les mêmes privilèges, la même puissance. Les élections sont comme les événements familiaux des feudataires – mariage ou succession, l’occasion de bousculer les rapports de force dans la chevalerie, de prouver sa bravoure dans les tournois, et de recueillir le plébiscite du peuple. Les troubadours, payés et protégés par la noblesse, assurent cette popularité. L’élection présidentielle est le sacre d’un nouveau roi. Jusqu’ici, on aura reconnu l’UMPS et les médias… Le Front national est comme le clergé, possédant des domaines, certaines charges, implanté partout, mais incapable d’alliance du fait de son statut. Il se renforce quand la noblesse s’affaiblit et réciproquement. Il tient un discours où se mêlent les intérêts du royaume et la dénonciation des abus de la chevalerie.
À la suite de quelques règnes pendant lesquels la famille royale s’est trop affaiblie, les Gaullistes ont été renversés par les Socialistes. Mais la noblesse est corrompue, incompétente, impuissante face à l’Empereur de Bruxelles qui impose ses lois dans le royaume. Le peuple plébiscite à nouveau les Gaullistes.
La noblesse s’accorde sur plusieurs points : renforcer le pouvoir royal, se résigner à l’alternance entre les deux clans, s’inscrire dans la politique de l’Empereur pour préserver les privilèges de la noblesse française dans le royaume, et bloquer la montée du clergé. Le nouvel héritier gaulliste veut rassembler, il ouvre son clan aux alliés des socialistes, fait allégeance à l’Empereur, et en même temps tient un discours proche de celui du clergé. Mais l’homme déçoit et ne convainc pas. À vouloir contenter tout le monde, il finit par rebuter franchement et se voit renverser par un héritier socialiste incompétent mais sans scrupule, sacrifiant tous les intérêts du royaume à ceux de son clan, de la noblesse et de l’Empereur.
De toute évidence, le régime va à sa perte. La noblesse fait preuve d’une arrogance insupportable au peuple, les finances sont exsangues, le Roi est ridiculisé, la religion (républicaine) est instrumentalisée, les hérésies se répandent, les malfrats et les étrangers ne sont plus inquiétés. L’Empereur aussi est chaque jour plus honni dans toute l’Europe. Et le clergé se prétend légitime pour gouverner…
Que peut-il se passer ?
Dans la prochaine succession au trône, le clan le plus uni saura proposer le prétendant le plus populaire et l’emportera. Le représentant du clergé arrivera sans doute en deuxième position, peut-être même en première, lors du tournois précédant le sacre. Celui-ci n’en aura que plus d’éclat : on ne sacre pas un clerc ! François a peu de chance de voir son règne se prolonger, car le peuple souffre et ne lui fera pas de cadeau, mais saura-t-il laisser sa place à l’Infant Manuel qui est le plus populaire de la famille ? Le plus astucieux pour son clan serait qu’il abdique pour prendre de cours ses rivaux… Nicolas pourrait également être tenté de prétendre à nouveau au trône, mais cela ne s’est jamais vu. En revanche, la désignation d’un prétendant affaiblira très certainement les rivaux des Socialistes (peut-on encore parler de Gaullistes ?), car la famille a du mal à croire à sa légitimité… Mais en attendant, le peuple supportera-t-il la disette ?
Pour le bien du royaume, trois stratégies sont possibles pour les preux qui n’appartiennent pas à la noblesse, encore que la première ne soit qu’une stratégie de repli, celle qu’ont conduit le comte de Vendée et le seigneur d’Orange, de conquête d’un petit fief où l’on se maintient par une bonne gestion de son domaine et d’où l’on peut combattre pour l’honneur. C’est la stratégie qu’essaiera de mener le Front national.
Reste donc deux options: l’émergence d’un prétendant gaulliste héroïque, croyant en sa légitimité et guidé par les intérêts du royaume, et la création d’un nouvel ordre de chevalerie qui portera sur le trône une nouvelle dynastie. Il faudrait une nouvelle Jeanne d’Arc, pour désigner le dauphin et l’affermir dans sa mission, ou de nouvelles croisades pour que soit bousculée l’ordre ancien de la chevalerie… Ces deux stratégies ne peuvent réussir qu’en s’appuyant sur des ménestrels, les troubadours entretenus par la noblesse perdant progressivement la confiance du peuple.
Quoi qu’il en soit : Montjoie !
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