Vous aurez tous remarqué cette étrange convergence dans la dénonciation. Le choix d’une cible unique et fédératrice, d’un ennemi public universel, par tous ceux qui, d’une façon ou d’une autre, ont voix au chapitre dans ce pays. Certes ceux-là divergent sur tout, mais il y a bien pourtant quelque chose qui parvient à les réunir et à les mettre d’accord, c’est le Front National. Le Front National pour qui, tous, à tour de rôle, ils viennent nous adjurer solennellement de ne pas voter.
Dans le chœur des vierges, on trouvera bien sûr – comment pourrait-il en être autrement ? – les chefs des partis depuis longtemps incrustés dans le système. Ainsi M. Cambadélis, le fameux repris de justice, un des héros du scandale de la MNEF, aujourd’hui promu capitaine de ce navire en perdition qu’est devenu le P.S. Et puis les chefs « républicains », avec Sarkozy à leur tête et à ses côtés, Kosciusko-Morizet, Juppé, Estrosi, Bertrand et toute la clique. Tout cela est normal. Le contraire eût même été de nature à nous inquiéter et à instiller en nous la méfiance et le soupçon.
Il y a aussi – et cela est bien moins admissible et tolérable – plusieurs ministres, à commencer par le Premier, M. Vals, qui s’agite beaucoup ces temps-ci et se fait même menaçant. « Il faut tout faire pour empêcher une victoire du FN. Il est hors de question de laisser le Front national gagner une région », va-t-il répétant un peu partout. De sa part, est-ce là une attitude que l’on puisse considérer comme démocratique ? Ne devrait-il pas plutôt montrer qu’il respecte les préférences du peuple souverain et qu’il est capable de s’incliner devant les choix que ce dernier s’apprête à exprimer même si ceux-ci ne lui conviennent pas ?
Et puis son ministre de l’Intérieur, M. Cazeneuve, celui qui vient de faire la pleine démonstration de sa totale inefficacité. Inefficacité devant les Roms qui, afin d’amener la République à céder à leurs exigences exorbitantes, ont mis impunément ces derniers mois deux villes, Roye et Moisans, à feu et à sang. Alors que le ministre nous avait promis une république inflexible à leur encontre et de nombreuses arrestations parmi eux, on attend toujours… Inefficacité devant les terroristes islamistes : après les attentats de janvier dernier, au lieu de tenir compte du sévère avertissement reçu et de se décider à mettre en œuvre les mesures qui s’imposaient alors à tout esprit de bon sens (contrôle des frontières, fermeture des mosquées et des officines salafistes, arrestation et expulsion des éléments « radicalisés »…), il s’est contenté du grand cirque médiatique organisé par M. Hollande pour se mettre en valeur et se pavaner aux yeux du monde. Aujourd’hui, le sang est à peine séché sur les trottoirs, que les voilà de nouveau, lui et son patron, qui recommencent à donner dans le spectaculaire, à coups de postures avantageuses et de grands discours pompeux…
Le Cazeneuve qui n’a pas craint de lancer dans un meeting à Bordeaux : « Pour Marine Le Pen le terrorisme n’est pas un sujet à combattre, c’est un terreau sur lequel elle prospère. Voilà le réalité que les Français doivent savoir ». Le terrorisme, à en croire ce triste sire qui ne manque décidément pas d’aplomb, serait donc « un terreau » sur lequel le Front National serait trop content de pouvoir prospérer. Que le FN prospère et reçoive de plus en plus l’adhésion des Français, cela est indéniable et c’est heureux, mais le « terreau », autrement dit le « fumier » qui sont ceux qui, depuis des dizaines d’années, l’ont laissé s’accumuler, sinon les socialos et les UMP ? Qui, au contraire, depuis des dizaines d’années, s’est efforcé inlassablement de mettre en garde les Français contre les prévisibles périls de la submersion migratoire inassimilable et de l’islamisation accélérée auxquelles était soumis notre malheureux pays ?
Qui osera soutenir que ces ministres ouvertement partisans sont dans leur rôle de ministre quand ils se livrent ainsi à des tentatives d’intimidation de l’électeur ? Et puis, encore plus inattendu, il y a M. Gattaz, le patron du MEDEF qui, venant au secours des socialistes, vient de déclarer : « L’arrivée aux commandes de Marine Le Pen ou de sa nièce Marion en Nord-Pas-de-Calais ou PACA, et demain, qui sait, à la tête du pays, plongerait la France des décennies en arrière. » Et puis la presse régionale, laquelle bien souvent, sur le terrain de l’information, se trouve, dans une région donnée, en position de monopole, la presse régionale qui se met à donner de la voix et à faire campagne, discrètement comme « Ouest-France » ou même ouvertement comme « La voix du Nord », contre le parti vers lequel, à juste raison, se tourne désormais de plus en plus de Français.
On attend que les notaires, les entrepreneurs de pompes funèbres, les footballeurs, les fleuristes et les vétérinaires fassent également entendre leurs voix et viennent, à leur tour, nous catéchiser. On attend impatiemment qu’eux aussi se prononcent sur cet objectif primordial : l’impérieuse nécessité de faire barrage au FN. Vous ne trouvez pas tout cela bizarre, vous, cette unanimité, cet empressement général à nous donner des consignes de vote ? Moi, si !
Alors, faisant fi des instantes recommandations de tous ces bons apôtres, des Vals, Cazeneuve, Cambadélis, Sarkozy et Gattaz, j’ai bien l’intention, moi, bravant héroïquement leur réprobation indignée et leurs gros yeux courroucés, de me tourner vers les listes maudites, celles précisément qu’ils prétendent m’interdire. A la Réunion, je glisserai donc dans l’urne, un bulletin pour la liste de Joseph Grondin, un Créole aussi attaché à son île natale qu’à sa patrie française. Un travailleur et un citoyen honnête qui n’a jamais été compromis dans les combinaisons douteuses de tous ces politicards, cumulards, démagogues, clientélistes, de tous ces chevaux de retour, repris de justice pour plusieurs d’entre eux, qui monopolisent, depuis des décennies, le pouvoir régional et ont le culot de venir à nouveau solliciter nos suffrages.
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