On sait qu’il a deux discours en France : celui que l’on tient, entre amis, ou anonymement dans la rue, et celui, sous surveillance, que l’on nous sert officiellement dans les médias. Nul besoin n’est de s’appesantir sur les conclusions alarmantes que l’on en tire pour l’avenir de notre pays, sa validité démocratique et le futur de notre soit-disant « vivre ensemble »…
Il est peut-être aussi opportun de signaler un phénomène plus discret mais encombrant pour les bureaux de vote : le « cri du silence ».
Certains, rares à être restés en vie, connaissent ce moment angoissant où, avant un cataclysme, tous les animaux de la forêt se taisent. Ils vont mourir, perdre tout, ils se recueillent comme dans une dernière prière avant que se déchaîne ce qu’ils redoutent mais sentent inéluctable. Cette qualité de silence est insupportable, les tensions sont telles que l’air est chargé d’angoisse. C’est à ce moment que, généralement, l’on fait jouer les violons en mode très aigu dans les films d’horreur. La victime et paralysée, abandonnée malgré elle, dans un dernier spasme, au croc fatal qui l’emportera.
Il n’y a, à ces moments-là, plus aucune peur de l’inconnu. On connaît trop bien le tueur, on le voit rôder et agir depuis des années. Oh certes, bien qu’il soit défendu par la loi de le nommer, on le connaît bien assez cet ennemi de plus en plus nombreux, de plus en plus provocateur! On en a peur parce qu’on connaît déjà sa brutalité, sa mentalité de barbare, de pillard, de violeur obéissant au démon de son culte barbare.
Le pire est que cet ennemi est dans la place, invité par des traîtres, des vendus, des ambitieux et quelques idéalistes incurables. Au-dessus, bien au-dessus d’eux, à l’abri de leurs fortunes immenses, il y a les maîtres du jeu. Ils sont puissants certes; maîtres du monde au service du prince de ce monde, ils contrôlent le discours officiel, ils font juger et neutraliser tout message d’alerte et de révolte. Avec eux, il n’y a presque plus de possibilité de répondre, d’organiser la défense, de faire « quelque chose ». Des générations se sont esquintées dans l’activisme des partis, trahies par les chefs, désavouées par la populace retournée. Ils sont vieux ou morts dans la honte d’une défaite sans honneurs, leurs tombes profanées par l’histoire officielle des manuels scolaires. Il n’y a humainement rien à faire: l’ennemi possède le discours officiel, celui qui endort la masse, l’amuse, la manipule et l’asphyxie moralement et spirituellement.
Pourtant, cette même masse abêtie, lobotomisée par le téléviseur familial, castrée par les radios, les maîtres à penser et les crédits à la consommation, perçoit que quelque chose ne va pas. Son instinct le plus profond lui dit qu’elle devrait ficher le camps, tout plaquer et se sauver dans les campagnes, maintenant, avant qu’il ne soit trop tard. Mais elle n’a plus de sang, elle l’a versé dans trop de guerres mondiales, trop de campagnes coloniales. Sa jeunesse la plus noble, la plus généreuse, celle qui combattait pour la rédemption de la France déicide est tombée. Il ne reste plus que les descendants des lâches, des planqués de l’arrière. On ne fait pas une armée avec des couards et des égalitaristes, des geignards et des écologistes urbains.
Alors, cette masse de morveux, désolée d’elle-même, se tait, troublée. L’un va aux toilettes au moment des actualités, reprend une bière et écoute une blague graveleuse à la mode, l’autre prend des cachets pour enfin dormir ou sort pour s’acheter une dose de n’importe quoi pour oublier qu’il est dans la nasse. Pourquoi les animaux ne se révoltent-ils pas quand on les mène à l’abattoir ? Parce qu’ils n’ont pas le choix, qu’il est trop tard, qu’on leur a caché le plus longtemps possible la réalité. Mais imaginez-vous que l’ambiance soit à la rigolade quand on les pousse dans un camion inconnu, ouvert aux vents, pour ce dernier voyage ? Non, l’ambiance doit être plutôt silencieuse, songeuse.
C’est le cri du silence, celui de ceux qui vont mourir salement, que l’on a eu jusqu’au bout, qui se doutaient bien mais qui n’ont pas voulu, pas cru bon de faire. C’est le cri que nous avons presque tous dans ce pays.
C’est aussi, maigre consolation, le cri de l’habitué subalterne « des Loges » qui apprend que sa fille a été violée en bande, c’est le cri du professeur, de l’élu ou du magistrat qui prend un coup de couteau d’un raciste qu’ignore volontairement la Halde, c’est la plainte silencieuse de tous les collabos du système, idiots utiles, qui comprennent trop tard qu’ils seront les premiers sur la liste de ceux qu’ils aimaient pourtant plus que leur patrie, leur racines chrétiennes, l’intérêt et la conservation de leur race.
Illustration : le clown maléfique de Ça.
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