Tribune libre d’Eric Martin*
Alors que “tous les citoyens français inscrits sur les listes électorales avant le 31 décembre 2010 » – et pas les étrangers dont le PS réclame pourtant qu’ils disposent du droit de vote – sont invités à participer aux primaires socialistes à condition de signer une charte d’adhésion aux valeurs de la gauche et de s’acquitter d’une participation aux frais (PAF) d’organisation d’au moins un euro, pourquoi ne pas répondre favorablement à l’aimable invitation ?
Un rapide coup d’œil à “la charte d’adhésion aux valeurs de la gauche” permet de constater qu’elle est interprétable à merci : « Je me reconnais dans les valeurs de la Gauche et de la République, dans le projet d’une société de liberté, d’égalité, de fraternité, de laïcité, de justice et de progrès solidaire. »
Pour la gauche, on n’aura qu’à dire que c’est subjectif. Après tout, on est tous le gauchiste de quelqu’un. La République ? Je ne suis pas contre “une forme de gouvernement dans laquelle les gouvernants sont désignés par l’élection du peuple, ou d’une partie de celui-ci”. La liberté ? J’y suis très favorable à condition qu’elle soit responsable. L’égalité devant la loi ? Je n’y suis pas opposé à condition qu’elle concerne des individus en situation similaire. Ainsi, tout le monde en France a le droit de se marier à condition que cela soit avec quelqu’un du sexe opposé et majeur. La fraternité ? J’accorde à mon prochain la valeur que j’aimerais qu’il m’accorde, bien que privilégiant mes proches. La laïcité ? Comme tout chrétien, je suis pour. C’est quand même le Christ qui a inventé ce concept ! La justice ? Qui peut s’y opposer ? Le progrès ? Je suis pour mais constate qu’il ne peut avoir lieu que sur la base de fondations solides à conserver coûte que coûte et à promouvoir ! C’est même parce que je suis pour le progrès que je m’oppose à la tabula rasa. La solidarité ? Je donne de temps en temps et n’ai rien contre le fait d’aider mon prochain, tant que c’est sur une base volontaire…
Autant dire que je signe des deux mains la charte. On me permettra de limiter ma PAF au minimum autorisé : 1 euro. Je trouve que la gauche bénéficie suffisamment des subsides publics donc de mes impôts via ses associations (SOS Racisme, UNEF, SOS Homophobie, RESF, etc), l’entretien d’une population de fonctionnaires sans parler du financement public des partis politiques.
Reste à choisir mon candidat… L’objectif étant :
1) d’affaiblir et de diviser la gauche.
2) de la droitiser.
Pour la couper de toute l’extrême-gauche (donc l’affaiblir) et parce qu’il y a déjà pléthore de candidats plus ou moins déclarés au centre, je pencherais bien pour Manuel Valls. Ne mérite-t-il pas d’être encouragé, lui qui a osé critiquer le dogme des 35 heures ? Et puis, il est né en Espagne. Pourquoi ne pas soutenir ce bel (et trop rare) exemple d’assimilation ?
Faisant partie de ces Français qui ne désirent, pour l’avenir, ni diminution du temps de travail, ni régularisations massives d’immigrés, ni euthanasie, ni “mariage” homosexuel et même si je suis très critique à son égard, je ne mets pas l’UMP dans le même sac que le PS et souhaite qu’elle l’emporte contre le parti des éléphants en 2012, avec dans ses rangs un maximum de Vanneste et de Mariton et… -30% de Lancar, au moins !
Dans cette optique, pourquoi ne pas voter Valls à la primaire socialiste et adhérer à l’UMP pour peser donc imposer tout ou partie de l’agenda conservateur ? Car faire perdre la gauche n’a pas d’intérêt si c’est pour faire gagner une fausse droite. Et – on peut s’en réjouir ou le regretter – si un candidat de droite devait l’emporter en 2012, ce serait celui de l’UMP. A nous donc de tout faire pour que sa plate-forme programmatique soit la plus conservatrice possible et rende plus acceptable le fait de voter pour elle au deuxième tour en 2012 !
*Eric Martin est rédacteur en chef des Nouvelles de France.
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