Pour que des candidats entrent en lice démocratiquement, la procédure se doit d’être impartiale.
La primaire UMP à Paris a été parasitée par le débat sur le mariage gay. Le temps est loin où Jacques Chirac faisait le grand chelem, remportant une majorité dans les vingt arrondissements de la capitale. Parachuté pour lui succéder, Philippe Séguin, malgré des concessions à l’air du temps, fut battu par Bertrand Delanoë, illustre inconnu à l’époque.
À l’aune de cet exemple, et de celui des maires conservateurs de New York et de Londres qui s’affichent libéraux en matière de mœurs, la droite s’est forgée un raisonnement simpliste : il suffirait de plaire aux bobos en général et à la communauté homosexuelle en particulier. L’UMP a donc jeté son dévolu sur NKM, la personnalité la moins à droite et, par conséquent, la plus médiatisée du parti.
Celle-ci s’est abstenue lors du vote de la loi sur le mariage homosexuel, position destinée à ratisser large en vue de la mairie de Paris. Auteur du slogan « Longjumeau for ever », le maire de cette ville de banlieue qui convoite la capitale n’est pas à une contradiction près. Lors d’un débat télévisé, elle n’hésita pas alors à attaquer l’un de ses adversaires, Pierre-Yves Bournazel, sur ses prises de positions passées en faveur du mariage gay.
Une ère de démocratisation des candidatures
Bournazel s’était jadis montré soucieux de complaire au lobby gay. Mais il proposait dorénavant de baisser les dotations à l’ensemble des associations, proposition qui suffit pour se faire taxer d’extrême-droite par les lobbies d’extrême-gauche, furieux à l’idée de ces « coupes budgétaires » qui restreindraient leur train de vie. Peine perdue. Certains opposants au mariage homosexuel firent campagne contre lui, comme contre NKM.
On vit même se développer une campagne visant à fausser le libre jeu des primaires UMP par l’interférence de votes anti-NKM émanant de citoyens de sensibilité Front national. Ces mots d’ordre vengeurs furent évidemment contre-productifs puisqu’aussitôt les médias volèrent à son secours. Et il est peu probable que beaucoup de citoyens de sensibilité FN se soient prêtés à cette manœuvre dénuée d’esprit civique. NKM fut finalement contrainte de fermer ses permanences destinées à « accompagner » les électeurs, après qu’elles aient été dénoncées par Bournazel.
“Nous entrons dans une ère de démocratisation des candidatures, dont la désignation s’effectuait auparavant hiérarchiquement. Il est logique de tâtonner.”
Mais le problème reste entier. Le vote électronique par Internet désoriente les personnes d’un certain âge. Rachida Dati s’est plainte de la partialité du parti en faveur de la candidature NKM. Ces défauts seraient à rectifier. Nous entrons dans une ère de démocratisation des candidatures, dont la désignation s’effectuait auparavant hiérarchiquement. Il est logique de tâtonner.
Il faudrait que les partis jouent le jeu sans encourir un soupçon de partialité. On ne peut à la fois organiser une primaire et donner l’impression d’être de parti-pris en faveur du candidat qui aurait le plus de chance de l’emporter. Les « petits candidats » ne sont pas les faire-valoir des candidats médiatisés. Ils sont une chance pour la démocratie de corriger les inégalités de traitement médiatique. Il est fort probable que les petits candidats aient un bel avenir devant eux, en incarnant la proximité par rapport à la notoriété. Le candidat le plus consensuel de la primaire socialiste se retrouve à l’Élysée sans que ce résultat ne satisfasse grand monde…
Évitons d’être techno-béats. La démocratique implique la sacralité d’un certain cérémonial. Laissons Internet aux pétitions et aux possibilités de nouvelle Agora. L’exercice du suffrage est une communion civique. À Lyon, les primaires UMP ont, à juste titre, invité les votants à se déplacer. On pourrait d’ailleurs considérer un scrutin payant et par Internet comme introduisant une rupture de l’égalité. Enfin, que reste-t-il aux militants des partis politiques s’ils n’ont pas plus de droits que les autres, et notamment le plus sacré d’entre ces droits celui de choisir leurs candidats ? Les primaires fourre-tout (baptisées « ouvertes » par les médias) posent des problèmes oiseux de délimitation des votants, que le parti socialiste avait résolus par une sorte de serment politique qui soulève des objections. Préférons les primaires participatives confiées au jugement des militants.
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