Extrait d’un entretien avec le Professeur Philippe Froguel, professeur au CHU de Lille et à l’Imperial College de Londres, accordé à France 3 Hauts-de-France :
“Dans l’histoire des tests, tout le monde ment. Des directeurs d’hôpitaux à Emmanuel Macron en passant par la Direction générale de la Santé ou Olivier Véran. On nous dit qu’on fait actuellement 250 000 tests par semaine alors qu’on sait que c’est plutôt 120 à 140 000. On nous dit qu’on va en faire 700 000 à partir du 11 mai alors que c’est impossible.
Au CHU de Lille, la communication nous dit par exemple qu’ils devaient faire 2800 tests par jour. En fait, ils n’en font que 400. En ce moment, le nombre de tests effectués a même tendance à baisser par exemple dans les Hauts-de-France. Peut-être grâce au confinement mais ce qui est sûr, c’est que les prélèvements dans les Ehpad ne sont pas suffisamment faits. On n’est pas organisés. On a d’abord dit à l’hôpital public de tout faire et bloqué toutes les autres initiatives. Et maintenant, on dit au privé de prendre tout en charge. C’est la désorganisation totale.
Sur quels éléments vous fondez-vous pour dire qu’on n’arrivera pas à 700 000 tests ?
D’abord, la France a commandé 21 robots à la Chine pour les tests. Selon mes informations, pour l’instant, aucun ne fonctionne. Un robot, ça pèse 500 kilos, il faut l’isoler. Les choses, techniquement, ne sont pas simples. On n’a pas le personnel formé pour bien les faire fonctionner. Les protocoles sont arrivés au compte-gouttes.
(…) Autre souci : les commandes de réactifs. La France n’a jamais centralisé les demandes. Les labos doivent chacun de leur côté se débrouiller pour avoir ces réactifs. Du coup, la France n’est jamais prioritaire. A noter qu’il y a aussi un problème pour se fournir en écouvillons.”