Pendant une heure, 1200 gauchistes de noir vêtus et bien équipés ont pu se réunir en amont du cortège de la CGT qui devait partir de la Place de la Bastille. Ils ont pu détruire des magasins sans la moindre intervention policière. Les images filmées sans difficulté ont ainsi montré comment un Mac’do avait été consciencieusement explosé et incendié. D’autres commerces ont subi le même sort. Du mobilier urbain a été saccagé. Des feux ont été allumés dont les flammes léchaient les étages des immeubles, c’est-à-dire les appartements qui se trouvent au-dessus des rez-de-chaussée commerciaux. Les commentaires sur les chaînes d’information reprenaient en boucle trois phrases : la première, insistante, répétait que le message de la CGT allait être « brouillé » ; la seconde rappelait le slogan des vandales promettant l’enfer pour Macron et son monde ; la troisième évoquait les craintes de la Préfecture, qui manifestement était bien informée de ce qui allait se passer. Même la personne la plus raisonnable, la moins encline à voir des complots partout, ne peut qu’être troublée. Le simple bon sens suggère l’idée d’une manipulation éhontée, qui décidément souligne une fois de plus combien notre malheureux pays s’est éloigné de ce que doit être une démocratie.
Une démocratie doit marcher sur deux pieds : la souveraineté populaire et l’Etat de droit. Le régime instauré par l’élection d’Emmanuel Macron a tendance à privilégier la forme du second par rapport à la réalité du premier, l’Etat de droit plutôt que la volonté populaire, suivant l’idéologie dominante de l’oligarchie qui nous gouverne. Or, aujourd’hui, cet Etat de droit a été sciemment foulé aux pieds. La première mission d’un Etat est effectivement de faire respecter le droit, pas seulement celui des immigrés clandestins, si tant est qu’il existe, ni celui des islamistes fichés S, mais celui des citoyens, des commerçants, des propriétaires, des résidents. Les premiers doivent jouir du droit de manifester légalement, les seconds d’exercer leur activité, les troisièmes de voir leurs biens protégés et les derniers d’habiter paisiblement leur logement ou de le quitter pour aller où bon leur semble. Pendant une heure, ces droits ont été volontairement suspendus par une autorité étonnamment défaillante. Le terrain a été abandonné aux exactions des casseurs. Or, le pouvoir ne peut bénéficier ni de l’excuse de la surprise, ni de celle du manque de moyens. Les appels lancés sur les réseaux sociaux avaient été perçus et avaient donc suscité les craintes de la police qui a disposé du temps et des effectifs nécessaires pour prendre des mesures. Or, les « forces de l’ordre », que j’ai vues beaucoup plus dissuasives lors des défilés de la Manif Pour Tous, avec des interpellations en amont, par exemple, ont laissé arriver sur place plus de mille énergumènes casqués et habillés de noir, munis de sacs à dos contenant le matériel de camouflage et de vandalisme, donc parfaitement repérables. Elles n’ont opéré ni contrôle, ni fouille, et ne sont intervenues avec des moyens proportionnés qu’après les « débordements » et dans la fumée spectaculaire des incendies. Le Mac’do était nécessaire pour les images du soir, pour montrer que les mouvements sociaux génèrent la chienlit, et qu’il faut qu’ils cessent. Dans un Etat de droit, dans une démocratie, le pouvoir doit empêcher la violence et permettre les manifestations pacifiques. Sous un autre régime, il fait en sorte de « brouiller » le message de l’opposition. Notre seule consolation est qu’il y a un troisième régime, celui où l’on tire sur des manifestants, même pacifiques.
Le slogan qui cible Macron et son monde permet de globaliser le désordre et la manifestation, les Black blocs et la CGT en un même tout. C’est contre « notre » Président que convergent les forces du désordre. Il est donc temps qu’il revienne du Pacifique pour rétablir le calme. Cela rappelle quelque chose… M. Macron pensait commémorer Mai 1968. Il le fait, en tentant de reproduire le scénario. La chienlit d’abord, pendant que le chef n’est pas là, puis le rassemblement derrière lui du bon peuple de droite. Sauf qu’en 1968, la contestation, pour absurde qu’elle fût, était spontanée et considérable au point de dépasser pendant un temps le gouvernement. Cette fois, il faut craindre que, de manière parfaitement préméditée, le pouvoir laisse monter la violence pour en tirer un bénéfice politique, en discréditant le mouvement syndical et en séduisant les partisans de l’ordre. Depuis un an, les Français se sont donnés à un pouvoir qui les méprise au point de les manipuler sans vergogne. Aujourd’hui, l’Etat de droit n’a pas été respecté, et sans doute, dans l’intention d’utiliser politiquement les effets de cette situation. Chienlit et manipulation : ce sont bien les deux pieds de la démocratie qui ont été brisés, et c’est infiniment plus grave que la vitrine d’un Mac’do !
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