Syrie : remettre les pendules à l’heure (3/4)

5) L’Empire-monde britannique

Toute entité vivante individuelle ou communautaire n’existe que par le fait, continuel et toujours plus grand, de dévorer d’autres d’entités vivantes. Elle n’évolue dans le temps que par une croissance, qui ingurgite une énergie supplémentaire afin de sécuriser l’apport énergétique précédent. Et ce qui vaut pour l’ensemble du monde vivant vaut évidemment pour l’homme, que ce soit sur le plan personnel ou social, qui grandit par la consommation croissante d’énergie (nourritures animales et végétales, minerais, force salariale et ouvrière, esclaves auxquels se sont substitués aujourd’hui les hydrocarbures – nous consommons individuellement et quotidiennement, par les ressources fossiles, l’équivalent énergétique produit par 500 esclaves, d’où l’abolition temporaire de l’esclavage qui reviendra avec l’érosion des richesses carbo-pétrolières –, etc.) ; la décadence des entités vivantes et des sociétés humaines est due à l’atteinte d’un niveau maximal d’extension de la croissance, n’arrivant plus à absorber de nouvelles ressources.

Comme le rappelle le scientifique Walt Whitman dans sa préface au recueil Feuilles d’herbe, « il est stipulé dans l’essence des choses que tout succès récolté, peu importe lequel, doit sortir quelque chose qui rende nécessaire un plus grand effort ». C’est dans cette expansion naturelle afin de protéger ce qui a déjà été conquis que réside toute la tragédie de l’Histoire. Car le développement des communautés humaines se fonde sur une destruction toujours plus grande d’autres entités, souvent humaines elles aussi, afin de se nourrir énergétiquement ; à partir d’un certain stade de croissance, la mainmise sur tout ou partie de la route de la soie se pose obligatoirement.

Comme le résume si bien le géopoliticien François Thual, « la géopolitique est l’histoire de la dévoration des sociétés entre elles », et c’est pour cette raison que, les Anciens rejetant l’utopie pacifiste d’un monde meilleur et, donc, acceptant pleinement l’aspect tragique de l’existence, le présocratique Héraclite aura pu dire que le « conflit est Père de toute choses » ; de même, les Hindous auront pu définir le concept shivaïque (dionysiaque) de la « destruction créatrice » : on ne vit que parce qu’on tue. La conclusion de cette observation des faits est que les philosophies grecques et indiennes condamneront l’hubris, la démesure prométhéenne qui se fonde sur une trop grande consommation d’énergie et, partant, de destruction pouvant remettre en cause le fragile équilibre éco-systémique.

Le reconnaître aujourd’hui nous rendrait, Occidentaux contaminés par la « métaphysique » de la croissance infinie sur une Terre aux ressources pourtant finies (voir en ce sens les développements du regretté Dominique Venner sur ce qu’il appelait la « métaphysique de l’illimité », notamment dans son œuvre posthume, Samouraï d’Occident), un peu moins consommateurs et hypocrites ; car notre société de « supermarché », c’est-à-dire de gaspillage, hyper « pacifiste » et féministo-matérialiste, organisée autour de ses « droits de l’homme » démocratiques, ne fonde en réalité son ultra-artificialité – qui l’émancipe provisoirement de la nature (et notamment de la nécessité des spécificités raciales et sexuelles) –, que par une surconsommation d’énergies fossiles, surtout pétrolières, non plus achetées mais pillées chez des Orientaux que l’on renvoie, à grand coups de guerres continuelles depuis des décennies, de la Libye à l’Afghanistan en passant par la Syrie, l’Irak et la déstabilisation du monde iranophone, à l’âge de pierre et à l’obscurantisme, afin de pomper pleinement et tranquillement leurs sols.

La France connue son heure de gloire aux XVIIe et XVIIIe siècles, tout simplement car elle bénéficiait du plus grand territoire agricole européen – ressource fondamentale avant la révolution industrielle –, patiemment aggloméré au fils des siècles par la centralisation royale. C’est grâce à ce vaste territoire agraire qu’elle détenait la plus vigoureuse démographie du continent (jusqu’à 30 millions d’âmes sous Louis XIV alors que l’Angleterre n’en avait que 4 au même moment !), surnommée la « Chine de l’Europe » et possédant donc la plus grande capacité de projection de puissance et de rayonnement culturel – l’exemple du français, langue de toute l’élite européenne jusqu’à la Russie pendant le Grand Siècle, étant particulièrement éloquent.

En face, le territoire trop exigu des Anglais ne leur permettait pas de se développer convenablement. C’est par les deux « Guerres de Cent ans » (1152-1259 et 1337-1453) que les Britanniques tentèrent en vain de coloniser de larges terres agricoles françaises, via les côtes atlantiques, prétextant leur revendication par l’union matrimoniale d’Aliénor d’Aquitaine – dont le mariage avec le Roi de France Louis VII Le Jeune avait été annulé – avec Henri II Plantagenêt, Roi d’Angleterre. Une fois l’ennemi anglais « bouté hors de France », certes tardivement, celui-ci changea définitivement de stratégie, se métamorphosant en commerçant-espion qui n’aura de cesse de coloniser de vastes territoires du Nouveau Monde et, surtout, les points stratégiques maritimes l’amenant aux Indes, commençant à les dominer dès 1740.

Avec ce gigantesque nouvel apport énergétique principalement indien, la démographie anglaise explosa, déversant son surplus humain sur l’Amérique du Nord et sur les « rochers vierges » d’Australie et de Nouvelle Zélande. L’accumulation de ces immenses ressources permit la construction de la plus grande flotte du monde qui soutint l’hégémonie maritime totale des Anglais, célèbre « Sea Power » leur permettant d’accéder, via l’Empire Britannique et des Indes (y étant rattachées de 1765 à 1947), au rang de première puissance mondiale, dès le début du XIXe siècle, disposant du plus vaste territoire de toute l’histoire de l’humanité, et d’une capacité de transformation monétaire hors norme qui financera la première révolution industrielle de l’Histoire. La célèbre prophétie du théoricien de la puissance britannique John Evely (1620-1706), « qui commande les océans, commande le commerce mondial, et qui commande le commerce mondial commande les richesses du monde, et est alors maître du monde », était accomplie.

Comme l’a très bien montré l’historien René Grousset, si la France louis-quatorzienne perdit la bataille de la mondialisation au profit des Britanniques, c’est parce ce que ladite bataille n’était pas, à ce moment-là, vitale pour elle, créant des colonies et comptoirs aux Amériques et aux Indes bien plus par prestige que par nécessité stratégique. Jacques Bainville a remarquablement expliqué dans son Histoire de France que l’œuvre principale de Louis XIV sera de sécuriser ce gigantesque champ agraire qu’est l’hexagone en lui conférant, via les fortifications de Vauban, de solides frontières contre l’étranger.

Mais, tragiquement, l’Histoire se retourna contre nous, l’hexagone agraire puis industriel devenant à son tour trop exigu pour notre développement. La Révolution Française est l’événement de départ d’une gigantesque révolte « carolingienne » (française puis germanique), continentale et tellurique contre l’hégémonie thalassocratique de la « perfide Albion » nous imposant son commerce par la domination exclusive des mers : de Napoléon à De Gaulle en passant par Bismarck, Guillaume II et Hitler, Français et Germains tenteront désespérément de s’émanciper des Anglais en essayant d’atteindre la route de la soie par l’union des terres eurasiatiques, lutte qui deviendra totale avec la découverte au début XXe du pétrole proche-oriental (J’écrirai un article ultérieur détaillant ce propos ; en attendant j’invite le lecteur à lire mon texte « Le Siècle de 1914 », s’intéressant aux causes des deux Guerres Mondiales).

6) Halford Mackinder, théoricien de la suprématie anglo-américaine (1861-1947)

Tandis que Bismarck fondait son hégémonie allemande sur le continent européen, s’étendant de la France à la Russie, et qu’après lui Guillaume II créait le train Berlin-Bagdad pour avoir accès au pétrole, le très influent député, fondateur de la prestigieuse London School of Economics et géopoliticien Halford Mackinder théorisa au tout début du vingtième siècle l’expérimentation positive de la division eurasiatique, voulant séparer l’Europe de la Russie et du Proche-Orient.

“À Washington, les théoriciens de l’administration Bush ont clairement eu cette idée de changer la donne stratégique dans l’ensemble de la région : c’est le plan dit « du Grand Moyen-Orient ». Celui-ci promeut le concept d’un Moyen-Orient démocratique, bourgeois et commerçant, apaisé parce qu’éclaté sur le plan communautaire de façon à constituer un ensemble de petits pays homogènes et plus ou moins rivaux entre eux, dont aucun n’aurait la puissance suffisante pour s’opposer aux intérêts américains ou aux intérêts israéliens. C’est une idée récurrente depuis les années 1970.”

Selon lui, la suprématie mondiale de l’Empire britannique grâce à la constitution de la voie maritime des Indes pouvait, depuis la révolution industrielle, être remise en cause par une nouvelle puissance eurasiatique terrestre. En effet, si les Turco-mongols dominèrent toute l’Eurasie par la route terrestre de la soie pendant des siècles, cette domination ne fut jamais unitaire et se disloqua toujours en de nombreux royaumes et empires, altérant cette suprématie du fait que les moyens de transports trop longs tels que le cheval ne permettaient pas de consolider leur emprise. Mais depuis la révolution industrielle qui permit aux véhicules moteurs et surtout au train, fonctionnant grâce à des matériaux issus de minerais dont l’Eurasie regorge, d’intensifier les voies de communications, cette domination unitaire devenait possible, surtout si elle réussissait à avoir la mainmise sur la nouvelle énergie pétrolière, cent fois plus efficace que le charbon, découverte tant par les Allemands que les Britanniques au Proche-Orient. Bref, pour résumer l’état d’esprit de Mackinder : le bateau va plus vite que le cheval mais est moins rapide que le train.

Donc selon lui, pour que la suprématie britannique demeure, il faut absolument fracturer l’Eurasie en détachant le « cœur du monde » (Heartland) défini par la Russie asiatique actuelle (Sibérie + Asie centrale) de l’« anneau intérieur » (Rimland) s’étendant de Paris à Séoul par un arc longitudinal dont l’Europe est le commencement, la route de la soie le centre et le nord de l’extrême orient la fin. Cet anneau doit être par tout moyen maintenu dans l’escarcelle anglo-saxonne.

Le Royaume-Uni sortant totalement exsangue de deux Guerres Mondiales qu’il a directement ou indirectement provoquées afin d’avoir la mainmise sur le pétrole et de contenir la montée germanique susceptible de remettre en cause son hégémonie, les États-Unis seront le nouveau flambeau de cette suprématie anglo-saxonne – selon le désir de Mackinder concrétisé par Churchill qui fusionnera le MI-6 avec l’OSS américain, engendrant ainsi la redoutable CIA – reprenant une partie de l’exploitation des puits forés par les Britanniques en Mésopotamie et découvrant la plus grande réserve de pétrole du monde sur les côtes orientales de l’Arabie saoudite.

Voici ce qu’écrit le géopoliticien Aymeric Chauprade dans son excellente étude sur Mackinder parue dans le numéro 58 de La Nouvelle Revue d’Histoire : « dans l’un de ses derniers articles datant de 1943, année fatidique, Mackinder précise son projet géopolitique pour le monde d’après-guerre : il déplace le centre de l’Empire anglo-saxon de la Grande-Bretagne vers les États-Unis. Le relais est désormais passé. Tel Drieu la Rochelle passant le relais de la lutte pour la race européenne des Allemands en train de s’effondrer aux Russo-Soviétiques, Mackinder confie la défense de la race anglo-saxonne à l’Empire nord-américain émergeant. Il meurt en 1947, année où l’Inde quitte l’Empire britannique et où les États-Unis entrent de plain-pied dans la lutte contre le nouveau Heartland dominant [Ndr : URSS et Chine maoïste]. Le fantôme de Mackinder habite toute la pensée stratégique américaine. Et celle-ci ne peut s’en départir, car elle est Mackinder ».

Tous les stratèges américains, dont les deux plus grands que sont les diplomates et directeurs de la sécurité extérieure de Washington Henry Kissinger et Zbigniew Brzezinski, continueront d’affiner et d’ajuster Mackinder. Dans l’article « A geostrategy for Eurasia », Brzezinski explique : « collectivement, la puissance potentielle de l’Eurasie dépasse celle de l’Amérique (…). Une puissance qui dominerait l’Eurasie exercerait une influence décisive sur deux des régions du monde économiquement les plus productives, l’Europe de l’Ouest et l’Asie de l’Est. Un coup d’œil sur une carte suggère également que le pays qui dominerait l’Eurasie contrôlerait automatiquement le Moyen-Orient et l’Afrique. (…) La répartition de la puissance sur la masse eurasiatique sera d’une importance décisive pour la suprématie mondiale de l’Amérique et de son destin historique ».

7) Le Grand Moyen-Orient atlantico-sioniste

La Route de la soie, au centre du Rimland, aura droit à une thérapie de choc particulière. Déjà, l’élite franco-britannique fragmenta en 1918 une première fois le Proche-Orient par la création d’États factices, afin de le dominer. Les frontières artificielles, au détriment de la Grande Syrie promise aux Arabes, seront la source de tous les conflits inter-étatiques : ainsi, l’Iran des ayatollahs contre l’Irak de Saddam Hussein pour le contrôle du golfe arabo-persique et du pétrole kurde, puis la guerre du Raïs irakien contre les Koweïtiens pour la même raison ; les velléités constantes d’indépendance des Kurdes face au pouvoir de Bagdad ; les tensions très lourdes entre l’Irak et la Syrie des Assad concernant leur frontière commune, la Syrie revendiquant aussi le plateau du Golan volé par les israéliens depuis la guerre des Six Jours (1967) ainsi que le Liban, qui devait leur appartenir et que les Syriens domineront de 1979 à 2005 ; l’OLP de Cisjordanie qui contestera le pouvoir au Roi hachémite Hussein de Jordanie qui réagira par le massacre du « Septembre noir » (12 septembre 1970) ; le même Hussein refusant la domination saoudienne sur La Mecque, tenue depuis des siècles par sa dynastie ; et surtout l’éternel conflit israélo-palestinien, avec une colonisation juive toujours plus grande qui provoquera un nombre impressionnant de réfugiés palestiniens qui déstabiliseront les fragiles équilibres des pays alentours, notamment du Liban qui s’enfoncera dans une guerre civile de 1975 à 1990, et de la Jordanie où le poids démographique palestinien urbain au détriment des bédouins jordaniens ruraux fidèles au Roi risque, à terme, d’avoir raison de la Monarchie hachémite pourtant descendante du Prophète…

Néanmoins, malgré toutes ces fractures, des régimes tels que le syrien, l’irakien et l’iranien ont réussi à coaguler leur population et lever leur pays au niveau de puissance régionale, avec l’appui de l’URSS, en nationalisant les puits pétroliers détenus par les Anglo-américains, en augmentant les prix qui étaient sous-évalués afin de rehausser les mannes finançant un développement économique au pas de charge, ce qui déplut aux Américains qui voulent totalement maîtriser ces puits, non pas tant par besoins pétroliers (la production américaine recouvre 80% de leur consommation) mais pour faire barrage à la montée de la Chine qui dépend cruellement du Moyen-Orient énergétique et à la Russie qui cherche des positions aux mers chaudes, et ainsi instaurer sa suprématie mondiale.

Dans son chapitre sur la recomposition du Moyen-Orient, Alain Chouet, que je cite longuement, explique : « la guerre menée par les États-Unis en Irak n’a pas été une guerre pour le pétrole, même si la maîtrise énergétique se trouve toujours en toile de fond des stratégies américaines. Malgré l’embargo imposé depuis 1990, le pétrole irakien coulait par brèche ouverte dans le cadre du dispositif « pétrole contre nourriture » et les Américains en avaient la maîtrise – et la main sur le robinet pour réguler les cours. Une guerre n’apportait rien de plus sur ce point. En revanche, à Washington, les théoriciens de l’administration Bush ont clairement eu cette idée de changer la donne stratégique dans l’ensemble de la région : c’est le plan dit « du Grand Moyen-Orient ». Celui-ci promeut le concept d’un Moyen-Orient démocratique, bourgeois et commerçant, apaisé parce qu’éclaté sur le plan communautaire de façon à constituer un ensemble de petits pays homogènes et plus ou moins rivaux entre eux, dont aucun n’aurait la puissance suffisante pour s’opposer aux intérêts américains ou aux intérêts israéliens. C’est une idée récurrente depuis les années 1970. Remodeler la carte du Moyen-Orient, de l’Égypte à l’Indus, était déjà en filigrane dans la pensée d’Henry Kissinger sous l’administration Nixon.

Une première version « locale » en a été élaborée par un stratège israélien, Oded Yinon, ancien haut fonctionnaire du ministère des Affaires étrangères israélien, décrit dans un article publié en février 1982 dans le numéro 14 de la revue Kivunim, organe de l’Organisation sioniste mondiale. (…) L’idée était de favoriser ou de provoquer l’éclatement des pays voisins d’Israël – Liban, Syrie, Jordanie, Irak – en micro-États communautaires et confessionnels qui auraient ainsi perdu toute dangerosité du fait de leur taille réduite, auraient constitué autant de digues face aux vagues de l’océan musulman sunnite et auraient justifié l’existence d’Israël : un État alaouite, un Etat maronite, un Etat chiite, etc., pourquoi pas un État juif ?

Ce plan a été repris à vaste échelle par les théoriciens néoconservateurs américains et leurs think tanks dans le sillage des opérations militaires en Afghanistan consécutives aux attentats du 11 septembre. Pourquoi s’arrêter au seul environnement d’Israël quand la conjoncture permettait d’étendre le raisonnement et l’action à toute la région, de la Méditerranée à la frontière indienne [Ndlr : la route de la soie] ? Le Pentagone a « acheté » ce plan avec enthousiasme, car il supposait un rôle majeur donné aux armées américaines dans la première phase de sa mise en œuvre, qui devait s’étaler sur au moins une dizaine d’années. On le trouve pour la première fois formalisé, détaillé et argumenté cartes à l’appui, sous la plume du colonel Ralph Peter (lieutenant-colonel retraité de l’US Army, né en 1952, écrivant sur les affaires militaires d’un point de vue ultraconservateur dans de nombreux journaux américains, aussi bien généralistes que spécialisés ; il a gagné une renommée certaine en écrivant : « le rôle effectif des forces armées américaines sera de préserver un monde sûr pour notre économie et ouvert à notre dynamisme culturel. Pour ce faire, nous devrons tuer beaucoup. »), dans un article intitulé « Blood borders » (frontières sanglantes) publié en 2006 par Armed Forces Journal, une revue très lue et très influente dans les forces armées américaines. (…)

Tout repose sur un découpage régional éliminant les sources de conflits entre États puissants et la mise sous tutelle américaine des zones sensibles. La Turquie, l’Iran, l’Arabie saoudite et le Pakistan, qui sont les États les plus puissants de la région et dont les rivalités peuvent être déstabilisantes, sont réduits à leur noyau « ethnique » central. À leurs dépens, sont créés plusieurs États faibles et facilement contrôlables, soit par un agrandissement d’États déjà faibles comme la Jordanie, l’Azerbaïdjan ou le Yémen, soit sur des bases communautaires : Kurdistan, Baloutchistan, etc.

Enfin, le noyau dur du système repose sur la mise en place de deux États sous étroit contrôle américain : un grand Afghanistan où iront se vider les querelles régionales [Ndr : et où transite une partie du gaz eurasiatique] et un État arabe chiite regroupant le sud de l’Irak et s’étendant au sud des deux côté du golfe Persique, sur toutes les zones actuelles d’extraction pétrolière de l’Iran et de l’Arabie. La création de cet État, qui rassemblerait 90% des capacités de production de la région, est évidemment subordonnée à une présence militaire massive, au démantèlement complet de l’Arabie saoudite et à l’effondrement de l’Iran islamique… ».

Dans ce plan, la Syrie est disloquée à l’Est de son Kurdistan pétrolier et à l’Ouest de sa façade maritime essentiellement alaouite où les forces russes ont leur fameuse base militaire de Tartous. On ne peut rien comprendre au conflit syrien actuel si on ne l’inscrit dans cette volonté de démembrement anglo-américaine.

À suivre…

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2 Comments

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  • Marsencolere , 3 mars 2014 @ 23 h 25 min

    J’ai toujours des difficultés lorsqu’on parle du sionisme comme d’un fait actuel.

    C’est comme si on remettait en cause le droit d’Israel à exister.

    Le sionisme appartient au passé, aux années 30, disons aux années 50, mais aujourd’hui le sionisme est un fait qui appartient au passé, puisque Israel n’est pas un Etat qui viendrait tout juste de naitre !

    Cela ne justifie pas les crimes commis par israel, l’emprise maçonnique depuis ce territoire, les complots ourdis par israel jusqu’en France.

    Mais cela ne justifie pas non plus la disparition d’israel ou la réactualisation du sionisme qui appartient au passé.

    Le sionisme est un terme très particulier qui ne devrait pas avoir sa place dans les discutions contemporaines lorsqu’on parle de la géopolitique actuelle.

    Pour être tout à fait honnête.

  • scaletrans , 4 mars 2014 @ 17 h 40 min

    Vous jouez sur les mots en faisant semblant de ne pas comprendre que le sionisme c’est:

    1/ Un plan pour le “Grand Israël” du Nil à l’Euphrate.
    2/ Un plan antagoniste du n° 1/ d’une domination mondiale.

    Avec une multitude d’options intermédiaires… et le fait que que les promoteurs du n° 2 semblent vouloir sacrifier Israël dans le cadre d’un conflit généralisé.

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