Une femme dans la quarantaine est décédée à Montréal cette semaine.
L’affaire s’est produite à la station de métro Fabre. La femme s’est engagée dans l’escalator mais, malheureusement, son foulard s’est pris dans les interstices des marches mobiles. En bout de course le foulard a été tiré et tiré par les marches au point où la pauvre femme s’est retrouvée garrottée à mort.
Il faut effectuer une précision avant d’aller plus loin dans cette histoire. Au Québec, on utilise indifféremment les mots « écharpe » et « foulard » pour désigner l’écharpe. Par moins trente et sous des vents de 40 km/h, on ne fait plus dans la nuance sur le sens des mots : tout ce qui compte c’est de nous protéger de la douleur aiguë provoquée par la morsure du froid, peu importe le nom! Plus sérieusement, nous avons toujours nommés « foulards » les foulards et les écharpes.
À l’annonce du mortel accident, on a pu déceler un frisson d’horreur parmi la population à travers les tribunes radiophoniques, celles des journaux et les médias sociaux. La réaction unanime était la compassion. Cette femme était morte garrottée par son écharpe. C’est ainsi que les Québécois l’ont compris et c’est à cela qu’ils ont réagi.
C’est alors que des rumeurs ont commencé à sourdre ici et là. La victime était devenue « une musulmane » [feulement] et son foulard islamiste (sic) [feulement] s’était pris dans l’escalator.
D’un coup, la compassion a cédé le pas aux condamnations pour une frange importante de la population. Après tout, si elle n’était pas intégriste [feulement] elle ne serait jamais morte, pas vrai ? Autant de sous-entendus pour signifier que cette « inférieure engeance musulmane » [feulement] avait causée sa propre turpitude.
Quand les médias ont divulgué le nom de la victime et révélé que le foulard était bien un hijab, là certains segments de population associés à la droite « jambon » (radios-poubelles, tenants du pseudo-libertarien Réseau Liberté Québec et autres mouvance de la gauche des valeurs « moi-moi-moi »/droite économique ultralibérale) se sont déchaînés. Cette soudaine baisse de compassion a aussi touché « le bon populo » : après tout, elle n’avait qu’à ne pas être intégriste [feulement].
Et si cette femme avait été une bonne « de souche » qui s’était donné un style extravaguant avec une longue écharpe qui pend presque jusqu’au sol, comme on en voit de temps à autre dans les rues de Montréal ? La réponse publique quasi-unanime serait restée dans le registre de la compassion, comme elle était au départ. Oh, certains auraient beuglé contre les « victimes de la mode » mais ces opinions n’auraient pas percé ni perturbé à la compassion générale.
Deux leçons à tirer. La première est de nature psychosociale et la seconde, purement survivaliste et prévoyante.
Présentement au Québec, fait rage un « débat », ou plutôt des affrontements démagogiques sur la « Charte des valeurs québécoises » qui est en fait une charte de la laïcité ne déplaisant pas, c’est le moins qu’on puisse dire, à nos bons amis les frères la truelle.
En quatre cent six ans d’histoire, si on compte à partir de la fondation de Québec, l’Église catholique a été plus ou moins omniprésente les trois cent soixante premières années. Aucune trace de cela dans cette Charte. Aucune trace des valeurs issues de notre passé catholique. On trouve encore des croix de chemin partout en campagne, tous les villages et toutes les villes ont une rue Notre-Dame, la plupart des villages sont nommés d’après un Saint catholique mais c’est « honteux » pour nos élites politiques. Alors, le verbe est bien choisi, on occulte.
Même si nous sommes encore profondément imprégnés de ces valeurs catholiques, du moins en ce qui concerne les « de souche », on n’en tient aucun compte dans la Charte.
Si on en croit ce projet de loi, nos valeurs sont l’égalité sans nuance homme-femme et la proscription de signes religieux ostentatoires dans la fonction publique. Point.
Comme l’islam parle de complémentarité homme-femme (l’Église catholique aussi, d’ailleurs), l’islam est présumé anti-Québécois, anti-femmes, anti-« modernité », anti-tout quoi. Comme l’Église catholique.
Il se trouve une grande partie de la population pour applaudir ce détournement de valeurs. Parmi ceux qui condamnent (dont moi) cette Charte, se trouve aussi le monde anglophone qui espère attirer dans l’anglosphère les gens visés par ces mesures de proscription, soient les musulmans. Une opposition fondée sur des intérêts communautaires et non généraux, donc à condamner. Les Juifs, les Sikhs et autres minorité religieuses visibles du Québec sont déjà globalement dans l’anglosphère.
C’est ce qui explique la perte de compassion soudaine pour cette mère de famille décédée accidentellement : de victime d’un coup de malchance, elle est devenue artisane de sa mort par son observance des prescriptions de sa foi. C’eût été une jeune fashionista portant par vanité une longue écharpe stylisée pour se donner du style et on n’en aurait pas parlé plus de 24 heures.
Drôle d’animal que cet humain qui module ses sentiments selon ses idéologies. Un animal malade oui…
Ah oui : n’oublions pas la leçon survaliste !
La voici : Règle numéro un : « Ne jamais aller nulle part sans un couteau ». Oui je sais, en France c’est considéré comme une arme offensive voire de destruction massive. Il y a toujours moyen, néanmoins, de transporter une lame de rasoir dans son porte-feuille, voire une lame camouflée en format carte de crédit. Dans le cas de la pauvre femme garrottée, un bon samaritain équipé d’un couteau aurait sauvé une vie.
Triste affaire et triste société…
> Vic Survivaliste anime un blog sur le survivalisme et la prévoyance.
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