Un seul vœu pour le Président : qu’il démissionne !

Un décor superbe, et au milieu un bureau majestueux ; partout, des dorures propres à souligner le faste des traditions nationales : là, décidément, « tout n’est qu’ordre et beauté », sauf le personnage qui est assis devant le grand bureau vide, comme le visiteur d’un musée qui, profitant d’un moment d’inattention des gardiens, s’installe dans les meubles d’époque pour être pris en photo. Durant les dix minutes d’allocution, le décalage entre la personne et le lieu ôtera tout son poids à la parole présidentielle. Son jeu de mains pathétique aura eu beau tenter de donner plus de force aux mots en les accompagnant du geste, ne subsistait que le candidat entêté à une réélection bien compromise et non le chef mobilisant les énergies qu’il s’efforçait d’apparaître.

Le Chef de l’Etat est victime d’un désenchantement au sens propre du terme, comme ce personnage du Siegfried de Wagner qui dit une chose, en pense une autre, mais dont c’est la pensée et non la parole qui est saisie par l’auditeur. Ainsi, M. Hollande appelle les Français à avoir confiance en eux, mais ceux-ci entendent qu’il veut qu’on lui fasse confiance. Il souhaite mettre fin au dénigrement et ceux-ci comprennent qu’il désire mettre un terme aux critiques parfaitement fondées, notamment sur les chiffres systématiquement mauvais des performances économiques et sociales du pays affaiblies par une politique confuse quand elle n’est pas franchement néfaste. Un seul mot évoque le sujet : difficultés, mais les Français multiplient ce mot à l’infini, au travers des augmentations des impôts et des taxes, du chômage et de la pauvreté, du désastre de la politique du logement, de la grogne des médecins. Si le Président ne cite évidemment pas la plupart des échecs de sa politique, que les Français ont présents à l’esprit, le record de la dette à 100% du PIB, l’incapacité à juguler les déficits, le gâchis dû aux mauvaises décisions de l’exécutif, comme ces 900 millions que l’Etat va devoir verser à Ecomouv, il dit à nouveau son obsession de lutter contre le chômage, alors que la France, depuis plus de deux ans maintenant qu’il est à l’Elysée, a subi un accroissement continu de celui-ci, en même temps que l’effondrement de son industrie. La 5e puissance économique du monde ? Avec un PIB chargé de la mauvaise graisse des dépenses publiques de fonctionnement d’un pays qui vit à crédit ? Elle n’est que 23e si on le rapporte au nombre d’habitants, et le Royaume-Uni est sur le point de la dépasser !

En revanche, et c’est l’avantage du monologue, rien n’a manqué dans la liste des mesures positives. La plupart ne sont pas encore en oeuvre et n’ont donc pas de résultats. Pour les autres, on ne peut qu’approuver le salut adressé aux soldats qui risquent leur vie pour défendre la politique menée par la France. Mais, alors que le dernier soldat français quitte l’Afghanistan, on peut s’interroger sur la décence de cet hommage, quand le recul des budgets de la Défense expose davantage les militaires français aux risques d’interventions sans fin pour soutenir… la politique américaine. Les Talibans sont toujours à l’affût, la poudrière libyenne menace tout le Sahel, Boko Haram poursuit ses horreurs au Nigéria, l’état islamique au Moyen-Orient. L’hostilité systématique contre la Russie et ses alliés couronne une politique américaine confuse, hypocrite, apparemment impuissante et sans doute profondément cynique que la France suit comme son ombre.

« J’ai tenu bon » dit le Président. Il s’accroche, traduisent les Français. Il veut être réélu, et pour cela se trouver face à Marine Le Pen, au second tour de 2017. Pour ce faire, il utilise trois moyens.

D’abord désigner l’adversaire et le disqualifier du même coup, en dénonçant le conservatisme et le populisme, c’est-à-dire ce que beaucoup de Français appellent le bon sens, et en rappelant le caractère irrévocable de l’Euro et l’obligation de compétitivité qu’il nous impose. C’était vrai, il y a vingt ans. Mais, nous avons perdu la bataille de la compétitivité et en grande partie en raison du refus de la gauche de la mener. Le sud de l’Europe n’y arrive pas. La Grèce craque à nouveau. L’Euro n’est pas incontournable.

Ensuite, se présenter justement comme le champion d’une France qui avance, qui ose réformer. Quelle imposture ! Au lieu de réformes simples et efficaces, comme le basculement des charges du travail sur la consommation, la retraite par points à la suédoise, ou la suppression des départements, on a préfèré les usines à gaz du Pacte de Responsabilité ou de la prise en compte de la pénibilité, la création de régions technocratiques, le catalogue macronien des micro-mesures, lancés sans concertation dans la panique du désastre, et pour sauver les meubles du parti.

Enfin, rassembler les siens et peut-être au-delà dans le seul domaine où le législateur détient encore le pouvoir, le « sociétal », en réussissant la fin de vie sans susciter la réprobation qu’avait soulevée le mariage unisexe.

Le message présidentiel a été immédiatement décodé. Il veut garder son décor, sauver les meubles du PS. Mais, les Français aimeraient sans doute une fin, elle-aussi anticipée, celle de son mandat. Pour que vive la France !

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37 Comments

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  • Tolosan , 3 janvier 2015 @ 13 h 38 min

    Moi, le discours de Hollande, je ne l’ai pas écouté. D’ailleurs, j’en ai tellement marre de ce type (pour rester modéré dans le qualificatif) que j’éteins la télé (si elle est allumée ce qui est rare) dès qu’il apparaît, et pareillement je coupe la radio. Entre nous, à quoi bon analyser son discours, à quoi bon le disséquer ? Que pouvait-il m’apprendre que je ne savais déjà ? Qu’il a menti, ment et mentira, et fait puis fera le contraire de ce qu’il avait promis lors de son élection ? Je le savais. Qu’il est un opportuniste sans conviction, un arriviste sans scrupule ? Je le savais. Qu’il est le caniche des américains et que la France n’a pas de politique étrangère ? Je le savais. Que la dette de la France est plus élevée que jamais ? Cela aussi je le savais. Qu’il poursuit une politique qui promeut les communautarismes et qu’il est christianophobe ? Je le savais ! Qu’il cherche à détruire nos familles, notre culture (puisque toutes les cultures se valent!) et que le remplacement de population se poursuit ? Tout cela encore, je le savais. Que nous sommes aux portes d’attentats islamiques sur le territoire ? Cela aussi je le sais. La seule chose qui aurait pu m’intéresser aurait été qu’il annonce sa démission ou bien la dissolution de l’Assemblée Nationale pour redonner la parole au peuple bâillonné par la chape de plomb des média! Mais, le peuple, il s’en fout totalement. Tout ce qui l’intéresse c’est de reste en poste jusqu’en 2017 et même d’essayer d’être réélu. C’est terrible: le pouvoir rend fou et autiste !

  • Tolosan , 3 janvier 2015 @ 14 h 05 min

    Ce raisonnement me semble extrêmement dangereux car il signifie implicitement qu’il n’y a plus aucun espoir pour ce pays. Je ne crois pas que nous soyons un peuple fini, une nation finie. Je crois qu’il faut donner un formidable coup de balai et virer tout ce monde politique corrompu. Il n’y a pas d’autres solutions. Il faut les virer tous. Bien sûr, il y a et il y aura toujours des arrivistes sans conviction et sans scrupule dans tous les partis, parce que c’est la nature humaine. Le problème, c’est qu’aujourd’hui, au lieu que ce soit l’exception, c’est devenu la règle en politique. Il est donc grand temps de nettoyer les écuries d’Augias. Au moins, on pourra espérer respirer pendant quelques temps !

  • Dofiar , 3 janvier 2015 @ 14 h 08 min

    Il n’est pas dangereux, Tolosan, il est lucide et sans naïveté.

  • Dofiar , 3 janvier 2015 @ 14 h 27 min

    « Il faut tous les virer » ? Grand naïf ! Il n’y a aucune séparation des pouvoirs en république dite française. C’est la franc-maçonnerie qui préside, qui gouverne, qui juge, qui fait la police, qui impose sa religion le « laïcisme », qui éduque les cerveaux de nos enfants dans les écoles pour en faire des moutons de Panurge républicains et christianophobes, qui fait nos maires, nos préfets, nos ministres… et jusqu’à nos curés. C’est la république des tyrans et personne ne peut les mettre à bas. La franc-maçonnerie paie toutes les élections, et nos élus sont aux ordres.

  • Dofiar , 3 janvier 2015 @ 14 h 30 min

    … et c’est la franc-maçonnerie qui légifère !

  • Tolosan , 3 janvier 2015 @ 15 h 01 min

    Désolé, je ne peux pas vous suivre. Cette analyse est désespérante. Je ne vois comme choix proposé que (disons avec un peu d’humour) prendre du Valium à haute dose, ou bien avaler une pilule de cyanure! Avez-vous une troisième voie ?

  • Mr B , 3 janvier 2015 @ 16 h 38 min

    La bonne question , c’est comment ( ou sous quelle forme ) nettoyer les écuries d’Augias ! En douceur ou avec pertes et fracas…..Personnellement je suis pour la seconde solutions !

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