par Alain Bournazel*
L’année 2012 est l’année Jeanne d’Arc, c’est-à-dire celle du six-centième anniversaire de sa naissance que la tradition – mais en la matière, la tradition fait référence – fixe au 6 janvier (jour de la fête des rois) 1412.
Ravagée par la guerre civile qui opposait alors Bourguignons et Armagnacs, la France courrait à sa perte. Trois ans plus tard, en 1415, l’armée du roi de France était sévèrement battue à Azincourt. En 1420, le traité de Troyes livrait le royaume de France au roi d’Angleterre. En 1428, les armées anglaises se préparaient à franchir la Loire pour s’emparer des derniers territoires qui restaient encore la possession du roi légitime, Charles VII.
Le salut vint d’où on ne l’attendait pas, de l’inimaginable, de l’impensable. La fille d’un laboureur aux marches de Lorraine, mue par une foi profonde et les commandements de créatures célestes, affirme qu’elle va libérer le royaume de France de l’occupation anglaise. Evidemment, on ne la croit pas. Elle insiste. On ne la croit toujours pas. Elle persiste, encore et encore. Et finalement, elle emporte la conviction. En quelques mois, un impressionnant chapelet de victoires vient renverser l’équilibre des forces dans le royaume de France. Faite prisonnière à Compiègne et condamnée au bûcher au terme d’un procès inique, Jeanne meurt à Rouen, en 1431, à l’âge de 19 ans. Mais comme elle l’avait annoncé, la France se libère enfin de toute occupation étrangère.
Les siècles se sont écoulés et l’épopée de Jeanne qui marqua notre Moyen Âge finissant paraît bien lointaine. Et pourtant Jeanne est toujours présente. Dans les églises bien sûr, mais aussi sur les places, dans les noms de rues ou d’institutions, dans les livres, au théâtre, au cinéma, dans les œuvres d’art, etc. Elle est la référence obligée des temps difficiles ; elle n’échappe pas à bien des tentatives de récupération.
Jeanne d’Arc est unique. Aucun personnage au monde ne ressemble à Jeanne d’Arc. Mais le monde nous envie Jeanne d’Arc. A travers les nombreuses manifestations qui, tout au long de l’année 2012, scanderont la geste johannique, il sera possible de retrouver ce dont nous avons le plus besoin aujourd’hui : le courage, l’effort, la volonté et surtout la confiance en nous-mêmes.
*Alain Bournazel est historien.
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