À la fin du mois de septembre, Thierry Jallas déposait le dossier de candidature du syndicat indépendant “Libres informatique inter-régional” (LibRes) à la direction générale du Travail auprès du ministère du Travail. Celle-ci le validait dans la foulée. L’objectif de l’activiste libéral ? « Participer au scrutin en vue de la mesure de l’audience des organisations syndicales concernant les entreprises de moins de 11 salariés, prévu aux articles L.2122-10-1 et suivants du code du travail ». Pour cela, toutes les formalités avaient été respectées à la lettre grâce aux conseils d’avocats spécialisés en droit du travail comme Maître Jean-Philippe Feldman. C’était sans compter la CGT et la CFDT qui ont saisi le tribunal d’instance et dénoncé le caractère politique de LibRes (ainsi que son impécuniosité, gavés de subventions publiques qu’ils sont), révèle l’Institut de recherches économiques et fiscales.
Selon les deux organisations, « il importe de considérer que la lecture de sa profession de foi démontre la poursuite d’un objet politique qui au demeurant éclaire de manière significative la réalité du but poursuivit par ce syndicat. Ainsi y est-il affirmé que ‘le seul moyen de revenir au plein emploi, c’est de libérer le marché du travail, de 2 façons : 1) En rendant l’employeur et le salarié libres de déroger aux dispositions légales (code du travail) ou conventionnelles (conventions collectives), à la condition, bien entendu, que tous deux en soient d’accord. 2) En laissant chaque salarié utiliser librement le fruit de son travail (son salaire complet = salaire brut + cotisations sociales payées par l’employeur). Actuellement, le salaire complet du salarié est environ le double du salaire net qu’il perçoit, à cause des prélèvements obligatoires (cotisations sociales pour financer surtout le monopole de la Sécu, puis impôts et taxes de toutes sortes).’ »
Pour la CFDT, « cette profession de foi est particulièrement étonnante en ce qu’elle est l’expression d’une discrimination et la négation d’un principe de solidarité élémentaire. » D’après elle, la profession de LibRes est « politique » et « nuisible » car elle sous-entendrait que la lutte contre le chômage passe par la mise en concurrence des salariés et prône la libération du marché du travail. La CGT reproche aussi au syndicat libéral une « politisation ».
C’est plutôt gonflé, si on se souvient que la CGT a elle-même reconnu en 2001 sa subordination constante au Parti communiste de l’Union soviétique jusqu’en 1991, note Nicolas Lecaussin, directeur du développement de l’IREF. Tous ses secrétaires généraux ont été, jusqu’à l’arrivée à sa tête de Bernard Thibault, obligatoirement membres du bureau politique du Parti communiste français. Ce n’est que dans les années 2000 que cette règle traditionnelle a été rompue par le nouveau secrétaire général, lui-même modeste membre du PCF. Par ailleurs, la CGT est totalement sortie de son rôle de syndicat lors de l’élection présidentielle de 2012. En effet, après que son secrétaire général, au mois de janvier, ait déclaré que la CGT aspirait « à un changement de Président de la République », le syndicat a appelé, tant au premier qu’au second tour de l’élection présidentielle, à faire battre Nicolas Sarkozy.
De plus, les statuts et l’action quotidienne de la CGT violent des principes constitutionnels et des libertés fondamentales, à commencer par le droit de propriété. Les premiers ne précisent-ils pas que le syndicat « agit pour une société démocratique, libérée de l’exploitation capitaliste et des autres formes d’exploitation et de domination » et que « soumise à la logique du profit, la société actuelle est traversée par la lutte des classes et par de multiples contradictions », si bien que les salariés ont besoin de se rassembler pour participer « à la transformation de la société et du monde » ?
Le 29 octobre, le tribunal d’instance jugeait la requête de la CGT et de la CFDT recevable. Dans la foulée, il estimait l’objet de LibRes “illicite” et interdisait au syndicat à se présenter aux élections du 28 novembre au 12 décembre 2012. Contacté par Nouvelles de France, Thierry Jallas confie “hésiter à se pourvoir en cassation (il a dix jours pour se décider, ndlr) car cela demande des moyens que nous n’avons pas”. Affaire à suivre !
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