Éric Zemmour : Ayrault, «Premier ministre finissant à peine six mois après avoir commencé»

Le Zemmour du vendredi. “On ne sait pas combien de temps Jean-Marc Ayrault va durer, mais on sait qu’il endure. Chaque semaine est pire que la précédente alors qu’on croyait qu’il avait atteint le fond. À l’instar de nombre de ses ministres, il a très vite été atteint par le Principe de Peter qui détermine le niveau d’incompétence. Le PS ne peut pas organiser un congrès de Toulouse tous les week ends pour soigner le grand brûlé de Matignon. Avant lui, les plus doués dans le rôle de tête à claques furent Raymond Barre sous Giscard, Édith Cresson sous Mitterrand et Alain Juppé sous Jacques Chirac. Mais, de Barre et de Juppé, on disait : ‘Ils sont brillants mais arrogants’. D’Edith Cresson, on disait : ‘Elle est nulle’. Ayrault penche plutôt du côté de Cresson. À l’époque, les rares défenseurs de celle-ci prétendaient que la misogynie animait ses détracteurs. Pour Ayrault, ses avocats plaident, non sans raison d’ailleurs, contre le parisianisme d’un petit monde médiatico-politique qui se gausse du provincial un peu raide mais solide plein de bon sens à défaut de talent.

“Ayrault s’est ‘cressonisé'”

Ce n’est même plus la question. La vie politique est un marigot rempli de crocodiles attirés par l’odeur du sang. La faiblesse de Matignon est devenue un fait politique aux innombrables conséquences. Ainsi, c’est parce qu’Ayrault s’est ‘cressonisé’ que les principaux socialistes se poussent du col et que Manuel Valls n’en fait qu’à sa tête, très médiatisé, auréolé d’une cote de popularité que tous lui envie. Une fois encore, même si la comparaison l’agace, il agit comme Sarkozy, qui, ministre de l’Intérieur, dédaignait, méprisait même, son Premier ministre Jean-Pierre Raffarin. C’est aussi parce qu’Ayrault ne comprend pas que le Front de gauche reprend sa liberté, que les sénateurs communistes renouent les alliances d’antan avec les gaullistes contre les écologistes. C’est parce que le Premier ministre est déjà finissant, à peine six mois après avoir commencé, que Jean-François Copé appelle le peuple de droite à descendre dans la rue pour montrer à bon compte ses muscles d’opposants, suscitant l’ire d’une gauche qui croit que le pavé de Paris lui appartient depuis 1789. Hollande a tout raté : il voulait rétablir Matignon dans ses prérogatives pour se protéger. Sa cote de popularité est tellement basse qu’il faudra bientôt du gaz de schiste. Il refusait de s’agiter en tout sens comme l’hyper-président Sarkozy. Il passe son temps à l’imiter, mais comme un but au football montré au ralenti. Il est pris dans l’accélération du temps causé par le quinquennat et l’aspiration du vide par une Europe qui veut lui imposer son calendrier et son idéologie. La question n’est plus de savoir si Ayrault fut une erreur de casting ni ‘Est-ce qu’il partira ?’, ni même ‘Quand ?’ mais ‘À quoi cela servira-t-il ?’

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27 Comments

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  • Lach-Comte , 2 novembre 2012 @ 12 h 06 min

    D’autant que les opposants aux socialistes ont tout intérêt à ce que Eyrault reste à son poste, c’est du pain bénit pour eux : on ne sait jamais, il pourrait être remplacé par quelqu’un de plus, bien plus, compétent, ce qui ne doit pas être si difficile, ne serait-ce que dans la communication, puisque, à l’heure actuelle, quand il n’y a rien d’autre, c’est ce qui sauve certains (Valls le premier !)…

  • marie-france , 2 novembre 2012 @ 16 h 09 min

    en énumérant tous ces politicards ce Valls me dégoutte il est répugnant ,il parle à l’opposition qu’avec arrogance !il devrait “garder “sa méchanceté” pour ses “arrieres ,arrières grands parents les muz au lieu de leur lécher les babouches!!

  • Richard , 3 novembre 2012 @ 8 h 36 min

    Bravo, les intervenants rien à ajouter, et a M Zemmour toujours aussi convaincant, soyons solidaires
    car nous allons avoir des mauvais jours.

  • sergeG , 3 novembre 2012 @ 8 h 38 min

    La gauche se prend à son propre piège. Même au pouvoir elle tient un discours d’opposant. Mais la situation est telle que cette stratégie ne fonctionne pas. Même le détournement de l’attention par des problèmes sociétaux ne fonctionne plus.

  • martin , 3 novembre 2012 @ 8 h 57 min

    Corrigez “que tous lui envie”. Merci
    Ne pas garder ce commentaire.

  • Steph , 3 novembre 2012 @ 10 h 05 min

    Mais quelle mouche a piqué notre cher Eric Zemmour ?

    Jean-Marc Ayrault est peut-être ce provincial détesté des parigots, mais Eric Zemmour, au milieu de sa critique, lui reconnait du bon sens, qualité extrèmement rare en politique, et si précieuse dans la vie. La raideur dont il parle honore en fait son sens moral – je ne parle pas de cet erzatz de sens moral qui consiste à manifester contre le mariage homosexuel après avoir appelé à voter Sarkozy “pour des raisons morales” – et son sens de l’équité. Dans son travail, qui oserait dire qu’il n’est pas sérieux ? Ce gouvernement de gauche se trouve à devoir faire ce que ces abrutis de “droite” n’ont pas fait depuis trente ans, et qu’ils ont le culot de lui reprocher de ne pas réussir en six mois. Le comparer à cette nunuche de Cresson est franchement injurieux, tellement c’est excessif.

    Et je ne suis pas sûr que cela soit très malin de chercher à enfoncer Ayrault.

    C’est quoi, le but ? Que cherchent ceux qui veulent à tout prix, et même au prix de la mauvaise foi, à détruire le travail de “ceux d’en face” ?

    Eric Zemmour cherche-t-il à conforter la position de cette [biiiip] de Valls, ou l’autonomie du Front de gauche, et de cet [biiiiiip] de Mélenchon ? C’est pourtant bien à cela que sa chronique mêne.

    Eric Zemmour cherche-t-il à susciter encore plus de révolte, et à conforter la proposition de cette [biiiip] de Copé, qui veut, en “républicain” et “démocrate” accompli, “descendre dans la rue” (rassurez vous, il sera derrière, pas devant) ? Personne ne voit que c’est la même imposture que l’imposture précédente, celle de Sarközy, l’affairisme déguisé en patriotisme en chocolat ?

    La situation est assez grave pour ne pas en rajouter, et je crains que les temps soient plutôt à l’union nationale, plutôt qu’à l’auto-destruction fratricide. Ce n’est pas au moment où le bateau coule qu’il faut tirer sur le capitaine, même si la casquette du capitaine n’est pas de la couleur qu’on souhaite. Il faut plutôt travailler à ce que des mesures de bon sens – on y revient – puissent être adoptées, un peu comme Mitterrand qui avait assez rapidement transformé son idée du socialisme en libéralisme bon teint.

    Or ce genre de chronique, assez bassement partisane, non seulement n’y aide pas, mais en plus suscite la crispation contraire. Bien que je puisse comprendre qu’il soit agréable d’exprimer son énervement, je crains qu’au final, elle soit bien loin de servir la France, cher Eric.

  • Steph , 3 novembre 2012 @ 10 h 14 min

    Mais quelle mouche a piqué notre cher Eric Zemmour ?

    Jean-Marc Ayrault est peut-être ce provincial détesté des parigots, mais Eric Zemmour, au milieu de sa critique, lui reconnait du bon sens, qualité extrèmement rare en politique, et si précieuse dans la vie. La raideur dont il parle honore en fait son sens de l’équité et son sens moral – je ne parle pas ici de cet erzatz de sens moral qui consiste à manifester contre le mariage homosexuel après avoir appelé à voter Sarkozy “pour des raisons morales”. Dans son travail, qui oserait dire qu’il n’est pas sérieux ? Ce gouvernement de gauche se trouve à devoir faire ce que ces abrutis de “droite” n’ont pas fait depuis trente ans, et qu’ils ont le culot de lui reprocher de ne pas réussir en six mois. Le comparer à cette nunuche de Cresson est franchement injurieux, tellement c’est excessif.

    Et je ne suis pas sûr que cela soit très malin de chercher à enfoncer Ayrault.

    C’est quoi, le but ? Que cherchent ceux qui veulent à tout prix, et même au prix de la mauvaise foi, à détruire le travail de “ceux d’en face” ?

    Eric Zemmour cherche-t-il à conforter la position de cette [biiiiip] de Valls, ou l’autonomie du Front de gauche, et de cet [biiiiiip] de Mélenchon ? C’est pourtant bien à cela que sa chronique mêne.

    Eric Zemmour cherche-t-il à susciter encore plus de révolte, et à conforter la proposition de cette [biiiiiip] de Copé, qui veut, en “républicain” et “démocrate” accompli, “descendre dans la rue” (rassurez vous, il sera derrière, pas devant) ? Personne ne voit que c’est la même imposture que l’imposture précédente, celle de Sarközy, l’affairisme déguisé en patriotisme en chocolat ?

    La situation est assez grave pour ne pas en rajouter, et je crains que les temps soient plutôt à l’union nationale, plutôt qu’à l’auto-destruction. Ce n’est pas pendant que le bateau coule qu’il faut tirer sur le capitaine, même si la casquette du capitaine n’est pas de la couleur qu’on souhaite. Il faut plutôt travailler à ce que des mesures de bon sens – on y revient – puissent être prise, un peu comme Mitterrant qui avait rapidement transformé son idée du socialisme en libéralisme bon teint.

    Or ce genre de chronique, assez bassement partisane, non seulement n’y aide pas, mais en plus suscite la crispation contraire. Bien que je puisse comprendre qu’il soit agréable d’exprimer son énervement, je crains qu’au final, elle soit loin de servir la France, cher Eric.

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