A titre personnel, je suis en totale contradiction avec les conclusions du juge anti-terroriste Alain Marsaud et pense au contraire que les frappes françaises contre la barbarie islamiste au Levant sont une très bonne chose et, surtout, ouvrent des perspectives positives pouvant temporiser notre avenir bien sombre.
Disons le tout de go : nous, Français et Européens de souche, sommes en guerre totale et de longue haleine tant sur notre territoire qu’à l’extérieur contre une religion obscurantiste voulant s’imposer au travers d’une barbarie inconnue même des bourreaux nazis et communistes.
Le pouvoir politique français veut nous faire croire que l’islamisme n’a strictement rien n’à voir avec l’islam : c’est faux. Comme le disait si bien un commentateur de Nouvelles de France : « l’islamisme n’est que de l’islam actif et l’islam que de l’islamisme dormant ». La violence musulmane prend directement source dans le Coran – livre sacré dicté par leur Dieu qu’ils prétendent universel, via l’ange Gabriel, au Prophète Mohammed – mais aussi dans la Sunna décrivant la vie et les faits de celui-ci. Certes, il y a des sourates (phrases) de paix mais les sourates de violence, tant envers le juif et le chrétien qui refusent leur situation de dhimmitude qu’envers les musulmans ne respectant pas la loi coranique, y sont bien plus nombreuses. Or il n’y a strictement aucune hiérarchie entre les sourates qui ont une égale sacralité religieuse, et par conséquent, le zélé peut choisir ce qui l’arrange.
De plus, le rituel des égorgements et autres décapitations macabres ne sont pas des actes de hasard mais trouvent directement leur fondement théologique dans le texte coranique. Le verset 4 de la sourate 9 dispose : « Dieu les tourmentera par votre intermédiaire ». Cela signifie qu’il faut non seulement tuer le « mécréant » qui refuse de se soumettre mais aussi le supplicier affreusement afin de lui faire goûter les prémices de l’enfer qui accueillera son âme pour l’éternité (1).
Monsieur Marsaud a raison de pointer du doigt la faible capacité de nos services consulaires et diplomatiques, manquant toujours plus d’hommes et de moyens pour assurer une sécurité satisfaisante à nos ressortissants devenant une proie idéale dans les pays sensibles. Il a raison aussi de dire que notre présence militaire est insignifiante auprès des Américains à cause des coupes drastiques de nos armées qui sont déjà en quasi-totalité mobilisées au Mali et en Centrafrique.
A ceci s’ajoute l’argument judicieux de Christian Vanneste, rappelant que nous sommes confrontés à un conflit totalement asymétrique où nous avons, d’un côté, des armées occidentales acquises « au mort zéro » qui ne connaissent que la technologie militaire, parfois insuffisante, et, de l’autre, des barbares sans noms ni visages, bien décidés à mener une lutte totale dans l’espace et dans le temps, enrôlant même des enfants en bas âge devant obligatoirement assister aux tortures et exécutions immondes afin de les transformer en futurs guerriers qui prendront le relais d’une lutte messianique.
I) Les stratégies pour anéantir l’Etat islamique (nommé aussi Daesh)
Néanmoins, les frappes de la coalition dont fait partie la France peuvent malgré tout mettre de sérieux bâtons dans les roues de l’État islamique de Syrie et d’Irak, qui perdra automatiquement de son prestige, fédérateur de la nébuleuse islamique mondiale.
Premièrement, la croissance rapide de cette entité est due surtout aux bénéfices qu’elle récolte des puits pétroliers qu’elle a conquis, gagnant plus de 2 millions de dollars par jour, ayant actuellement une richesse comptabilisée à 3 milliards de dollars. Or, si nous arrivons à neutraliser son activité pétrolière, nous affaiblirons de manière significative ses capacités militaires. Les Américains l’ont très bien compris, eux, qui ont bombardé déjà douze raffineries pétrolières contrôlées par l’Etat islamique dans la province de Deir-ez-Zor située à l’est de la Syrie.
Deuxièmement, l’Etat islamique s’est préparé bien en avance à l’éventualité d’une intervention occidentale en creusant, à la manière du Hezbollah libanais ou du Hamas palestinien, des tunnels dans le désert afin de cacher son armement et surtout des réserves d’essence considérables. Mais cette stratégie contient en réalité de nombreuses limites. En effet, en 2006, Israël a réussi par ses bombardements aériens à éliminer un très grand nombre de planques du Hezbollah dans le sud Liban. Si Israël a perdu médiatiquement cette guerre à cause de journalistes occidentaux abusés par la prétendue infaillibilité asymétrique de son ennemi, en réalité elle l’a gagnée militairement : la destruction du matériel a été relativement importante, obligeant le Hezbollah depuis maintenant 8 ans à arrêter, par prudence, le jet systématique de roquettes et le rapt de soldats israéliens.
La difficulté que nous aurons réside dans la découverte de ces repères mais nous en avons les moyens technologiques, notamment satellitaires (pouvant, par rayon ultraviolet, mesurer la densité de concentration d’un produit recherché). De plus, une fois les abris découverts, nous disposons de missiles capables de les atteindre en transperçant sans exploser des couches épaisses du sol. L’embrasement des réserves d’essence paralyserait profondément le Daesh.
Pour finir, malheureusement, les frappes pulvériseront probablement des innocents. En effet, comme le Hamas, les combattants de l’Etat islamique se fondent dans les foules et dissimulent leurs armements et munitions sous le plancher des écoles ou des hôpitaux dont les attaques occidentales pour les détruire feront automatiquement beaucoup de victimes collatérales qui seront habilement exploitées médiatiquement par nos ennemis pour galvaniser les Irakiens sunnites. Or cette stratégie très « court-termiste », dévoilant par ailleurs le cynisme des islamistes envers les populations qu’ils prétendent défendre, peut se retourner contre eux. En réalité, si les bombardements devaient durer, les soldats d’Allah pourraient perdre l’appui des populations lasses d’être prises en étau.
Mais la force ne sera d’aucun secours si elle ne s’allie pas à une diplomatie cohérente prenant en considération la situation concrète de l’Irak. Que se passe-t-il en réalité dans ce malheureux pays ? La destruction calamiteuse de l’Etat baasiste par les forces anglo-saxonnes en 2003, en réaction à la nationalisation légitime par Saddam Hussein de la production pétrolière détenue jusqu’alors par les Occidentaux, a eu pour conséquence de pulvériser la colonne vertébrale étatique qui maintenait en fragile unité des populations contradictoires obligées de vivre ensemble depuis la création par les franco-britanniques en 1918 de frontières oniriques, partout dans le Moyen-Orient, afin de s’accaparer l’or noir.
D’ailleurs, le nerf de cette colonne vertébrale était la minorité chrétienne sur laquelle s’appuyait Saddam Hussein pour ne pas trop dépendre des arabo-sunnites ou chiites. C’est pour cette raison que Daesh les violente autant. La règle générale du Coran, qui reconnaît le christianisme comme religion du Livre et Jésus comme Prophète, est de mettre ses adeptes dans une situation de dhimmitude humiliante mais pacifique. En revanche, la loi coranique permet les pires exactions « punitives » envers les chrétiens si ceux-ci ont d’une manière ou d’une autre tenté d’échapper à cette tutelle et, pis encore, ont dominé les musulmans, ce qui fut un peu le cas sous le régime baasiste.
Or la désagrégation de l’Etat et l’introduction de la démocratie à l’occidentale a engendré une catastrophe. En effet, les Arabes ne connaissent pas l’individualisme occidental et, donc, votent de manière groupée et tribale. Souvenons-nous en 2012 de la communauté musulmane en France qui accorda tel un seul homme son suffrage à François Hollande suite à la demande des imams. Or, les chiites étant les plus nombreux en Irak, ils ont automatiquement gagné les élections et ont pris tous les rouages du nouvel Etat, expulsant même les rares Kurdes et chrétiens restant, dans un esprit de revanche historique car c’est la première fois, depuis la mort de Hussein – le fils d’Ali ayant entraîné, à l’aurore de l’islam, la tragique fracture entre sunnites et chiites –, qu’ils pouvaient reprendre un pouvoir dominé depuis toujours pas les sunnites (Empires Omeyyade, Abbasside, Ottoman, le royaume hachémite et même l’Irak révolutionnaire baasiste puisque Saddam était sunnite).
Ce comportement sectaire lourdement soutenu par l’Iran des mollahs, lorgnant sur les pétroles irakiens chiites du Golfe persique au sud et celui, au Nord, des Kurdes certes sunnites mais indo-européens comme eux, a littéralement braqué les arabo-sunnites dont un nombre considérable d’anciens cadres des services d’espionnages et de l’armée baasiste qui ont rejoint l’Etat islamique, avec lequel ils partagent désormais la même haine des chiites mais aussi de cet Occident auquel ils reprochent d’avoir participé à la mise en place des ayatollahs iraniens, ceux-là même qui ont provoqué le funeste conflit irano-irakien des années 80-88, bombardé deux fois leur Etat en 1991 et 2003 et leur a imposé un embargo inique entre ces deux guerres, responsable d’un grand nombre de morts : plusieurs dizaines de milliers de personnes dont beaucoup de femmes et d’enfants. Ils offrent ainsi au Daesh une compétence et une expertise militaire qui n’existe dans nulle autre organisation islamiste.
La France et les Etats-Unis qui ont très bien compris la situation ont appelé intelligemment les autorités chiites de Bagdad à créer un gouvernement d’union nationale au sein duquel des arabo-sunnites réintégreraient des postes politiques, militaires, économiques et administratifs prépondérants. Si nous arrivons à faire plier les chiites qui se sont enfin débarrassés de leur intransigeant président Maliki, il est probable que, à terme, un grand nombre d’anciens cadres baasistes se désolidarisera de l’État islamique dont l’étendard de résistance tant aux occidentaux qu’aux chiites n’aura plus de raison d’être.
Note :
1. Si l’islam sunnite dans son application stricte est très dur, il y a néanmoins des courants théologiques de l’islam moins rigoristes. Le chiisme duodécimain iranien, même virulent, est moins redoutable pour la simple et bonne raison qu’il est un peu imprégné de mazdéisme zoroastrien de la perse antique.
Première religion monothéiste de l’Histoire de l’Humanité – et ce bien avant le judaïsme antique qui ne transforma son dieu païen Yahvé en Dieu Universel qu’entre les IVème et IIIème siècles avant JC –, son enseignement compilé dans les Gathas sont d’une très grande beauté poétique prônant le respect de la nature, de la vie humaine, de la conscience individuelle et une certaine forme d’égalité entre les hommes et les femmes. Ainsi, par exemple, les obscurs mollahs mis en place grâce à l’aide occidentale à la fin des années 70 ont imposé le voile et la polygamie au nom du Coran mais n’ont pu s’opposer à ce que les femmes continuent à travailler et à faire des études, remplissant toujours 60% des bancs universitaires.
Mieux encore que le chiisme iranien, existe le courant sunnite maroco-sahélien de la confrérie Tijani qui est une forme de syncrétisme d’islam soufi et d’animisme africain dont la pratique est très répandue au Mali et au Sénégal. Son fondateur, Ahmad Tijani, avait reconnu la sacralité du roi du Maroc comme Commandeur des Croyants et a donc été enterré en grandes pompes par ce dernier dans la ville de Fès en 1815. « On ignore trop souvent que Fès forme un pôle essentiel pour des millions de Maliens et de Sénégalais pour lesquels le pèlerinage au mausolée du fondateur est au moins aussi important que celui de la Mecque » (Bernard Lugan). Ce courant est vu évidemment comme une abomination par les salafistes, wahhabites ou autres Frères musulmans de l’Afrique du nord ou du Moyen-Orient pour lesquels il s’agit d’idolâtrie.
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