Louis XVI et Hollande, un faux parallèle

Notre Grand Timonier se retrouve souvent comparé au malheureux Louis XVI afin de souligner son immobilisme, sa nullité et son consensualisme mou. La démarche est pourtant maladroite car l’Histoire est une maîtresse exigeante et ne se complaît pas dans les faux rapprochements.

Le premier reproche que l’on fait souvent à notre cher Grand Leader est son immobilisme, son incapacité à faire des réformes. La comparaison avec Louis XVI vient de l’impression que ce roi a laissé, celui d’un monarque incapable de réformer le royaume, conduisant inévitablement au drame de la Révolution Française. Pourtant rien n’est plus faux. Louis XVI accède au pouvoir en 1774 et jusqu’en 1789 il essaya de réformer son royaume. Ce n’est pas anodin que son premier principal ministre fut Turgot, figure éminente de l’École Française d’Économie (il a publié ses Réflexions sur la formation et la distribution des richesses en 1766, dix ans avant Adam Smith qui lui doit beaucoup). Par la suite, avec Necker, Calonne et Brienne il a tenté de réformer la France, ces dernières se brisant sur les résistances de la société d’Ancien Régime (bien plus à même de résister à l’oppression que nos sociétés modernes).

Louis XVI était un réformateur, un vrai, on ne peut en dire autant de François II de Hollande. Quelle grande réforme a t il fait jusqu’à présent ? Aucune. L’essentiel de ses mesures a été de défaire ce que son prédécesseur avait fait. Cela ressemble plus à de la mesquinerie de l’élève médiocre envers le premier de la classe (c’est pour l’image n’y voyez pas une apologie du prédécesseur). Peut-on qualifier le mariage gay de grande réforme ? Pas vraiment c’était plus un moyen de faire détourner les yeux de sujets plus brulant (ô la jolie dette, ô le beau déficit, au revoir crédibilité internationale). Il a préféré briser la société civile que de réformer l’État-gabegie afin de satisfaire une extrême minorité de son électorat qui ne serait pas allée voir ailleurs de toute façon. Bref on a devant nous un lâche qui joue les stratèges de salon, mais pour ce qui est des réformes, il préfère taper sur les faibles (famille, auto-entrepreneurs, start-up, etc).

Une des raisons de l’échec de Louis XVI vient de la société d’Ancien Régime et son extraordinaire capacité de résistance doublée d’un profond conservatisme. Les corps sociaux se sont arcboutés sur leurs privilèges et ont tout fait pour empêcher les réformes. Le rôle du Roi de France est d’être « source de Justice », c’est-à-dire rendre à chacun le sien, il est le garant de l’harmonie de la société. Louis XVI était conscient de son rôle et violer les corps sociaux pour imposer les réformes nécessaires n’était pas une option pour lui. Il était seul avec son ministre contre tous, sa Cour et même sa femme se sont opposées à ses réformes. Il a vraiment goûté à cette solitude du pouvoir.

Notre François Le Mou, lui ne vit pas vraiment la même chose. Il y a un gouffre entre la Cour aristocratique de Louis XVI et le grand raout servile qui accompagne Hollande. On a vu ses grands messieurs (et dames ne soyons pas sexistes) du PS se rallier au surprenant vainqueur. Ce grand bourgeois de Fabius (et oui les socialistes sont rarement prolo, on se demande pourquoi, l’analyse vaut également pour les dirigeants communistes) qui, après l’avoir traité de « Fraise des bois », se retrouve ministre des Affaires étrangères ! On se rallie à qui mieux mieux pour servir le Prince et recevoir ses prébendes. Certes, on rue parfois dans les brancards mais on s’incline plus bas que terre. Quant à l’opposition de la société civile on s’assoie dessus ou on la gaze c’est selon l’humeur du moment.

Ne soyons assassins de l’Histoire et gardons nous de faire des comparaisons trop faciles. D’une certaine manière Louis XVI a été bien plus libéral que François Hollande, il a refusé d’abuser de son pouvoir même pour une bonne cause, il n’est pas sur que notre actuel chef de l’État ait les mêmes scrupules…

> Cet article a été initialement publié sur Contrepoints.org.

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44 Comments

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  • Louis A. F. G. von Wetzler , 2 octobre 2013 @ 18 h 06 min

    Louis XVI, un roi, ou comme disaient les jacobins, un despote. pas de tout , mais aussi, et surtout, un chrétien, un chrétien authentique, à la foi profonde. Dans cette étude pénétrante, c’est l’âme même du roi que nous révèle ainsi Girault de Coursac, ou Borgonove, ou Sévillia et des autres historiens de notre temps.

    On suit, en quelque sorte pas à pas, ce que l’on est presque tenté d’appeler le “calvaire” de la plus noble victime de la Révolution impie, et ce à la lumière même du Calvaire de Jésus-Christ. La dernière page tournée, on ne peut que conclure comme l’auteur : Louis XVI, un roi mais aussi un martyr, c’est-à-dire, n’est-ce pas ? un témoin de la foi et de son amour pour la France et ses sujets.

  • MarcS , 2 octobre 2013 @ 19 h 14 min

    Le seul parallèle que l’on peut faire avec l’époque qu’a vécue notre bon roi Louis XVI, c’est la nuisance occasionnée par les privilégiés du régime d’alors (aristocrates; haut clergé, chefs des grandes corporations….) qui ont torpillé toutes les bonnes réformes qu’il avait l’intention de mener. Aujourd’hui ces privilégiés se nomment autrement (fonctionnaires, journalistes, syndicats…..) mais leur pouvoir de nuisance reste entier et si Flamby avait le courage d’ entreprendre des réformes équivalentes, il aurait le même résultat (en conservant sa tête toute fois….)

  • LUC+ , 2 octobre 2013 @ 19 h 26 min

    Louis xvi n’a jamais eu de maitresse , il mesurait 1m 82 ! Et n’ a jamais été secrétaire du parti Socialiste ! mdr

  • Louis A. F. G. von Wetzler , 2 octobre 2013 @ 20 h 37 min

    Notre bon Roi martyre Louis XVI a pendant ces derniers jours la conviction qu’il lui faudra se sacrifier lui-même pour que les grâces retombent sur le pays. Et là l’idée du Roi sacrifié prend tout son sens. Lors du sacre, le Roi est élevé par les Pairs et présenté à la foule, signifiant ainsi qu’il ne s’appartient plus – il appartient tout entier à son peuple – et qu’il doit être capable de se sacrifier; le Roi appartient tout entier au public, disait Louis XIV. Ce sacrifice, pour Louis XVI est allé jusqu’au sacrifice de la vie. Depuis longtemps, Louis XVI semble comme fasciné par le destin de Charles 1er d’Angleterre. Il connaît la biographie de ce roi par cœur; il l’a lue plusieurs fois, il va la relire dans les semaines qui précèdent sa mort. Il sent qu’un sort identique l’attend. Louis XVI entend donner à cette mort prochaine un sens en offrant sa vie en sacrifice pour que des grâces retombent sur son pays. Lorsqu’il rédige son testament le 25 décembre 1792, en plein procès, il ne se fait plus aucune illusion; il ne croit pas qu’il puisse ne pas être condamné à mort. D’ailleurs, lorsque Malesherbes lui annonce le verdict de la Convention, le vieil homme est en larmes, et c’est Louis XVI qui le console. Le Testament de Louis XVI est avant tout un testament spirituel, Il s’agit d’un acte de foi; il commence d’ailleurs par ces morts : « Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit » ; il s’agit d’un acte de charité, charité vis-à-vis d’abord de ses serviteurs, vis-à-vis de sa famille, de ses enfants, de sa sœur, de ceux qui se sont compromis à son service, qui se sont sacrifiés pour lui ; acte de charité également à l’égard de ses persécuteurs, auxquels il accorde son Pardon. Louis XVI pardonne à ceux qui le persécutent et à ceux qui vont le condamner ; il pardonne également à ceux également, qui, à Coblence, ne lui ont pas facilité la tâche et qui, par excès de zèle, ont contribué à l’affaiblir. On sait que les relations entre les Tuileries et Coblence n’étaient pas bonnes. Ce Testament est aussi un acte de contrition, dans lequel Louis XVI demande pardon à Dieu d’avoir sanctionné les décrets de la Constitution civile du clergé, regrettant profondément de l’avoir fait.

    Texte éminemment spirituel, le Testament se mêle au Vœu de consacrer la France au Sacré-Cœur pour donner tout son sens au sacrifice du Roi. Ce sacrifice du Roi, il est en quelque sorte condensé par les dernières paroles prononcées par Louis XVI sur l’échafaud le 21 janvier 1793: « Je meurs innocent des crimes que l’on m’impute ». Là, il y a peut-être encore un petit reste d’appel à l’opinion publique, l’idée de se justifier. « Je pardonne aux auteurs de ma mort ». Le sacrifice est lié au pardon; ce sacrifice prend un sens dans la mesure où le Roi a pardonné à ses persécuteurs. « Je prie Dieu que mon sang ne retombe pas sur la France » : que Dieu pardonne à ce pays qui s’est révolté contre lui, le Roi, mais d’abord contre Dieu, qu’Il fasse redescendre sur la France égarée des grâces spirituelles par la force du sacrifice de celui qui était l’évêque du dehors.

    Cette dernière prière de Louis XVI n’a pas été entendue. Son sang retombera sur la France. Après la mort du Roi, il y aura la Terreur, les guerres de Vendée. Ce sang va retomber sur la France et la séparer en deux. En coupant la tête du Roi, la République a coupé la tête de la France.

  • monhugo , 2 octobre 2013 @ 22 h 04 min

    Non, 1,93 m – comme rappelé plus haut.

  • LUC+ , 3 octobre 2013 @ 0 h 25 min

    La grandeur de NOS ROIS ! N’avait d’égal que la GRANDEUR DE LA FRANCE !

  • Philippe Aucazou , 3 octobre 2013 @ 7 h 11 min

    Bravo à l’auteur de cet article pour avoir enfin dénoncé la fausseté de cette comparaison et rappelé l’importance du contexte.

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