Conflit syrien : Halte au simplisme !

Tribune libre de Robert Ménard*

Une fois de plus, François Hollande a appelé la « communauté internationale » à une « action urgente » en Syrie.

C’était à la tribune des Nations unies.

Le régime syrien de Bachar al-Assad « n’a pas d’avenir parmi nous », a-t-il lancé avant de dénoncer, au cours d’une conférence de presse, l’ingérence « inacceptable » de l’Iran. Et de poursuivre : « Combien de temps faudra-t-il encore attendre pour que l’ONU réagisse ? (…) Combien de morts faudra-t-il attendre, comment admettre plus longtemps la paralysie de l’ONU ? »

Rien de bien nouveau.

D’autant que, sur les moyens à mettre en œuvre pour « que les Nations unies accordent dès maintenant au peuple syrien tout le soutien qu’il nous demande et protègent les zones libérées, en assurant une aide humanitaire pour les réfugiés », François Hollande n’a pas apporté le moindre début de réponse.

Sur le fond maintenant, permettez-moi quelques remarques.

D’abord sur l’ingérence « inacceptable » de l’Iran. Pour être tout à fait crédible, il faudrait évidemment la mettre en balance avec celle, tout à fait « acceptable » je suppose, du Qatar et de l’Arabie saoudite, deux pays qui arment l’opposition. Et qui sont, comme chacun sait, des parangons de vertu, des modèles en matière de respect des libertés…

Quant au régime de Bachar al-Assad, s’il est autoritaire et fait preuve d’une sauvagerie inadmissible, il n’est pas celui d’un homme esseulé. Il est perçu, que cela plaise ou non, comme un rempart contre l’islamisme par les différentes minorités du pays : chrétiens, ismaéliens, Druzes, chiites et, bien sûr, Alaouites.

Deux millions d’Alaouites qui se vivent « comme les Juifs en Israël, le dos à la mer avec le seul choix de vaincre ou mourir », pour reprendre les mots d’Alain Chouet, ancien chef du service de renseignement de sécurité de la DGSE.

Ne pas prendre en compte l’angoisse de ces minorités, se contenter de condamner un régime, certes criminel, ignorer les rares démocrates syriens au profit d’intégristes soutenus par des États théocratiques, c’est se condamner à l’impuissance ou, pire, à assister, en spectateurs, à l’installation d’un régime qui perpétuera le malheur des Syriens et menacera nos intérêts (j’en conviens, un gros mot).

Une dernière remarque, à l’adresse, cette fois, des médias. Hier encore, je lisais dans la presse que 120 personnes, dont 71 civils, 18 rebelles et 31 soldats avaient trouvé la mort, samedi, à travers le pays, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme.

Et si, chers confrères, vous vous interrogiez un peu sur cet OSDH ? Sur sa crédibilité.

Ainsi, une personne basée à Londres, qui affirme s’appuyer sur un réseau de correspondants que personne n’a jamais pu rencontrer, peut faire un décompte journalier des tués et des blessés dans un pays en guerre ! Pourquoi ne pas pousser vos investigations sur ses liens avec les uns et les autres, et sur son financement ?

*Robert Ménard est journaliste et fondateur de l’association Reporters sans frontières. Il vient de lancer le portail Boulevard Voltaire.

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2 Comments

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  • BUREAU , 2 octobre 2012 @ 19 h 44 min

    Bonjour,
    Comme vous avez raison M.MENARD. Hollande pense certainement que le pays aura plus d’avenir avec les islamistes. Voir ce qu’il en est du printemps arabe !!
    Cordialement

  • xanpur , 2 octobre 2012 @ 21 h 13 min

    Il vrai que les actions menées en lybie et en égypte ont permis l’instauration de belles démocraties !

    Il faut bien faire plaisir à leurs petits copains quatari et saoudien

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