The Dictator : parti pris et démesure

Coup d’oeil du critique : Le tournage du film ayant commencé mi-2011, The Dictator a « bénéficié » des phénomènes récents dont il s’est fortement inspiré. Car il faut avouer que le personnage a un air de déjà vu, mais avec un peu d’irréel en plus. Et c’est assez drôle : on finirait presque par s’y attacher à ce dictateur, à condition de passer par-dessus les très nombreuses blagues en-dessous de la ceinture.

Le film bénéficie d’un budget énorme (65 millions d’euros), ce qui lui permet d’exposer une pléthore d’images sensationnelles (comme défiler sur la 5e avenue de New York avec quatre Lamborghini Murcielago peintes en bleu juste pour l’occasion…), ou encore de déplacer une vingtaine de vaches de Pennsylvanie en Espagne et leur construire un monte-charge sur place, pour une dizaine de secondes de film seulement… de quoi montrer le côté démesuré du film, qui use et abuse de références, principalement à des acteurs ou personnages très connus.

On appréciera particulièrement la critique des médias, ainsi que le caractère décomplexé du film. Tout y passe : le stéréotype du raciste américain, une réflexion particulièrement bien sentie sur New York, etc…
En revanche soyez prévenus : malgré un couplet assez juste sur l’hégémonisme des États-Unis et compte-tenu des producteurs, du réalisateur et des acteurs, vu comme les pays et dirigeants arabes sont montrés, ce film est incontestablement de parti pris dans un certain conflit qui ravage le Moyen-Orient.

C’est d’ailleurs probablement tout l’intérêt du projet puisque l’ingrédient archi-classique de la comédie, un personnage qui devient meilleur, est absolument raté ici.

Bande-annonce :

Réalisateur : Larry Charles
Nationalité : États-Unis
Année de production : 2012

Acteurs : Sacha Baron Cohen (Le général Aladeen), Anna Faris (Zoey), Ben Kingsley (Tamir), Jason Mantzoukas (Nadal)

Durée du film : 1h23

Résumé du dossier de presse : Isolée, mais riche en ressources pétrolières, la République du Wadiya, en Afrique du Nord, est dirigée d’une main de fer par l’Amiral Général Aladeen. Vouant une haine farouche à l’Occident, le dictateur a été nommé Leader Suprême à l’âge de 6 ans, après la mort prématurée de son père, tué dans un accident de chasse par 97 balles perdues et une grenade ! Depuis son accession au pouvoir absolu, Aladeen se fie aux conseils d’Oncle Tamir, à la fois Chef de la Police Secrète, Chef de la Sécurité et Pourvoyeur de Femmes. Malheureusement pour Aladeen et ses conseillers, les pays occidentaux commencent à s’intéresser de près à Wadiya et les Nations Unies ont fréquemment sanctionné le pays depuis une dizaine d’années. Pour autant, le dictateur n’est pas du tout disposé à autoriser l’accès de ses installations d’armes secrètes à un inspecteur du Conseil de Sécurité – sinon à quoi bon fabriquer des armes secrètes ? Mais lorsqu’un énième sosie du Leader Suprême est tué dans un attentat, Tamir parvient à convaincre Aladeen de se rendre à New York pour répondre aux questions de l’ONU. C’est ainsi que le dictateur, accompagné de Tamir et de ses plus proches conseillers, débarquent à New York, où ils reçoivent un accueil des plus tièdes. Il faut dire que la ville compte une importante communauté de réfugiés wadiyens qui rêvent de voir leur pays libéré du joug despotique d’Aladeen. Mais bien plus que des expatriés en colère, ce sont des sanctions qui attendent le dictateur dans la patrie de la liberté…

Une critique publiée en partenariat avec lecran.fr.

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7 Comments

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  • 0 / 10
  • Robert , 2 juillet 2012 @ 21 h 39 min

    Au moment de la Gay Pride et des avancées homosexuelles, cette “prestation” de Sacha Baron Cohen aurait manqué.
    Je ne détaillerais pas ses délires, mais il ne recule devant rien, vraiment rien.
    C’est peut-être ça l’idéal homosexuel?
    Ah, oui, Sacha Cohen est une grande folle!

  • Gomez Aguilar , 3 juillet 2012 @ 3 h 04 min

    “…compte-tenu des producteurs, du réalisateur et des acteurs…” (c’est-à-dire? Ils ont oublié de mettre leur étoile jaune, M. Éric Martin?)… “vu comme les pays et dirigeants arabes sont montrés, ce film est incontestablement de parti pris dans un certain conflit qui ravage le Moyen-Orient.”

    Ah bon? Il vous paraît si dommage que ça que le film ne soutienne pas le Hamas, le Hezbollah et l’Iran? C’est vrai, maintenant que je suis “prévenu” de ce regrettable parti-pris, j’ai beaucoup moins envie d’aller le voir.

    Le genre de critique qui laisse un peu sans voix… Passons.

  • Eric Martin , 3 juillet 2012 @ 7 h 39 min

    1° Cette critique n’est pas de moi mais de notre partenaire lecran.fr et postée par mes soins.
    2° Sous prétexte que le film est pro-Israël (ce qui n’est pas un crime en effet), nous n’aurions pas le droit de le mentionner ? NDF est, je crois, un des rares médias français qui osent parler de lobby gay, de lobby chrétien ou de lobby juif.

  • Gomez Aguilar , 3 juillet 2012 @ 14 h 55 min

    1° Ah fort bien, fort bien, excusez-moi. Un article intitulé “The Dictator : parti-pris et démesure”, avec en sous-titre “Par Éric Martin le 2 juil, 2012 @ 10:56” a tendance à m’enduire d’erreur sur le fait qu’Éric Martin est l’auteur de l’article :-) Je prends note qu’il n’en est rien.

    2° Je vous mets à l’aise, le principe de lobby ne me choque ni dans le mot ni dans la chose, quel qu’il soit. Sous ce nom ou sous un autre, c’est ainsi que la totalité des décisions et des orientations se prennent depuis que le monde existe. C’est normal et je ne comprends même pas où est le problème… Que le meilleur gagne! En souhaitant que ce soit plutôt un de ceux qui me sont sympathiques, plutôt qu’un des autres, évidemment.

    En l’occurrence, ma remarque portait sur le ton de cette phrase dont les sous-entendus évoquaient je ne sais quel brume idéologique soralo-dieudonniesque, à laquelle je suis allergique. D’autant qu’à propos du “certain conflit” (qui accessoirement ne “ravage” rien du tout, à part dans les délires séniles de Stéphane Hessel), j’ai choisi mon camp, et compte-tenu des parties en présence, le choix n’a pas été long.

  • Eric Martin , 3 juillet 2012 @ 15 h 22 min

    On pourrait créer un compte lecran.fr mais je préfère des comptes avec prénom et nom. Or, il y a de trop nombreux critiques différents au sein de l’association Défi culturel qui édite lecran.fr pour leur créer à chacun un compte sur ndf.fr… Mais je sais que ce n’est pas satisfaisant.

    Je partage votre opinion sur les lobbies et ne m’intéresse pas particulièrement à ce conflit. Je n’aime juste pas le simplisme qu’on peut trouver chez certains sites défendant une position ou la contraire.

  • Gomez Aguilar , 4 juillet 2012 @ 3 h 25 min

    Alors nous sommes d’accord :-)

  • Raphaël Jodeau , 11 juillet 2012 @ 15 h 10 min

    Monsieur Gomez Aguilar,

    Délégué général de l’association Défi culturel, qui s’occupe du site lecran.fr, dont je suis également le coordonnateur, je ne découvre que bien tard vos commentaires sur notre dernière critique The dictator.

    Éric Martin a raison de ne pas assumer nos critiques, je suis là pour ça. Vous semblez en effet regretter que nous mettions au grand jour le parti pris de ce film. Je ne vois pas au nom de quoi nous faillirions à notre mission en ne révélant pas à nos lecteurs ce parti pris, d’une façon exactement neutre quoique vous en disiez.

    En effet, quelqu’un d’autre pourrait tout aussi bien nous accuser d’être pro-israëlien sur le fondement de la même critique, puisque nous disons que ce parti pris est “tout l’intérêt du projet.”

    Alors qu’en est-il ? Rien de tout ça. Notre objectif est de passer les films au révélateur pour en donner l’orientation philosophique et politique, sans autre parti pris que celui de la philosophie réaliste. C’est ce que mon critique a fait en l’occurrence et je l’en remercie.

    Je me tiens à votre disposition pour plus d’information.

    Bien cordialement.

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