Alors, les cocus ?

Un billet de Jacques de Guillebon* pour Nouvelles de France

Il y a exactement deux mois, nous commettions une vilaine tribune à l’intention des ardents lecteurs de Nouvelles de France où nous tentions d’expliquer pourquoi il ne fallait pas plus voter au second tour pour Nicolas Sarkozy que pour François Hollande. Dire qu’elle nous valut une bordée d’injures et la fin des goûters du dimanche après-midi chez la comtesse à Versailles (1) serait peu dire.

Nous ne nous en sommes pas formalisé, habitué que nous sommes au sang chaud des catholiques de France. Seulement, maintenant qu’on a fait la paix et que tout va très mal comme d’habitude, il serait injuste de ne pas citer un grand esprit de l’UMP qui vient de remettre les pendules à l’heure. Et nous avons le grand regret de vous annoncer, chers lecteurs impulsifs, que cette heure n’est pas à votre avantage. Que nous dit en effet Dame Dati, sur les ondes d’Europe 1, aujourd’hui même ? Que l’UMP « n’a jamais dit non au mariage homosexuel » et qu’il ne faudrait surtout pas les « prendre pour des réacs ». Or, si notre mémoire ne nous trahit pas – mais n’hésitez pas à nous corriger, chers lecteurs et commentateurs – la question du mariage des personnes homosexuelles était bien l’un des arguments que vous brandissiez fortement en faveur de votre vote – au nez bouché, nous le savons bien – pour le « candidat sortant », comme dirait le candidat entrant.

Vous aviez donc tort. Avouez-le. Nous ne vous en voulons pas, et nous n’avons pas le triomphe orgueilleux. Nous voudrions juste savoir ce que ça fait d’être encore une fois les cocus.

*Jacques de Guillebon est un écrivain, essayiste et journaliste français. Il écrit dans La NefPermanences et Témoignage chrétien.

1. Non, j’déconne.

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27 Comments

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  • JG , 2 juillet 2012 @ 13 h 37 min

    Ceux qui croient que la politique est seulement l’affaire du diable vivent en effet dans le monde. Sans doute celui pour lequel à l’heure de passer à Son Père, Jésus ne priait pas.
    “Les petits mufles de la génération réaliste”, encore une fois.

  • JG , 2 juillet 2012 @ 13 h 38 min

    Ayez le triomphe modeste, en effet, puisque vous aviez tort. Je vous conseille d’aller demander à M. Vanneste si l’UMP est si conservatrice que vous aimez le croire.

  • JG , 2 juillet 2012 @ 13 h 40 min

    Exactement, Isa : la cour de récré.
    Quand nous disons la vérité avant, on nous insulte.
    Quand nous disons la vérité après, par contre on nous insulte.

  • Neo , 2 juillet 2012 @ 14 h 44 min

    Merci de votre réponse, même si je crains que vous n’ayez guère compris. Je n’ « aime » pas croire que l’U.M.P. est conservatrice. Elle est, au moins dans sa stratégie politique — à distinguer des éventuelles convictions de ses membres ! –, moins subversive que le P.S. au point de vue des questions de civilisation les plus essentielles qui sont accessibles au combat politique (parce que l’essentiel pour moi est au-delà du combat politique). D’où la conclusion qui était la mienne et celle de 80 % de catholiques (certes pour une bonne part en suivant des raisonnements différents) : il fallait voter M. Sarkozy au second tour pour éviter l’irréparable. C’est tout ! Je ne vois aucune illusion sur le caractère conservateur de l’U.M.P. là-dedans ?!?

    Et c’est justement parce que je ne faisais aucune illusion sur les convictions des personnes de l’U.M.P. qu’il aurait été fort souhaitable que M. Sarkozy gagne, afin que ceux qui ont des convictions fidèles à la morale naturelle, fort rares, puissent continuer à le faire au sein dudit parti, que ceux qui prennent appui sur les électeurs pour qui c’est important continuent à le faire, et que ceux qui in petto avaient des convictions opposées continuent à se taire. Hélas, maintenant, la dynamique est inversée, peut-être pas irrémédiablement cependant.

    Je n’avais pas tort, j’avais raison.
    Les éléments sur lesquels j’ai insisté sont, d’une part : si le P.S. passe, nous aurons les lois abominables que nous savons et qui de plus vu l’absence de réelle opposition de conviction en face risquent fortement de ne pouvoir être remises en cause. Ce qui se passe, de fait.
    Et, d’autre part, que si l’U.M.P. passait, le mariage homosexuel ne passerait pas dans les cinq ans (engagement de campagne et cohérence du parti, respect de l’électorat étant que la campagne en avait fait un sujet clivant, obligent), ni l’euthanasie, qu’il y avait au moins des possibilités que les lois de bioéthique ne soient pas trop agravées, etc. Et je persiste à penser que c’est tout à fait vrai. De plus, et je l’avais écrit, au cas où même cette évaluation de l’U.M.P. était encore trop optimiste — ce que je ne crois pas du tout — entre un mal certain et une possibilité d’y échapper, il n’y avait pas à barguigner.
    (J’ai par ailleurs évoqué d’autres arguments, e. g. le risque que la défaite de M. Sarkozy, vu l’orientation de sa campagne, ne fragilise encore plus les éléments sains subsistant au sein de l’U.M.P. — mais comme je viens de vous le dire, c’est précisément ce que vous avez eu le bon goût de constater, me donnant raison également sur ce point !)

    Donc, j’avais raison, mais je ne triomphe aucunement, mon but ayant été — le vôtre, je ne l’ai pas vu ni ne le voie maintenant ? — d’éviter ce qui va maintenant certainement nous tomber dessus.

    Je ne comprends vraiment pas comment — ou avec quel objectif… ? — on peut nier qu’il y ait une différence entre « droite » et « gauche » (au sens actuel du terme et des gens qui les représentent) sur ces sujets. Il suffit de regarder le détail des votes, des propositions de loi, etc. (même si je suis le premier à dire que cette droite n’en mérite que très peu le nom) Parlez aux associations se battant pour cela et demandez-leur s’il n’est pas vrai que, à droite, ils ont, d’une part certaines personnes totalement ou presque de leur côté, d’autre part pas mal de gens ouverts sinon à leurs arguments du moins à l’importance de respecter le courant d’opinion qu’ils représentent… alors qu’à gauche, ils sont bien tous convaincus de l’exigence absolue d’aller dans la direction diamétralement opposée.

    Excellente idée que de demander son avis à M. Vanneste, je suis tout à fait persuadé qu’il sera d’accord avec moi — avec ce que je dis vraiment, s’entend (je n’ai par exemple pas dit (je n’ai pas dit le contraire non plus) — avis aux éventuels mal-comprenants — qu’il fallait militer à l’U.M.P. ni soutenir ce parti !!!).

  • JG , 2 juillet 2012 @ 15 h 51 min

    On doit conclure de votre dernière phrase que vous n’avez rien dit. M. Vanneste doit se mordre les doigts, mais un peu tard, d’être systématiquement revenu à l’UMP qui le détestait et où nul n’entendait ses mises en garde.
    C’est exactement ce que je voulais démontrer : qu’il n’y a pas d’utilité à militer au sein de l’UMP ni à voter pour elle, puisqu’il s’agit d’un parti stalinien qui broie les éléments discordants. Ma stratégie – je vous la réexplique, puisque vous avez du mal à la comprendre – était, est toujours, que le salut ne peut venir que de l’éclatement de l’UMP qui permettra et de sortir de l’esprit de parti qui est toujours méphitique et anesthésiant pour l’intelligence et la liberté, et d’opérer une recomposition où se découvriront les vrais défenseurs de la vie, par exemple, et les autres.
    Vous n’aviez donc aucunement raison d’appeler à voter pour quelqu’un qui non seulement ne vous avait donné aucune garantie, mais encore gouvernait au doigt mouillé et n’était doué d’aucune pensée structurée.

  • Neo , 2 juillet 2012 @ 17 h 16 min

    Si, j’ai dit quelque chose, ceci : qu’il fallait voter pour M. Sarkozy au second tour de la présidentielle.
    Par ailleurs, j’avais une excellente raison de voter, qui est éviter les lois déstructurantes dont l’effet sera terrible et irrémédiable.

    Votre stratégie ne marche pas — je rappelle que ce n’est pas M. Sarkozy qui a été élu et que ce sont donc bien vos hypothèses et votre stratégie que nous sommes en train de tester en temps réel — jusqu’ici, je n’ai pas vu ni ne vois à court terme l’U.M.P. éclater. Je n’ai pas vu ni ne vois à court terme le pouvoir politique s’exercer autrement que par les partis. Ce qui ne signifie pas qu’il n’y ait pas d’autre solution ; ce qui ne signifie pas qu’il ne faille pas mener de réflexion à la Simone Weil ou autres pour libérer la politique des partis, pour libérer, même, la Cité de l’emprise exagérée de l’État.

    Je dis la même chose qu’à M. Bernard, qui prônait le même non-vote que vous : votre stratégie n’est qu’une ébauche, puisque vous ne nous dites pas comment ceci va advenir, comment nous pouvons y aider, et surtout quelles sont nos chances de réussite. Le seul point précis de vos stratégies est le point le plus contestable, et c’est le non-vote pour M. Sarkozy. Contestable parce que, d’une part, il a eu des résultats négatifs — et quels résultats ! des meurtres, le mal autoproclamé bien — et que, d’autre part, les autres éléments de votre ébauche de stratégie, par ailleurs point absurdes mais fort hypothétiques et imprécis, tiennent bon si l’on renonce audit non-vote.

    Le problème, donc, c’est que votre appel a eu comme conséquence — pas tout seul, je vous rassure — quelque chose d’extrêmement mauvais, qui était plus que prévisible et quasiment certain, et cela au profit d’une vague stratégie, aux contours plus que flous, dont les chances de succès sont plus que douteuses puisque les moyens n’en sont même pas définis. Donc cet appel était une faute.

    Mais peu importe (pas tout à fait cependant, parce qu’il ne faudrait pas commettre la même faute derechef), concentrons-nous donc sur cette recomposition (ça part mal selon moi, puisque je ne vois pas l’U.M.P. éclater, mais bon). Quels moyens, quels forces en présence, quel calendrier ? Quelle présence sur le terrain, quelle présence médiatique, électorale ; quel quadrillage, quels objectifs en terme de prise d’influence, puis de pouvoir ?

    Nous arriverons ainsi au terrain intéressant, et je dois dire que vous me décevriez si vous ne faisiez pas part de vos projets en ce sens.
    Cependant il me semble que votre recomposition, pour prendre l’exemple que vous donnez, aura comme résultat que nous découvrirons que les vrais défenseurs de la vie sont à peine 1 % (ce n’est pas à vous que j’apprendrai qu’il y a des soi-disant défenseurs de la vie qui sont en fait davantage des défenseurs de la fécondité de la race blanche…) ; ayant abandonné l’U.M.P. aux gauchistes ou semi-gauchistes qui déjà y dominent, les idées correspondantes domineront, et, ce parti et le P.S. étant ultradominants médiatiquement, ils seront totalement hégémoniques et notre défense du bien commun et des plus faibles n’aura même plus droit à la parole. Voilà ce à quoi me paraît mener votre stratégie, à court et à moyen terme.

    Par ailleurs, je suis bien d’accord qu’il faut construire autre chose, mais ceci prendra du temps, et c’est pour cela que par ailleurs si l’on avait pu ne fût-ce qu’un temps éviter d’installer des lois barbares, ç’aurait été bien, n’est-ce pas. Parce que, une fois que l’euthanasie sera votée, ainsi que le mariage des « paires » et l’adoption, qu’il sera interdit de faire état de notre opposition à cela publiquement et dans les écoles, que comme en Belgique et ailleurs les hôpitaux catholiques devront assurer qu’ils assureront l’euthanasie à qui le réclamera — cessant par là même d’être catholiques, que tout maire catholique sera sous la menace de devoir démissionner — sous peine de pécher — au cas où une «paire » veut se marier sous son autorité, etc., vous ferez quoi ?

  • Isa , 2 juillet 2012 @ 17 h 58 min

    Le pire de l’histoire, c’est que j’avais suivi avec intérêt vos réflexions avant la présidentielle. Même si j’avais voté au second tour, au final, ça m’avait quand même fait réfléchir. Ce n’est pas le fond qui me gêne dans ce papier, bien au contraire, c’est totalement la forme !

    Un billet “alors, les cocus ?” Désolée mais là je dis : O_o Troll !

    Vous ne vous adressez pas qu’à des goujats dans l’histoire !! Vous vous adressez *aussi* à des lecteurs respectables et respectueux qui n’ont aucune envie d’être considérés comme de la bouse de vache. Encore une fois, internet n’est pas une poubelle pour la presse écrite, ou alors on n’arrivera jamais à rien construire ici.

    A l’avenir, merci de vous rappeler que tout le monde ne vous insulte pas ici, et que ce n’est pas parce que nos réflexions nous ont mené à des conclusions différentes que l’on pense du mal de vous, et que vous pouvez nous traiter avec autant de morgue.

    Désolée, c’est bien la première fois que je m’énerve de la sorte contre vous, d’habitude j’ai plutôt tendance à calmer le jeu. Essayez de relire votre papier à tête reposée et vous comprendrez peut-être pourquoi vous vous êtes fait insulter aujourd’hui.

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