Il a suffit d’un scandale sur quelques cas de malaises ou de décès à l’issue de l’usage de pilules contraceptives de dernière génération pour voir les ventes de toutes les gammes de pilules contraceptives s’effondrer. Ce n’est pas que les mentalités changent. Les femmes et les hommes de notre bonne vieille France sont toujours les adeptes du plaisir déconnecté de la fécondité, alors que le simple bon sens montre que ce sont les deux faces d’un même ensemble. Mais dans un monde du “risque zéro”, quelques dizaines de cas particuliers montés en épingle par la presse ont suffi à provoquer une véritable débâcle.
Le scandale n’est pas si mauvais qu’il y parait puisqu’il a incité de nombreuses femmes à se poser la question de la manière dont elles concevaient leur vie sentimentale dans son caractère charnel, et certaines d’entres elles ont décidé de se tourner vers les méthodes naturelles de régulation des naissances, à savoir celles fondées sur l’observation du cycle féminin par les températures, et celles dites Billings, fondées sur l’observation du cycle par la glaire.
De tels changements de pratiques demeurent très largement minoritaires, mais à peine le frémissement a-t-il été constaté par quelques sondages indélicats, que la presse et le ministère de la santé ont jugés bon de monter au créneau pour disqualifier ces méthodes jugées peu fiables. Certaines féministes n’ont pas hésité à parler d’une régression de la liberté des femmes. Et le ministre de la santé s’est ému de ce que même “des femmes instruites”, pratiquaient maintenant ce genre de méthodes.
La dernière déclaration vaut son pesant de cacahuètes. Car en somme, aux sauvages et aux crétins les méthodes naturelles, aux civilisés les contraceptifs artificiels.
La question de la civilisation n’est cependant pas si éloignée que cela de notre problème, puisque la méthode Billings, du nom des deux médecins australiens qui la mirent au point au milieu du XXe siècle, l’adaptèrent d’abord à des populations de pays sous-développés, souvent illettrées, et où les contraceptifs étaient inexistants. Ce n’est que dans un second temps que ces méthodes se développèrent dans les pays développés où elles vinrent remplacer heureusement ce que l’Eglise appelait chastement “l’onanisme conjugal”, comprenez le retrait, qu’elle condamnait, et où elles vinrent faire une concurrence un peu tardive et bien anecdotique aux contraceptifs.
Pourquoi concurrence ? Parce que la démarche est radicalement différente. Le contraceptif repose sur une démarche individuelle. Chaque homme, chaque femme est libre d’utiliser ou non un contraceptif et en assure la gestion tout seul. Les méthodes naturelles nécessitent une observation quotidienne de la part de la femme et, si le couple souhaite le succès de ces méthodes, l’époux doit y être associé pour vérifier au quotidien le cycle de son épouse et ainsi lui-même régler ses velléités sur les dispositions morales et physiques de sa femme. Ce sont donc avant tout des méthodes collaboratives. Elles sont incompatibles avec l’adultère, le vagabondage ou l’individualisme hédoniste. C’est la clef de leur succès. Les échecs de ces méthodes sont souvent liés à une utilisation dans une optique individuelle, ou purement contraceptive, alors qu’il s’agit bien de régulation. Ce n’est pas tant l’outil qui change que l’état d’esprit dans lequel il est pratiqué.
Face à cette nécessité de dialogue et de collaboration du couple, mais aussi face à cette obligation du plus grand respect du rythme naturel de l’épouse, bien des hommes se crispent. Eux qui étaient de chauds lapins quelques instants plus tôt, les voici aussi amidonnés que des calvinistes du XVIe siècle. La vérité c’est qu’ils ne sont pas pudibonds mais narcissiques. Ils voulaient le corps à disposition et ils se rendent compte qu’il va falloir composer non plus seulement dans la négociation avec l’épouse pour la rendre disponible, mais aussi avec la réalité de la nature.
Evidemment, ces méthodes naturelles représentent tout ce que les tenants de l’hédonisme actuel détestent. Alors que les contraceptifs permettent de déconnecter le sexe de sa finalité d’engendrement pour en faire un pur outil de plaisir, ces méthodes impliquent de toujours conserver en mémoire le plaisir et le principe de génération. Le risque naturel existant, il convient aussi de garder une véritable ouverture à la vie, rejetée par le contraceptif couronné par ses succédanés abortifs. Alors que les contraceptifs permettaient aux hommes de disposer de leurs femmes à tout moment du mois et même d’aller voir ailleurs sans risque, les voici cantonnés à la fidélité et au respect du rythme naturel. Alors que les femmes croyaient s’affranchir de la nature, les y revoici.
On s’en rend bien compte, les méthodes naturelles sont insupportables pour les lobbys pharmaceutiques, pour les hédonistes de tous poils et pour les défenseurs de ce que saint Jean-Paul II appelait la culture de mort.
Alors il faut les décrédibiliser en montrant leur inefficacité. Mais des milliers de familles sont là pour témoigner de leur efficacité. Les formations à ces méthodes existent dans toute la France. Enfin, si certains sceptiques doutent du témoignage de ces hommes et de ces femmes, il leur suffira d’ouvrir un livret de famille. Si ces méthodes sont si peu fiables, comment expliquer quatre ou cinq naissances cadencées comme du papier à musique de trois ans en trois ans, par exemple ?
Et si la vraie libération des femmes n’était pas là, dans l’utilisation de méthodes qui préservent leur nature, qui contraignent leurs époux ou leurs concubins à se mettre à leurs diapasons et à leurs rester fidèles, qui obligent les ménages à dialoguer et à collaborer ?
A méditer donc…
> Gabriel Privat anime un blog.
9 Comments
Comments are closed.