La Russie ne veut toujours pas admettre qu’elle est un pays européen

Qui aurait dit que, 76 ans après la crise des Sudètes, un pays européen utiliserait les mêmes arguments que Hitler pour garder sous son influence – à défaut d’une annexion pure et simple – des territoires frontaliers d’un pays étranger sous prétexte qu’ils sont peuplés de descendants d’immigrants de son ethnie. Les russophones d’Ukraine, ce sont les Sudètes de Tchécoslovaquie.

Nous avions déjà été surpris, il y a cinq ans, de l’annexion de facto de deux provinces autonomes de la Géorgie conquises à la suite d’une blitzkrieg irrésistible. Décidément, après la Hongrie en 1956, la Tchécoslovaquie en 1968, l’Afghanistan en 1979, la Moldavie en 1992 (la Transdnistrie), la Géorgie en 2008, la Moscovie, comme l’appellent souvent les Ukrainiens, envoie encore une fois ses troupes dans ce qu’elle désigne comme son « étranger proche ».

Il est inconcevable que tout autre pays européen se conduise comme cela envers un de ses voisins, à l’exception de la Serbie à l’égard d’abord de la Slovénie en 1990, de la Croatie en 1991, de la Bosnie en 1992, du Kosovo de 1989 à 1999. La Serbie, meilleure alliée de la Russie à l’époque. Vous avez dit bizarre ?

“Les russophones d’Ukraine, ce sont les Sudètes de Tchécoslovaquie.”

La Russie de Poutine ne se conçoit pas en tant que pays européen, mais en tant qu’État eurasiatique. Ce sentiment vient de loin. C’est tout le combat entre slavophiles et occidentalistes qui s’est poursuivi jusqu’aujourd’hui avec des acteurs toujours différents et toujours renouvelés. Ivan le Terrible, Staline, Brejnev et Poutine versus Pierre le Grand, Lénine et Gorbatchev. Eltsine oscillait entre les deux au gré des marques de vodka.

Inutile de dire que cet ainsi-nommé rôle de « pont » entre l’Asie et l’Europe est totalement fantasmatique. Et que le jour n’est peut-être pas si loin où les 20% de musulmans asiatiques (Tatars, Bachkirs, Daghestanais et autres) que comprend la Russie et les millions d’immigrés chinois clandestins déjà installés en Primorie (extrème orient russe) feront sentir aux successeurs de Poutine ce que c’est que l’Asie réelle. Du reste, les humanistes tchétchènes en donnent un avant goût.

Alors bien sûr, la Russie éternelle se retournera vers l’Europe en chemise et pieds nus pour réclamer aide et protection. Mais hélas, on peut craindre que, par une ruse de l’histoire, l’Union européenne dans ce futur proche ne soit plus, elle-même, européenne mais une espèce de machin hors-sol, adepte des expérimentations sociétales et battue au grand vent de la financiarisation sans rivage.

Nous aurions pu parler des soutiens français à la Russie. Dis moi qui te soutient, je te dirai qui tu es.

Ce conglomérat (j’allais dire ramassis) étrange réunit tous les extrêmes, rouges, bruns, puis rouges-bruns, gaullistes attardés, amoureux de l’exotisme orthodoxe, adeptes du complot sionisto-américano-vaticanesque. Bref, du beau linge!

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140 Comments

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  • chrismaz , 3 mars 2014 @ 14 h 54 min

    Moi je n’admet pas justement que l’Europe accueille tout les pays à la ramasse de la post ère soviet. Déjà nous sommes une vraie passoire au niveau de nos frontières. Russie Européenne, et pourquoi pas tant qu’on y est, accueillons tout le moyen orient !! Qui va financer l’Ukraine à votre avis ? Nous mêmes. Une Europe des 12 suffisait largement, une Europe a plus de 30 est une bombe à retardement.

  • patrick canonges , 3 mars 2014 @ 14 h 57 min

    Je ne crois pas pour ma part à une scission, ni même à une annexion franche de la Crimée.
    En revanche, après l’accord inévitable entre les 3 parties (UE, Ukraine, Russie), Poutine essaiera de peser sur la politique (et l’économie) ukrainienne avec une république autonome de Crimée quasiment indépendante de facto.

  • Sully , 3 mars 2014 @ 14 h 58 min

    NdF est en dessous de tout . Je suis totalement en phase avec tous les commentaires critiques . Il faudrait qu’il y ait un vaste mouvement de citoyens de l’UE qui demandent la nationalité russe , comme nombre de serbes l’ont fait et déjà un certain nombre de grecs (outre plusieurs centaines de milliers d'”ukrainiens”). Même les fonctionnaires le pourraient , avec la pratique de la double nationalité …En attendant , il faut apprendre le russe . Massivement . Le russe ( la langue du libérateur) , qui est une très belle langue , devra remplacer l’anglais , la langue de l’occupant) . C’est la Russie (le plus grand pays européen) , qui sauvera l’Europe de la culture de mort et de l’asservissement otano-yankee . On pendra le dernier commissaire (enfin , la dernière , y a qu’des bonnes femmes , ou presque) avec les tripes du dernier otanocrate !!!!–)))))) . Vous avez vu la gueule de Rasmussen : il a l’air de paniquer , ah! ah!

  • Patrick Canonges , 3 mars 2014 @ 16 h 12 min

    Je ne crois pas à la scission. Car finalement la Crimée est plus utile (pense-t-il) en tant que république autonome dans l’Ukraine, que s’il l’annexait, pour peser sur la politique extérieure de cet Etat.

  • myriam , 3 mars 2014 @ 17 h 30 min

    “Comment avons nous le courage de critiquer Poutine jusqu’à lui prêter des méthodes Hitlériennes ”

    “Quand on veut noyer son chien on dit qu’il a la rage”

  • Alain Cavaillé , 3 mars 2014 @ 17 h 30 min

    L’Ukraine a au moins deux bonnes raisons de ne pas vouloir intégrer l’Europe : Historique d’abord, puisque l’Ukraine est le berceau de la Russie, en opposition aux Mogols, et maintenant politique et géopolitique car elle a parfaitement compris le double-jeu “occidental”. Voir la Géorgie.
    Donc “à chier, nul et pauvre”, c’est exactement ce qu’il convient de dire.
    Ils auraient même pu aller un peu plus loin en soutenant Lévy, qui se targue de faire son affaire à Poutine…le pauvre !!!

  • scaletrans , 3 mars 2014 @ 17 h 39 min

    Les mots grossiers décrédibilisent leur auteur; c’est dommage car l’idée générale est bonne.

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