Le règne des émotions collectives favorisé par la désinformation quotidienne à flux tendu nous soumet à l’alternance de la peur et de la colère : peur du chômage et colère contre les taxes qui étranglent notre économie, peur de perdre son identité et ses valeurs et colère contre une idéologie qui prépare le changement de peuple, peur de l’immigration et colère contre l’incapacité de l’Europe à la maîtriser, peur de l’insécurité et colère contre le laxisme de la politique judiciaire, peur du réchauffement climatique ou de l’énergie nucléaire et colère contre les trafiquants de la chaîne alimentaire ou les pollueurs, peur du racisme et colère contre la délinquance, le fanatisme et le terrorisme importés, peur de notre passé comme de notre avenir, peur de l’étranger comme de nous-mêmes et colère contre l’impuissance et l’irresponsabilité de ceux que nous avons choisis pour nous diriger. Lors de son discours d’investiture de 1933, F.D. Rooseveelt déclarait avec force : « La seule chose dont nous devons avoir peur est la peur elle-même… la déraisonnable, l’injustifiable terreur qui paralyse les efforts nécessaires pour convertir la déroute en marche en avant. » Ce discours est plus que jamais d’actualité pour… les Européens et les Français en particulier. Le vieux continent tellement riche et tellement peuplé qu’il collectionnait les précautions et les assistances, tellement écrasé par le poids de son passé qu’il multipliait les inhibitions et les repentances, se voit soudain moins riche, moins puissant, et toujours plus vieux. La nation qui a le plus de poids, l’Allemagne, est aussi celle qui vieillit le plus vite. Elle a troqué la peur de l’atome contre celle du réchauffement climatique. Mais elle a gardé la peur panique de voir sa monnaie se dégrader. Les Français, quant à eux, sont, de tous les Européens, ceux qui sont les plus pessimistes, qui ressentent le plus la crainte du futur et la colère contre un présent insupportable.
La peur entrave l’action, la colère la rend inefficace. Il faut se libérer de la peur et libérer l’énergie de sa colère dans une action efficace, fondée sur la vérité et la raison. La vérité rend libre. Cette formule évangélique a une portée générale. Il faut discerner les mensonges qui suscitent les peurs paralysantes. Taxer les « riches » ne rendra pas les pauvres moins pauvres, mais découragera les premiers jusqu’à les faire partir et fera grossir le nombre des seconds. L’IFOP révélait récemment que 58% des jeunes diplômés étaient pessimistes sur leurs chances de trouver un travail et que 27% envisageaient de partir à l’étranger, accentuant un phénomène d’expatriation que le sénateur Mariani avait souligné l’année dernière (+ 62% entre 2010 et 2011). En revanche, une immigration non maîtrisée pour laquelle il n’y a ni travail, ni logement, mais le coût d’une assistance sans contre-partie, les risques d’un accroissement de la délinquance, d’un effondrement des performances scolaires, et d’une menace sur la capacité de transmettre l’héritage ou de garantir l’identité culturelle, ne suscitent pas une peur irrationnelle mais éveillent une prudence raisonnable dans l’intérêt même des immigrés que nous pouvons accueillir. Il faut se libérer d’une technocratie et d’une monnaie européennes qui nous clouent au sol. Il faut se délivrer de la dictature hypocrite des verts dont la séduction a touché un certain nombre de carriéristes de la politique. Englués dans le principe de précaution, nous avons renoncé aux OGM, au gaz de schiste, et avons été terrorisés par le réchauffement climatique. Après Allègre et Courtillot, c’est Benoît Rittaud qui dénonce le mythe climatique en montrant que l’augmentation considérable de rejets de CO2 dans l’atmosphère de ces dix dernières années a correspondu à une stagnation de la température du globe. Paradoxalement, les défenseurs de la Nature s’attaquent aux deux bouts de la vie en favorisant l’avortement et l’euthanasie. Il s’y attaquent même au centre en militant pour des unions intrinsèquement infertiles. Nous en sommes arrivés à avoir peur de la vie ! Mais nous reculons lorsqu’il s’agit de faire preuve de sévérité avec ceux qui attentent à la vie d’autrui.
En fait, on nous apprend chaque jour à avoir peur de nous-mêmes. Le moteur d’une société saine, c’est au contraire la confiance, celle qui incite à créer des familles, des entreprises, à prendre des risques calculés, et à regarder l’avenir et les enfants qui vont y vivre avec la force d’un passé dont on doit être fier. N’ayons plus peur, et surtout pas d’être nous-mêmes.
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