Propos liminaires. Le samedi 29 novembre 2014, lorsque furent proclamés les résultats par la Haute autorité, présidée par la juriste Anne Levade, les cadres de l’UMP, sarkozystes ou non, n’hésitaient pas à affirmer : « c’est pas terrible ». La première impression qui ressort est bien celle d’une élection ratée, non dans ses modalités, mais bien dans son objectif : celui du retour solennel de Nicolas Sarkozy. Les proches de l’ancien président de la République considéraient qu’en-dessous de 70% des suffrages exprimés, le retour serait raté. Pour une personnalité aussi ambitieuse que Nicolas Sarkozy, le résultat de 64,5% constitue une déception profonde. La forte mobilisation des militants a peut-être davantage exprimé le souhait d’en finir avec les récentes querelles du passé que la volonté d’adouber par les onctions du vote électronique un leader incontesté. Y compris parmi ses partisans, davantage las des derniers conflits (Copé-Fillon) que sarkolâtres frénétiques. L’aspiration au retour de Nicolas Sarkozy exprime ainsi un choix réaliste en raison de l’absence de leader à droite et surtout de l’écroulement de François Hollande ; par la force des choses, la figure de Nicolas Sarkozy redevient la moins mauvaise. Concernant le vote lui-même, on peut dire que son organisation s’est déroulée proprement ; les différentes difficultés techniques (piratage du samedi matin rendant impossible le vote des noms composés, etc.) relèvent davantage des aléas que d’une mauvaise volonté délibérée du parti ou de certains de ses membres. On est loin des soupçons d’irrégularité.
Explications. Le vote du 28-29 novembre 2014 a été l’occasion pour les anti-sarkozystes de se positionner contre l’ancien chef de l’État. Ils voulaient à tout prix éviter l’instrumentalisation du vote par Nicolas Sarkozy pour empêcher un retour triomphal. Et l’on peut dire qu’ils y ont réussi. Le scrutin ne peut s’expliquer autrement que par un front des mécontents allant de Fillon à Juppé en passant par Xavier Bertrand. Bruno Le Maire a beau obtenir 29 %, il acquiert la stature de l’opposant officiel. Si on regarde les résultats, on peut dire qu’un militant UMP sur trois n’a pas voté Nicolas Sarkozy. Quant au faible résultat d’Hervé Mariton (6 %), il faut peut-être y voir l’effet d’un vote utile au profit de Bruno Le Maire et aussi un refus de confondre le positionnement « moral » et l’action politique, nécessairement concrète et contingente. Certains opposants au « mariage pour tous », bien que nullement convaincus par Nicolas Sarkozy, ont peut-être préféré l’option d’un vote réaliste. La politique étant l’art du possible, il convient donc de se rabattre les « cartes » crédibles. C’est peut-être dans cette optique qu’il faut lire le résultat de Bruno Le Maire qui, tel un alchimiste, a su convertir une défaite en victoire.
Autre signe des temps : un vote virtuel pour une atmosphère… virtuelle. Il est loin le temps où une élection de Nicolas Sarkozy se célébrait autour d’un congrès comprenant des dizaines de milliers de militants. C’était le cas le 28 novembre 2004 (élection à la présidence de l’UMP). C’était également le cas le 14 janvier 2007, lorsque Nicolas Sarkozy, ratifié par les suffrages des militants, organisa sa première réunion de campagne. En raison des difficultés financières, mais aussi de l’essoufflement militant, l’UMP – par ailleurs en cure d’opposition – ne pouvait s’offrir les fastes d’un meeting. Autre temps, autres mœurs. Quant à l’UMP, elle était quasiment vide aux alentours de 21 h… Aujourd’hui, la fête se célèbre dans un morne quartier-général auprès de quelques centaines de fidèles… Les proches de Nicolas Sarkozy ont préféré se rendre directement rue de Miromesnil pour voir le chef. Malgré la désignation d’un leader qui, à l’image d’un monarque constitutionnel, devra composer, on peut dire que l’UMP a bien changé d’époque.
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