Complotisme… populisme… Ces deux mots sont le bouclier verbal du microcosme qui préfère anathématiser ses ennemis au lieu de démontrer qu’ils se trompent… Or, comment faut-il appeler une « machination judiciaire », une « manipulation collective », une « entente complice » entre des politiques, des magistrats et des journalistes pour agir sur une élection présidentielle au point sans doute d’en changer le résultat ? J’emprunte ces mots à Philippe Bilger, peu suspect de complotisme ou de populisme, et qui a eu l’honnêteté intellectuelle de modifier son jugement après les déclarations sous serment de l’ancien procureur du Parquet National Financier, Mme Eliane Houlette, qui auditionnée par une Commission de l’Assemblée Nationale, avait révélé les pressions qu’elle avait subies, pour ne pas dire le harcèlement, de la part du Parquet Général, pour faire avancer l’affaire, et communiquer les pièces qui, au mépris du secret de l’instruction se trouvèrent ensuite dans la presse, elle-même peu soucieuse de la présomption d’innocence. Non, ce n’était pas le fonctionnement normal de la justice, mais une exécution politique destinée à empêcher un candidat expérimenté et conservateur d’être élu président, et à faire élire un progressiste sans expérience, avec les résultats calamiteux que l’on connaît maintenant. Le mot complot s’impose à l’évidence, complot de cabinet et d’antichambre, complot du sérail, complot de l’oligarchie de gauche, de cette caste de politiciens, de hauts fonctionnaires, d’hommes d’affaires influents, de journalistes et de communicants en tous genres qui gangrène notre pays depuis des décennies avec la complicité d’une « droite » au cerveau atrophié, et soumise. Le lâchage de Fillon par les pleutres de son camp et par les opportunistes avides de pouvoir dessine les contours de notre « establishment », de notre nomenclature, de notre « Etat profond », de l’ensemble de ceux pour qui « populiste » est une injure, parce que le peuple est méprisable d’ignorance et de grossièreté et ne doit pas importuner la ronde festive des « sachants » dans les Palais de la République.
Toute nation a besoin d’événements tragiques pour faire naître en son sein une véritable élite, non pas celle qui se forme dans les grandes écoles parisiennes infestées d’enseignants gauchistes et surévalués, mais celle que la dureté des temps sélectionne d’abord par leur courage, et par la rigueur éthique que le contexte impose. L’expérience, les études, le savoir viennent ensuite. Des gens comme Galley, le baron gaulliste de Troyes, ou Guena, celui de Périgueux, l’un centralien, l’autre énarque, avaient auparavant à 18 ans choisi la France libre, le risque de la IIe DB, et la libération victorieuse. Ils appartenaient à une véritable élite, « intellectuelle et morale », comme la réforme de notre pays que Renan prônait au lendemain du désastre de 1870. Aujourd’hui, ce mot est usurpé par une caste, un lacis de camarillas, de « familles » au sens mafieux du terme, de cénacles en tous genres où la cooptation, la connivence, la complicité, le copinage et le népotisme tracent les carrières dans la course au pouvoir et aux privilèges. Point de réussite, de succès éclatant au profit de la France pour justifier les ascensions, ni pour expliquer les atterrissages en douceur dans un pantouflage douillet et doré. Il suffit d’en être !
Michel Maffesoli avait pointé la faillite des élites, Ivan Rioufol a fusillé les « Traîtres », Guillaume Bigot va bientôt dénoncer la « populophobie », Philippe de Villiers dans son dernier livre, « Les Gaulois réfractaires demandent des comptes au Nouveau Monde » accuse les « pétochards » qui peuplent les sphères de la gouvernance, ceux qui n’ont rien vu venir, n’ont rien prévu en dépit du principe de précaution, ce parapluie qu’ils ont introduit dans la Constitution, ceux qui ont menti sur les pénuries et imposé un confinement généralisé mortel pour le pays, pour se couvrir, pour gérer leur risque pénal, avec l’assentiment de Gaulois émasculés. Ces gens-là sont une élite de contrebande, un gratin faisandé, un sommet de la hiérarchie miné par la corruption et les conflits d’intérêts, depuis la vente d’Alstom jusqu’à l’intervention du président pour couvrir son principal collaborateur lors d’une enquête judiciaire, en passant par les liens entre les cercles médicaux et les laboratoires pharmaceutiques. Face à cette fausse aristocratie qui s’accapare les privilèges en omettant les services qu’ils impliquent, il y a des gens comme le « docteur » Raoult, savant mais modeste, qui a rappelé que le devoir d’un médecin, fût-il professeur de réputation mondiale, est de soigner, et, si possible, de guérir. Sa popularité ne trompe pas : le peuple, le peuple « populiste, possède un instinct pour déceler les hommes ou les femmes qui ont la légitimité de leurs statuts et de leurs rôles. Raoult n’a pas d’ambition politique. Il se plaît dans ce qu’il fait, en bon stoïcien, lettré et philosophe, mais il indique un chemin, celui qui permettra à la France de se relever avec les dirigeants qu’elle mérite après avoir chassé les imposteurs.