Christine Boutin : «Nous devons occuper une place de Paris en permanence jusqu’à ce que le Gouvernement renonce au mariage gay»

Nouvelles de France a rencontré la Présidente du Parti chrétien-démocrate pour un entretien sans concession et sans tabou.

Christine Boutin, pourquoi vous opposez-vous à l’union civile, perçue par certains comme la possibilité de contenter tout le monde ?

Parce qu’une part non négligeable de Français serait favorable au “mariage” homosexuel, certains élus ou activistes défendant le mariage croient bon de soutenir l’union civile, ou alliance civile. Ce projet est un piège et un mensonge. Je m’explique : une union civile avaliserait ce que nous combattons, à savoir la reconnaissance par la société d’une union entre deux personnes de même sexe. De plus, elle validerait le principe que sous-tend le projet Taubira, c’est-à-dire qu’il faut répondre à toutes les revendications de toutes les minorités et encadrer toutes les situations. On imagine sans peine les dérives à venir… Une alliance civile serait considérée par les associations LGBT, comme par la Cour européenne des droits de l’homme, comme discriminatoire. Comment ne pas la comprendre comme un pas supplémentaire vers et en attendant le “mariage” ? Enfin, une union civile traduirait dans le droit davantage encore la théorie du genre, cette théorie qui nie la différence sexuelle, et ne permettrait pas d’éviter la procréation médicalement assistée et la gestation pour autrui. C’est pour un enjeu de civilisation que nous combattons, c’est pour s’opposer à la destructions des fondements de notre société. Prôner l’union civile, c’est renoncer, c’est se positionner sur le terrain de l’adversaire. Nous ne devons pas être complices mais réclamer le retrait du texte. Et si c’est trop compliqué à assumer pour François Hollande, il n’a qu’à organiser un référendum…

“Je crains que le Gouvernement nous interdise les Champs-Élysées…”

Comment réagissez-vous à la décision du CESE, qui juge irrecevable la pétition de la Manif pour Tous ?

Le CESE a perdu toute sa crédibilité dans cette affaire. Il est permis de se demander à quoi il sert. Je vois dans sa décision un déni de démocratie. Jugez plutôt : il a refusé d’exercer une compétence que lui donne la Constitution. Quant au droit de pétition, il est antérieur à la Révolution française, c’est un droit du peuple. La lettre de Jean-Paul Delevoye à Jean-Marc Ayrault ne me surprend pas du tout. Ce qui est surprenant, c’est que le Président du CESE ait demandé l’avis du Premier ministre par écrit et pas par téléphone… Ainsi, nous ne l’aurions jamais su ! Mais, pour tout vous dire, je n’espérais rien de cette pétition car, normalement, la saisine doit intervenir avant le vote. C’était avant tout une action politique, et ça a marché, comme en témoigne d’ailleurs l’auto-saisine du CESE. Cette pétition restera comme la plus grosse de l’Histoire de France.

Qu’espérez-vous pour la Méga Manif pour Tous du 24 mars ?

Un seul slogan : retrait ou référendum. Nous devons être très clairs et très nombreux. Il faut arrêter avec les slogans gentillets, nous devons les remplacer par des slogans d’exigence !

“Prôner l’union civile, c’est renoncer, c’est se positionner sur le terrain de l’adversaire.”

Pensez-vous que la Préfecture de police (donc le Gouvernement) laisseront les organisateurs investir les Champs-Élysées ?

Pour ma part, je n’envisage pas de me rendre dans un endroit qui aurait été interdit auparavant par la police. Je pense que la Manif pour Tous non plus, si elle souhaite garder ce côté familial qui a fait son succès et éviter tout risque d’affrontement avec les autorités. Et malheureusement, je crains que le Gouvernement nous interdise les Champs-Élysées. Si cela arrive, il y a un risque pour que ça dégénère complètement. Des tas de gens risquent de vouloir y aller quand même, mais là, ce sera une autre action…

J’appelle de mes vœux un Printemps français : nous devons occuper une place de Paris, en permanence, c’est-à-dire y installer des tentes pour y vivre, se relayer, jusqu’à ce que le Gouvernement retire son projet de loi.

La France qui s’oppose à la dénaturation du mariage n’est-elle pas trop embourgeoisée pour occuper une place parisienne ?

Il faut savoir ce qu’elle veut ! Je pense que la cristallisation du mécontentement des Français à laquelle nous assistons sur de nombreuses thématiques rend possible un tel Printemps français. Bien évidemment, il s’agirait là d’une action pour adultes responsables et surtout pas pour les familles et les jeunes enfants…

“Il faut arrêter avec les slogans gentillets, nous devons les remplacer par des slogans d’exigence !”

Comment réagissez-vous au sentiment d’impuissance ressenti par beaucoup de Français aujourd’hui ?

Je leur dit que ce n’est pas le moment de baisser les bras. Que jamais aucune cause n’est perdue. Si elle était perdue, c’est parce que nous aurions refusé de livrer le combat jusqu’au bout. C’est vrai que depuis 40 ans, nous subissons un mouvement que rien ni personne ne semble capable d’arrêter, le “mariage” homosexuel étant le dernier avatar de cette vague. Mais la mobilisation contre cette réforme est inédite. Elle est, par exemple, beaucoup plus forte que contre le PaCS en 1998-1999. C’est d’ailleurs dommage que nous ne nous soyions pas réveillé à l’époque, nous ne serions pas mis devant le fait accompli aujourd’hui. Je le répète donc : de notre détermination dépend la victoire. La mienne est totale. Et la vôtre ?

Nous la partageons, nos lecteurs aussi…

C’est un appel à la responsabilité que je lance de vos colonnes à François Hollande. Il y aura, je le crains, une radicalisation s’il ne nous entend pas. Je demande depuis juillet à être reçue par lui, sans succès, afin de lui demander un acte politique.

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144 Comments

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  • Robert , 1 mars 2013 @ 22 h 52 min

    Sens de l’histoire ou “mauvais ou bon côté de l histoire” est un schéma marxiste qui ne correspond pas à la réalité qui est faite par la volonté des hommes et non pas subie comme inéluctable.
    L être humain est doté d une liberté et d une responsabilité qui lui permettent de choisir et décider sans subir une prétendue et fallacieuse “loi du progrès”. Le vrai progrès c est la dignité humaine et son bien authentique.
    Et vos arguments n ont aucun rapport avec la réalité de la loi et l ordre naturel.

  • Zilios , 1 mars 2013 @ 22 h 55 min

    Il n’y aura pas de GPA …. la loi l’interdit , par contre il y aura des mariage homos , et peut des PMA .

  • Eric Martin , 1 mars 2013 @ 23 h 04 min

    Rendez-vous dans dix ans, Yaki.

  • Eric Martin , 1 mars 2013 @ 23 h 08 min

    @ Delacroix : Organisons-en un, nous verrons bien.

    L’égalité est possible entre les individus, pas entre des situations incomparables. Vous avez la tête dans le guidon, vous ne pensez qu à votre petite situation perso, réfléchissez un peu. Au nom de l égalité, qu est-ce qui empêchera bientôt un père amoureux de sa fille majeure et consentante, de l épouser ? Rien, dès lors que l amour justifie le mariage.

  • Eric Martin , 1 mars 2013 @ 23 h 09 min

    La loi l’interdit aujourd’hui. Mais demain ou après-demain ?

  • esprit libre , 1 mars 2013 @ 23 h 23 min

    Non, ce n’est pas un gouvernement de “malades mentaux” mais d’apprentis-sorciers.
    Par contre, la plupart n’ont aucune expérience de l’Etat et son assez légers. Et il y a des idéologues qui par certains côtés sont des fanatiques : je pense au commissaire politique à la rééducation, Vincent Peillon, qui a développé plusieurs conceptions qui font froid dans le dos et rappellent les heures les plus sombres du XXe siècle en termes de volonté d'”arracher” les enfants à l’influence de leur famille, de formater les esprits, etc.

    Quant aux nombreux internautes qui sont paralysés par le concept de légitimité électorale et les mécanismes de majorité parlementaire, ils ignorent l’histoire de France :
    – Nos cinq républiques sont toutes nées de mouvements de rue.
    – La Ve République a toujours exalté et célébré la transgression du Général de Gaulle face à la légitimité parlementaire de 1940 ;
    – Enfin, le même Charles de Gaulle serait parti en Mai 68 si un homme ne l’avait retenu…

    Non, la succession de manifestations géantes dans la rue, la résistance multiformes et issue de la société civile, échappant aux partis et aux clivages habituels posent un défi à François Hollande, qui est de plus président mal élu, sans expérience de l’Etat, en proie à une crise gigantesque, à des caisses vides et des électeurs massivement déçus et trahis. Nous avons les ingrédients d’un tsunami qui peut l’emporter s’il s’entête sur un projet de loi aberrant, fragile juridiquement et dont plus de 95 % de Français se fichent.

    Reste que chacun doit répondre présent pour que la France ait bien son printemps. La situation est mûre. Mais il ne faut pas laisser passer le moment où les glaces laisseront percer les premières fleurs !

  • zilios , 1 mars 2013 @ 23 h 34 min

    Je comprends , ta réaction mais ils ont pas des arguments assez solides pour légaliser la gpa … Faut etre réaliste , ils n’ont pas les arguments déja qu ils sont embêté avec la pma , ils prendront pas le risque daller a la gpa. Je pense quon se fait peur , il y aura des mariages mes pas des gpas .

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