Tribune libre de Robert Ménard*
Des mafieux notoires ont bénéficié de centaines de milliers d’euros d’aides en provenance de Bruxelles. Et plus particulièrement de la PAC, la Politique agricole commune, que François Hollande a défendue bec et ongles lors du sommet européen, en fin de semaine dernière. C’est ce qui ressort d’une enquête de la Cour des comptes italienne. Certains de ces heureux bénéficiaires étaient même en prison ! Parmi les plus connus, Antonio Piromalli, un membre influent de la Ndrangheta, la mafia calabraise, qui a reçu, la petite somme, c’est vrai, de 25 720 euros pour ses plantations d’oliviers…
Tout ça fait assez mauvais genre. Mais il y a encore plus sidérant. Figurez-vous que selon le dernier rapport de l’OLAF, l’Office européen de lutte antifraude, les sommes recouvrées à la suite de détournements de fonds ont atteint 691 millions l’an dernier, soit dix fois plus qu’en 2010 ! Et qui sont les premiers fraudeurs ? Les membres du personnel de l’Union européenne. Loin devant le secteur agricole, mafieux italiens compris.
Toujours dans ce rapport, décidément édifiant, on découvre que les fraudeurs, toutes catégories confondues, sont, pour le plus grand nombre, originaires de Roumanie. J’entends d’ici vos commentaires… Mais savez-vous qui occupe la seconde place ? L’Allemagne. Comme quoi, les donneurs de leçons… Mais je me dois de préciser que, en montants détournés, l’Italie est déclarée vainqueur, haut la main.
Si la France semble épargnée, c’est, accuse un magistrat italien, ancien conseiller de l’OLAF, en raison de « l’hypocrisie » de l’État. Et d’expliquer : « En France, dans des régions comme la Corse ou en PACA, (…) des témoignages font par exemple apparaître que des fonds européens initialement destinés aux alpages ont pu profiter à la restauration de maisons privées. » Rien qui nous surprendra…
Et nos eurodéputés dans tout ça ? Difficile de savoir. L’OLAF s’est vu refuser l’entrée des bureaux du Parlement alors qu’elle enquêtait. Une parlementaire allemande de droite, une certaine Ingeborg Grässle, a demandé que les bureaux des eurodéputés soient inaccessibles. Il ne faudrait pas, a-t-elle expliqué, qu’on « viole l’immunité des élus »… Tout ce petit monde se serre les coudes.
*Robert Ménard est journaliste et fondateur de l’association Reporters sans frontières. Il vient de lancer le portail Boulevard Voltaire.
7 Comments
Comments are closed.