“On n’est pas dans un cadre de vie, on est dans un cadre de survie”. Du passé industriel glorieux de Charleroi, cité minière belge, ne restent que des ruines. Un portrait à la fois sombre et poétique d’une ville européenne en déliquescence.
“On n’est pas dans un cadre de vie, on est dans un cadre de survie”, lance un jeune rappeur de Charleroi. Situé au centre d’un bassin houiller autrefois appelé “Pays Noir”, cette ville belge sinistrée concentre les difficultés de toute l’Europe : déclin industriel, taux de chômage élevé, hausse de la criminalité et identité commune fracturée. Difficile d’imaginer, au milieu des immeubles décrépis et des usines en sommeil, que Charleroi fut hier une cité prospère et dynamique, comme l’atteste un vieil immigré italien sur des images d’archives d’après-guerre. Parmi les représentants de ce microcosme, un père et son fils vidant les maisons de personnes seules décédées, une robuste dominatrice et un jeune homme, pâtissant du fossé social qui se creuse, témoignent de leur réalité.
Ville noire
Au travers de larges travellings sur les cités ouvrières, les usines, les autoroutes et les terrains vagues, au son d’une musique électronique planante, ce documentaire à la beauté saisissante capte les traces du déclin de Charleroi. Giovanni Troilo, qui a également consacré à la ville une série photographique, saisit le réel par bribes, alternant avec fluidité les récits des habitants, parfois bruts de décoffrage, et des séries de plans saccadés et renversés d’images hypnotiques qui révèlent la violence de leur quotidien. Dans cette région minière où la pluie ne cesse de tomber, le film laisse aussi entrevoir des moments de grâce et d’espoir, comme ce bal costumé dont les participants se déhanchent sur le tube des années 1980 de Desireless, “Voyage, Voyage”.
Source : Arte
1 Comment
Comments are closed.