Mercredi 23 mai 2012, l’État allemand a emprunté 5 milliards d’euros sur les marchés financiers jusqu’au 13 juin 2014 – soit pour un peu plus de deux ans. Comme d’habitude, la Deutsche Bundesbank a mis une obligation fédérale (Bundesschatzanweisungen) aux enchères ; elle a reçu pour un peu plus de 7,7 milliards d’offres, a retenu les meilleures offres pour le montant de 5 milliards initialement prévu. Si je vous parle de cette émission, ce n’est pas que le montant emprunté ou la durée de l’emprunt aient quoique ce soit d’inhabituel ; ce n’est pas non plus parce que l’offre de la Deutsche Bundesbank ait été sursouscrite – c’est tout ce qu’il y a de plus commun ; c’est que cette obligation a été émise à un taux de zéro pourcent. Oui, vous avez bien lu : l’État allemand est désormais en mesure, sans le moindre problème, d’emprunter 5 milliards d’euros sur 2 ans sans payer ne serait-ce qu’un centime d’intérêt.
Cette première historique est un symbole : ce mois de mai 2012 est le mois, dans toute l’histoire connue, où les États dont la situation financière est encore à peu près tenable se sont financés aux taux les plus bas jamais observés. Jugez vous-même : à l’heure où j’écris ces lignes (1), le taux des obligations fédérales allemandes à 10 ans vaut un peu plus de 1,408% ; en légère hausse par rapport à leur record historique de 1,376% atteint le 23 mai 2012 ; les Treasury Bonds à 10 ans du gouvernent fédéral des États-Unis se négocient à 1,774% après avoir s’être échangés à un niveau record de 1,6886% dans la journée du 17 mai 2012 ; les OAT à 10 ans de l’État français cotent 2,456% après avoir battu leur record absolu ce matin même à 2,422%. C’est historique, il n’y a pas d’autre mot.
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1. Vendredi 25 mai 2012 ; taux vers 10 heure (heure de Paris) selon Bloomberg.