À l’heure où le parlement français débat d’une loi pour punir les actes de négation du génocide arménien commis par les Turcs, l’hebdomadaire polonais Gość Niedzielny (« L’invité du dimanche ») publie cette semaine un article sur les massacres de Vendée pendant la Révolution française. Un article qui fait sa couverture avec la devise « Liberté, Égalité, Mensonge » sur fond de Tour Eiffel et le titre « Comment la vérité sur le massacre des catholiques en Vendée est cachée en France et les historiens qui dévoilent les preuves de ce crime réprimés ». Citant les travaux des historiens français Stéphane Courtois et Reynald Secher, cette revue catholique, qui est l’hebdomadaire le plus vendu en Pologne avec environ 150 000 exemplaires par numéro, s’étonne des mesures de rétorsion prises aujourd’hui encore en France à l’encontre de ceux qui osent parler de génocide. « On a essayé de me faire chanter et de me contraindre à retirer mon livre de la vente, et également de réfuter mes preuves. Je n’ai pas accepté. On m’a d’abord licencié du lycée où j’enseignais, puis de l’université », déclare le second, docteur ès lettres de Paris IV – Sorbonne dans Gość Niedzielny. L’association Vérité pour la Vendée se plaint, elle aussi, de menaces policières en 2006 quand elle avait envoyé au ministère de la Culture une pétition pour faire supprimer de l’Arc de Triomphe les noms des généraux Turreau et Amey qui seraient responsables du massacre d’au moins 117 000 personnes (sur environ 500 000 morts en Vendée). L’Église de France elle-même semble se camper dans une attitude frileuse d’après les auteurs polonais de l’article qui ont contacté le diocèse de Luçon pour connaître sa version de ces massacres, alors même que c’était clairement les catholiques qui étaient visés dans la guerre de Vendée.
Les ordres historiques de la Convention publiés par Reynald Secher et cités par Gość Niedzielny ne laissent pourtant aucun doute sur la nature génocidaire des répressions en Vendée et, dans le contexte de la loi qui doit être votée par notre parlement à propos du génocide turque, l’hebdomadaire cite aussi l’article d’Ivan Rioufol dans Le Figaro : « Mais il y a surtout, dans l’attitude morale de la France, une énorme hypocrisie. Car l’État français se comporte en fait comme l’État turc, en refusant de reconnaître et en contestant même la réalité du génocide vendéen de 1793. La proposition de loi du député des Alpes maritimes, Lionel Luca, invitant la République ‘à reconnaître le génocide vendéen de 1793-1794’, déposée en 2007, n’a jamais été examinée. Or, comme le rappelle l’historien Reynald Secher, qui a trouvé aux Archives nationales les éléments établissant le génocide : ‘La France est le premier pays à avoir conçu, organisé et planifié l’anéantissement et l’extermination d’une partie d’elle-même au nom de l’idéologie de l’homme nouveau. Elle est aussi le premier pays à avoir conçu et mis en place un mémoricide dans le but d’occulter ce crime contre l’humanité. En ce sens, la France est un double laboratoire et un modèle pour les régimes génocidaires (…)’. »
De notre correspondant permanent en Pologne.
Photo : en premier plan, l’hebdomadaire catholique Gość Niedzielny. En dessous, le quotidien Rzeczpospolita qui fait sa une sur les prix du pétrole. A droite, l’hebdomadaire Uważam Rze qui fait sa une sur les mensonges de l’enquête sur le crash de Smolensk (notre article sur le général Błasik). A gauche, l’hebdomadaire Gazeta Polska, qui fait, lui aussi, sa une sur les mensonges de l’enquête sur le crash de Smolensk. En haut, le mensuel Nowe Państwo avec en couverture, Antoni Macierewicz, député de l’opposition conservatrice du PiS de Kaczyński et chef de la commission parlementaire enquêtant sur le crash de Smolensk (où ne siègent que des députés du PiS – Droit et Justice – et du parti SP – Pologne Solidaire – issu du PiS) mais dont le rapport a le mérite de mettre en évidence les points d’ombre de l’enquête.
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