Alors que 100 députés conservateurs – sur 305 – pourraient voter lundi en faveur de la tenue d’un référendum sur le départ du Royaume-Uni de l’Union européenne (réclamée par une pétition qui a rassemblé plus de 100 000 signatures), David Cameron a affirmé que « sortir de l’Europe causerait de réels dommages à notre économie », soulignant que la moitié des échanges commerciaux internationaux de son pays étaient réalisés avec les autres membres de l’UE. Dans l’Evening Standard de Londres, le Premier ministre anglais a assuré que « c’est le mauvais moment pour avoir ce débat. Nous nous trouvons au milieu d’une crise de la zone euro – une crise qui, si nous la laissons dégénérer, aurait un impact majeur sur notre économie”. Selon lui, un référendum pour ou contre la sortie de la Grande-Bretagne de l’UE compromettrait toute « chance de négocier un meilleur accord pour notre pays ».
Encouragés par de bons sondages*, 68 députés tories ont déjà signé une motion préconisant l’organisation d’un référendum (avec trois réponses : ne rien changer, renégocier le traité qui lie Londres à l’UE ou la quitter) et 33 ont signifié qu’ils pourraient faire entendre une voix dissonante de celle du gouvernement. Reste à savoir s’ils iront tous jusqu’au bout.
A ces votes pourraient s’ajouter ceux de 12 travaillistes rebelles et des 8 élus du Democratic Unionist Party d’Irlande du Nord, la seule formation ouvertement favorable à l’organisation d’une consultation populaire parmi celles ayant des élus au Parlement.
Mais, selon un porte-parole du gouvernement, tous les députés conservateurs devraient au final se prononcer contre l’organisation d’un référendum car « c’est la politique du gouvernement et nous attendons des parlementaires conservateurs qu’ils soutiennent la politique du gouvernement”.
Des sanctions pourraient-elles être prises contre les rebelles ? Le porte-parole refuse pour le moment de s’exprimer sur cette option mais si l’on en croit certaines rumeurs, les députés qui le défieraient pourraient voir leur chance de devenir ministres de ce gouvernement sérieusement compromises jusqu’aux prochaines élections. Les vacances parlementaires de Noël pourraient également être écourtées…
William Hague, le ministre (réputé eurosceptique) des Affaires étrangères, a lui aussi prévenu qu’un référendum sur l’UE pourrait nuire à l’économie déjà fragile des deux îles.
« J’ai plaidé plus que quiconque pour l’organisation de référendums, j’ai invoqué de la manière la plus compréhensive qui soit l’organisation d’un référendum contre l’euro », a-t-il déclaré lundi sur BBC Radio 4. « Mais ce projet de référendum, c’est la mauvaise question posée au mauvais moment.” De plus, “il ne figure pas dans le manifeste de l’un des partis au pouvoir” : les conservateurs et les libéraux-démocrates. Organiser une consultation populaire « [créerait] d’autres incertitudes économiques dans ce pays qui traverse une période économique difficile” a-t-il assuré.
Si les eurosceptiques mettaient leurs menaces à exécution, ce serait la plus grande mutinerie jamais vécue par le Parti conservateur sur la question européenne. En 1993, John Major avait vu 41 de ses députés se rebeller suite à la signature du Traité de Maastricht par le Royaume-Uni.
*60% des conservateurs britanniques sont favorables à un départ de l’Union européenne.
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