L’avant-projet de loi avait été adopté en Conseil des ministres en décembre 2013, après deux ans d’exercice du pouvoir et plus de 200 000 enfants tués. Ce projet était une promesse de campagne et avait incité de nombreux Espagnols à voter pour le Parti Populaire (PP) en 2011. Mais il en était de même pour l’abrogation des « mariages » entre personnes du même sexe pour lesquels, comme pour les avortements sur simple demande, le PP s’est finalement contenté de poser la question de la validité des lois socialistes au Tribunal constitutionnel, qui n’a rien trouvé à redire du point de vue de la constitution espagnole. Après l’annonce du retrait du projet de loi par le premier ministre Mariano Rajoy, le ministre de la Justice espagnol, Alberto Ruiz-Gallardón, a annoncé sa démission.
Les associations pro-vie espagnoles qui réunissaient dimanche dernier de grandes foules dans 60 Marches pour la Vie appellent aujourd’hui les électeurs du PP à ne plus revoter pour ce parti. Un sondage publié en 2013 montrait que 46 % de ceux qui ont conduit la droite espagnole au pouvoir en 2011 ne revoteraient pas pour le PP si celui-ci ne revenait pas sur la légalisation de l’avortement mise en place par le gouvernement socialiste de Zapatero (alors que cette légalisation n’avait pas été annoncée pendant la campagne électorale qui avait porté les socialistes au pouvoir).
Le PP espagnol semble donc prendre la voie de l’UMP française : perte des valeurs, consolidation de toutes les révolutions sociétales socialistes de peur de se faire traiter par les médias de réactionnaires et de fachos, trahison de ses électeurs et… perte massive de popularité. Le parti libéral-conservateur et pro-vie Vox, apparu récemment à la droite du PP, saura-t-il en bénéficier et remplacer à terme le PP comme principal parti de droite en Espagne ?
Quoi qu’il en soit, pour les associations pro-vie espagnoles, le combat continue. L’une d’entre elles, Derecho a Vivir (« Droit de vivre »), a décerné à Mariano Rajoy, deux jours avant les Marches pour la Vie de dimanche dernier, la médaille d’or du premier ministre avec le plus grand nombre d’avortements par an : 112 390 enfants assassinés en moyenne chaque année, contre 94 757 sous Zapatero, médaille d’argent, 62 919 sous José María Aznar, médaille de bronze, qui préférait regarder ailleurs quand les cliniques privées du pays procédaient à des avortements tardifs sous le prétexte fallacieux de préservation de la santé mentale des mamans. Le socialiste Felipe González avait été le premier à obtenir une médaille puisque l’Espagne avait eu, après la première loi de 1985 légalisant l’avortement dans certains cas (dont justement un risque pour la santé mentale de la femme enceinte), une moyenne annuelle de 34 057 infanticides prénataux entre 1985 et 1995.
Du même auteur :
Projet de loi espagnol contre l’avortement : où en est-on aujourd’hui ? (10/07/2014)
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