Combat des chefs et guerre de succession. Voici retranscrite par écrit la très pertinente chronique “Z comme Zemmour” de jeudi. Bien que fatigué, Éric Zemmour y est des plus pertinents :
“C’est l’affiche de demain. La guerre qui se prépare, la primaire de dans cinq ans… mais qui n’intéresse personne aujourd’hui. C’est le drame des vaincus : Copé ou Fillon, on s’en moque un peu. Les deux hommes ne l’ignorent pas : ils jouent l’unité, la famille rassemblée, le collectif. Copé cogne la gauche, Fillon pose à l’homme sage. En tant qu’ancien Premier ministre, il pourrait revendiquer le titre de chef de l’opposition si pendant ces cinq ans à Matignon, il avait été chef de la majorité. Jean-François Copé a pris l’UMP en faisant le pari de la défaite du président sortant, pour pouvoir être le candidat de la droite en 2017. Depuis, il a tenté de faire oublier ce pari en devenant l’homme lige du candidat Sarkozy, celui dont la pugnacité contre François Hollande n’a jamais faibli. Au sein de l’UMP, Copé a gagné la partie. Fillon, plus consensuel, dans l’opinion. Fillon et Copé ne croient guère à une victoire de la droite aux législatives, ils ne font même pas semblant. En 1981, Jacques Chirac était convaincu que la gauche, conformément à ses habitudes historiques, ne resterait que quelques mois au pouvoir. Copé et Fillon n’ont plus cette naïveté : ils connaissent la solidité des institutions. Mais cette guégerre larvée s’apparente encore à un combat de nains…
“En 1997, Copé fut battu parce que le candidat du FN s’était maintenu. Il ne pourra pas supporter une nouvelle défaite.”
On ne sait pas trop ce qui les distingue. Économiquement, ils sont libéraux. Idéologiquement, ils sont européens (sic). Il n’y a pas beaucoup de différences. On a cru percevoir une légère différence vis-à-vis du Front national. En cas de triangulaire (sic), Copé a opté pour le ni-ni : ni Parti socialiste, ni FN tandis que Fillon insistait : il ne ferait jamais le jeu du Front national. Enfin, c’est maigre. Le premier tour des législatives les obligera peut-être à se dévoiler : des triangulaires par dizaines, des accords sur le terrain entre des candidats FN et des sortants UMP qui ne voudraient pas mourir au champ d’honneur des triangulaires. En 1997, Copé fut battu parce que le candidat du FN s’était maintenu. Il ne pourra pas supporter une nouvelle défaite. François Fillon n’a pas ces soucis : il a une circonscription parisienne en or d’où il a réussi à expulser Rachida Dati comme une vulgaire squatteur (sic). Mais lui doit prouver qu’il peut porter les espoirs de la droite à la municipale de 2014 alors que Paris, comme toutes les grandes métropoles françaises, s’enracine de plus en plus à gauche.
L’ombre du retour de Nicolas Sarkozy
Copé et Fillon ont finalement un risque en commun : ne pas grandir. Demeurer des seconds couteaux. Un souris (sic), un soucis qui rime avec Sarkozy. Le Président sortant a été vaincu mais pas humilié. Il s’est retiré de la vie politique mais pas à la manière radicale d’un Jospin. Après 1981, Giscard ne s’est jamais remis de sa défaite et n’est jamais revenu. Mais en Europe, Berlusconi a reconquis le pouvoir après l’avoir perdu et Viktor Orbán en Hongrie, vaincu par les socialistes comme Premier ministre libéral et européen, est revenu au pouvoir, plébiscité par une puissante majorité populaire, comme le chef d’une droite bonapartiste, patriotique et anti-européenne. Qui insiste beaucoup sur la nécessité des frontières. Ça ne vous rappelle rien ? De quoi donner des idées à un Sarkozy qui ne parviendrait décidément pas à se désintoxiquer de la politique. De quoi désespérer Copé et Fillon, enfin unis dans le même effroi.”
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