L’Union Européenne est un bateau ivre, et cela ne tient pas uniquement au goût supposé pour les libations du Président de la Commission, Jean-Claude Juncker, ancien Premier Ministre, battu en 2013, du paradis fiscal luxembourgeois. C’est d’ailleurs un autre battu des urnes, le Polonais Donald Tusk qui est Président du Conseil Européen, ce qui lui permet en permanence de satisfaire son désir de revanche contre la majorité conservatrice élue démocratiquement en Pologne. C’est un troisième personnage du même acabit qui s’est exprimé hier pour menacer Varsovie, le Premier Vice-Président de la Commission Européenne, Frans Timmermans, travailliste néerlandais du PdvA, passé de 39 députés à 9 aux dernières élections législatives, avec moins de 6% des voix. Ces recyclés des oppositions nationales, dont la légitimité démocratique est pour le moins douteuse, veulent donner des leçons de démocratie aux gouvernements qui ne leur plaisent pas, mais qui, eux, ont été légitimement élus. Ainsi donc, M. Timmermans a lancé la mise en oeuvre de l’article 7 du Traité sur l’Union Européenne, à l’encontre de la Pologne pour non respect de l’article 2, et « risque clair de violation grave de l’Etat de Droit », sous prétexte que le Président polonais, Andrzej Duda avait décidé d’avaliser deux lois votées au Parlement. Si la procédure allait jusqu’à son terme, la Pologne pourrait être privée de son droit de vote. En raison de cette sanction ultime, cet article 7 est parfois qualifié de « bombe atomique ». Il n’a aucune chance d’aboutir, si ce n’est en bon pétard foireux bruxellois, de priver le pays visé des juteux bénéfices des Fonds structurels européens. L’Europe parle de valeurs, mais n’agit que sur le terrain de l’argent.
Le trio à la manoeuvre, dans cette scandaleuse ingérence, a le mérite de souligner de façon caricaturale l’imposture européenne : trois apparatchiks, inscrits dans la bureautechnocratie bruxelloise vont tenter de faire plier un Etat, et son gouvernement, issu d’élections démocratiques. On ne peut guère illustrer davantage combien la dérive européenne met en péril, avec les souverainetés nationales, la démocratie, c’est-à-dire la souveraineté populaire, et en seconde ligne, dans l’affaire polonaise, le droit des peuples à jouir de leur identité nationale. L’objet même du différend pose lui-aussi le problème de la survie de la démocratie. La Pologne est accusée de porter atteinte à l’Etat de Droit, et donc aux valeurs fondamentales de l’Union Européenne. Elle remettrait en cause l’indépendance de la Justice et des magistrats. En fait, le gouvernement de Varsovie, dirigé depuis peu par Mateusz Marawiecki, après la démission de Beata Szydko, entend faire dépendre davantage la justice, non d’un pouvoir arbitraire, mais de la volonté démocratique. Ainsi, le Conseil National de la Magistrature, chargé de la nomination des magistrats et du contrôle de la déontologie judiciaire, sera élu par le Parlement, et non plus par la corporation judiciaire. Sur ses 15 membres, 9 seront au maximum désignés par une formation politique, pour figurer sur une liste où chaque parti représenté à la Diète pourra disposer d’un candidat.
On voit donc l’enjeu : d’un côté, la technocratie bruxelloise et son idéologie brumeuse sur l’Etat de Droit veut affirmer la supériorité d’un droit européen mal défini et d’une caste professionnelle non-élue chargée de l’appliquer sur la légitimité démocratique d’un Parlement. Qu’il y ait séparation des pouvoirs dans la mesure où les magistrats jugent au nom de la loi et en toute indépendance, certes, mais que sans être élus, ils s’arrogent détenteurs d’un troisième pouvoir capable de freiner les deux autres, au nom d’un droit qu’ils interprètent au travers de leur idéologie, ce n’est pas acceptable. La collusion entre les technocrates de Bruxelles et le pouvoir des juges est une parfaite illustration du phénomène majeur qui est en train de se produire en Europe, et que les Français perçoivent moins que d’autres à cause de la « parenthèse médiatiquement enchantée » autour de Macron. Une caste mondiale est en train de voler leurs démocraties aux peuples au nom d’une idéologie qui se présente comme une pensée unique. C’est elle qui parle de valeurs aussi malléables que celles de l’Etat de Droit quand ça l’arrange, mais refuse d’évoquer les valeurs chrétiennes. C’est elle qui promeut les réformes en faveur de l’avortement ou de l’union unisexe, défendues par le social-« chrétien » Juncker qui avait même eu le toupet de s’en prendre à Benoît XVI. C’est elle qui exige une politique en faveur de l’immigration et qui menace de sanctions les Etats qui s’y refusent. C’est elle qui écrase l’identité des nations sous son exigence de multiculturalisme.
En face de cette menace, de ce recul insupportable de la démocratie, il y a les pays courageux du groupe de Visegrad, peut-être rejoints par l’Autriche, à laquelle certains osent contester le droit de se donner le gouvernement que son peuple a voulu. La Hongrie, la première, a déclaré s’opposer à toute mise en oeuvre de sanctions. La deuxième phase du processus exigeant l’unanimité, celui-ci n’aboutira pas. La France devenue « eurolâtre », en apparence, derrière Macron aura-t-elle le front de soutenir la procédure, quand sa justice fait pitié en raison de son inefficacité, du poids des Parquets, évidemment soumis au pouvoir politique, et de la politisation indigne de nombre de ses magistrats, comme l’a malheureusement prouvé le « Mur des Cons » ? Combien y-a-t-il de pouvoirs en France ? Un seul, sauf pour les naïfs ! La Pologne comme la Hongrie se battent pour la liberté des Peuples. Il faut les soutenir !
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