Le Zemmour du vendredi. “They are going to leave ! Ils vont partir ! Dans quelques semaines, dans quelques mois, quelques années… Peu importe le moment, c’est la direction qui compte. Les eurosceptiques ont gagné la bataille de l’opinion anglaise. Majoritaires chez les conservateurs depuis belle lurette, ils ont ébranlé les travaillistes. On attend le référendum final. La question n’est plus de savoir si les Anglais quitteront l’Union européenne, mais quand. Il y a des chiffres qui ne mentent pas. C’est en 1970, à la veille de son entrée dans le marché commun, que le commerce anglais avec l’Europe est devenu plus important que celui avec le reste du monde. C’est en 2010 que le rapport s’est inversé. Tous les partisans de l’Europe se réjouissent sans le dire : sans le boulet anglais, pensent-ils, leur chère construction européenne pourra repartir de l’avant. Les mêmes ou leurs aînés, il y a plus de quarante ans, suppliaient pour que l’Angleterre entre dans le marché commun. Ils insultaient le Général de Gaulle parce qu’il leur fermait la porte au nez. Les centristes en avaient fait en condition sine qua non pour rallier son successeur. Georges Pompidou avait cédé. Les mêmes visionnaires d’aujourd’hui croient que les Anglais abandonnent la partie parce qu’ils ne supportent pas les nouvelles contraintes budgétaires et bancaires. Ils oublient seulement que les Anglais ont toujours su échapper à tous les pièges du fédéralisme, évitant Schengen, qui a transformé nos frontières en passoires, et gardant leur livre sterling qu’ils peuvent dévaluer à leur guise, ce qui leur permet de ne pas baisser les salaires pour se donner un peu d’air dans la compétition mondiale comme sont contraints de le faire Grecs, Espagnols ou Italiens.
“Il y a des chiffres qui ne mentent pas. C’est en 1970, à la veille de son entrée dans le marché commun, que le commerce anglais avec l’Europe est devenu plus important que celui avec le reste du monde. C’est en 2010 que le rapport s’est inversé.”
Les Anglais partent car ils ont fini leur travail de destruction. Quand ils étaient dehors, ils détestaient l’Europe des six. Ce bloc continental avait une cohérence historique, géographique, économique. C’était l’Europe carolingienne. Le marché commun était protégé par un tarif extérieur commun. Cette préférence communautaire rappelait aux Anglais le blocus continental de Napoléon. La politique agricole commune obligeait les autres pays à se nourrir de produits de l’agriculture française. Les Anglais avaient l’habitude de s’approvisionner dans leurs anciennes colonies. À Bruxelles, la Commission européenne parlait français. L’Europe était pour le Général de Gaulle le levier d’Archimède de la puissance française. Les Anglais ne pouvaient pas le tolérer. Quarante ans plus tard, l’ancien jardin à la française est un champ de ruines. L’Europe à 27 pays n’a plus aucune cohérence économique et sociale. Elle est devenue un grand marché ouvert à tous les vents. Le libéralisme financier anglo-saxon a détruit le modèle industriel continental. Les rabais obtenus par Margaret Thatcher ont été réclamés par d’autres. Les pays se livrent une concurrence fiscale sauvage. La PAC est ratiboisée. À Bruxelles, on parle anglais. Les sujets de Sa Majesté ont de nouveau gagné. Diviser pour régner est une devise qui leur a toujours bien réussi. Leur seul soucis est que l’Europe est passée de la domination française à la tutelle allemande. Il faut dire que c’est une habitude historique : après avoir eu la peau de Napoléon, ils avaient vu monter en puissance l’Allemagne de Bismarck puis de Guillaume II et enfin d’Hitler. Allez, chapeau bas, Perfide Albion.”
10 Comments
Comments are closed.