par Alain Bournazel, du Comité de rédaction des Cahiers de l’Indépendance.
La crise de l’euro oblige à une réflexion fondamentale sur l’organisation de l’Union européenne. Pendant des années, la classe politique a vécu sur le mythe de l’euro vecteur de croissance économique, de stabilité des prix, de prospérité pour tous. Aujourd’hui l’euro est en crise mais la crise de l’euro n’entraine pas seulement la crise de l’Europe, l’euro porte la crise dans le monde entier. Comme le dit la directrice générale du FMI, Christine Lagarde : « Aucun pays n’est à l’abri qu’il soit développé ou émergent, quelle que soit sa distance de l’Europe ».
Évidemment, l’euro n’est pas responsable de tous les maux. La crise de l’euro se conjugue avec la crise de la dette qui est gigantesque dans bien des pays. Le laxisme des gouvernements n’est pas étranger à ces montagnes de dettes. Mais par les rigidités qu’il a introduites, par les garanties qu’il semblait présenter, l’euro a favorisé le développement des dettes.
Aujourd’hui, c’est l’ensemble de l’édifice européen qui est ébranlé. Les gouvernements ont changé en Grèce et en Italie. Mais la confiance des marchés financiers est loin d’être retrouvée et l’euro n’est pas en forme par rapport à d’autres devises. Pendant ce temps, on discute d’abondance pour savoir si le fonds de stabilité monétaire doit ou non utiliser ses réserves d’or et de devises pour racheter les dettes souveraines des pays en difficulté. Autant mettre des rustines sur des pneus hors d’usage.
Ce qui est salutaire dans ce remue-ménage d’idées, ce sont les remises en cause. Il y a peu l’Europe était un tabou. Contester si peu que ce soit les institutions européennes tenait du sacrilège. Aujourd’hui, l’hypothèse que certains pays puissent sortir de la zone euro est clairement envisagée. Pour n’avoir pas eu recours à cette mesure, on a été amené à effacer la moitié de la dette grecque, sans être sûr de récupérer l’autre moitié.
Il est temps de procéder à un bilan sans fard et sans complaisance de l’Union européenne, de son utilité, de son coût et de ses contraintes. Elle ne doit plus être un sujet de rêverie mais être évaluée dans son quotidien. L’essentiel pour les pays européens, c’est de retrouver le chemin d’une réelle croissance, une maitrise des comptes publics, une économie au service de l’emploi et du social, une juste prospérité pour tous. Est-ce vraiment possible avec l’euro ?
Après avoir trop fait confiance aux politiques, les peuples doivent reprendre en main leur destin. La tâche sera rude.
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