Espagne : le «magistrat homophobe» avait raison

par Grégor Puppinck*

En 2009, après l’entrée en vigueur de la loi ouvrant le mariage et l’adoption aux couples homosexuels, la lourde condamnation du juge Ferrin-Calamita avait servi d’exemple en Espagne envers les juges et fonctionnaires « récalcitrants ».

Avant de statuer sur une procédure d’adoption homosexuelle, ce juge avait demandé une expertise psycho-sociale pour évaluer s’il est dans l’intérêt d’un enfant conçu par PMA d’être adopté par la compagne de sa mère biologique. Une telle demande d’expertise est fréquente. Il a pourtant été condamné à dix ans de suspension sans salaire, à 6 000 euros d’amende et au paiement des frais de justice, au motif que cette demande d’expertise aurait constitué une manœuvre dilatoire et un acte homophobe (Tribunal Supremo, Recurso No. 192/2009, No. 1243/2009, http://supremo.vlex.es/vid/-211688031) En demandant ce rapport, le juge Ferrin-Calamita avait manifesté son doute quant à la capacité de ce couple à constituer une « famille adéquate » pour l’enfant.

La suite des événements lui a donné raison : la mère biologique de l’enfant vient de demander le divorce, mais le juge Ferrin-Calamita reste condamné… Son dossier a été soumis à la CEDH avec le soutien de l’ECLJ ; il dénonce notamment le fait d’avoir fait l’objet d’un procès inéquitable.

Le juge Ferrin Calamita a écrit un livre (Yo, víctima de la cristofobia) dans lequel il raconte le harcèlement qu’il a subit de la part du « lobby gay ». Lors de son procès, le juge avait fait part de sa conviction selon laquelle il n’est jamais dans l’intérêt de l’enfant d’être privé volontairement de son père ou de sa mère.

A l’annonce de ce divorce, il dit avoir la conscience tranquille, et préfère avoir été condamné plutôt que d’avoir pris une décision contraire à l’intérêt supérieur de l’enfant. Il plaint la petite fille adoptée qu’il qualifie de « cobaye » de la cause LGBT : après avoir été volontairement privée de son père (vendeur anonyme de sperme), elle se retrouve maintenant ballotée entre « deux mères » divorcées.

Ces lois sur le mariage, l’adoption et la procréation artificielle n’affectent pas seulement les droits des enfants, elles ont aussi des incidences directes sur la liberté de conscience : la négation de la nature entraine inévitablement la négation de la conscience, car en la conscience réside encore la juste image de la nature.

*Directeur du European Centre for Law and Justice (ECLJ), Docteur en droit, Expert auprès du Conseil de l’Europe. L’ECLJ a été autorisé à intervenir dans cette affaire comme tierce partie et a soumis des observations écrites à la Grande Chambre.

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24 Comments

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  • Goupille , 23 avril 2013 @ 22 h 42 min

    L’obéissance aveugle à une loi illégitime et toxique a amené des gens devant les tribunaux, quand le vent avait tourné…
    L’obligation d’appliquer aveuglément une loi illégitime et toxique, sans prévoir une clause de conscience pour les magistrats, est le fruit des régimes totalitaires…

    Les corbeaux sont de retour, portés par une idéologie diamétralement opposée.
    Restent des poupées de chiffon, une petite fille, un juge, expulsés par ce tourbillon de folie.
    Cria Cuervos.

  • CFoussé , 24 avril 2013 @ 0 h 06 min

    Si vous lisez le castellano, je vous recommande l´article suivant: http://www.google.com/search?client=safari&rls=en&q=Pérez+del+Valle,+Carlos:+Prevaricación+Judicial+y+objeción+de+conciencia,+Consejo+General+del+Poder+Judicial,+Estudios+de+Derecho+Judicial+89-2006.&ie=UTF-8&oe=UTF-8

    Pour le juge, sa situation est en effet particulière en ce qui concerne l´objection de conscience. En fait, hors recours au Tribunal Constitutionnel et/ou à un vote particulier lors d´une décision collégiale, il est coincé par la soumission à la loi,
    dans le but d´assurer justement aux justiciables la sécurité juridique.

    En ce qui me concerne je préfère avoir affaire à un juge réputé neutre par définition qu´à une application aléatoire des lois au gré de l´éventuelle religion – il en existe de nombreuses- par exemple de tel ou tel juge.

    Mais je reconnais que la situation peut être inconfortable pour un juge, les autres magistrats et avocats ayant par ailleurs des voies d´abstention possibles.

    Pour ce qui est des lois illégitimes et toxiques, votre définition du totalitarisme me semble toute personnelle, en particulier dans le cas de l´Espagne moderne.

  • Câlinou , 24 avril 2013 @ 2 h 00 min

    Pouvez-vous nous traduire le passage concernant le compte bancaire, son IBAN et l intitulé du compte ?

  • rico , 24 avril 2013 @ 16 h 53 min

    C’est tous les futurs parents qui devraient subir une expertise psychiatrique, vu le nombre de taré qu’il y a chez les hétérosexuels, qui congèle leur enfants, qui les laissent dans des caves pendant des années etc etc etc

  • Yaki , 24 avril 2013 @ 19 h 58 min

    Lorsque des hétéros qui ont adopté divorcent, personnes ne songent à rendre l’efant à leur parents biologiques.
    L’enfant a vécu 6 ans avec 2 femmes. L’intérêt de l’enfant est-il de ne plus en voir une brutalement ?

  • C.B. , 24 avril 2013 @ 23 h 05 min

    Merci, cher Yaki, de rappeler, ce que l’on dit trop peu, que lorsqu’il y a présence d’enfants dans une famille, le divorce est pour eux une catastrophe.
    Comme statistiquement les paires de même sexe ont des relations très volages, le simple principe de précaution suggère qu’il est préférable de ne pas leur confier d’enfants. Ceux qui croient à la Providence dissent que c’est pour ça qu’une paire ne peut pas engendrer.

  • Stanis , 25 avril 2013 @ 0 h 47 min

    Il est vrai qu’il existe des problèmes chez les couples hétéros,
    mais (…).

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