Tribune libre de Philippe Herlin*
Le parlement chypriote a commencé hier à mettre en place le “plan B” avec l’instauration d’un strict contrôle des mouvements de capitaux (en clair empêcher toute fuite d’argent de l’île). Reste le point le plus douloureux, la taxe sur les dépôts, appliquée à ceux de plus 100 000 euros uniquement et dont le taux serait de 15 à 25% ! Il ne s’agirait de rien d’autre que d’un suicide de tout le secteur financier de Chypre, car une fois payée cette taxe et le contrôle des capitaux assoupli, les déposants fuiraient l’ile et plus aucun ne s’y risquerait, bien évidemment. Ce qui générera une nouvelle crise bancaire…
C’est ce week end que tout se joue. On semble pour le moment échapper à une faillite pure et simple de Chypre, et à une sortie de l’euro, au profit d’un racket des épargnants. Soit. Mais l’effet produit sur les investisseurs et les déposants présents dans les autres pays en difficulté (Grèce, Espagne, Portugal, Italie, Irlande, liste non close bien sûr) risque d’être dévastateur. Entre la zone euro et les investisseurs, locaux ou internationaux, la confiance est rompue, et cela va se payer très cher. Cela pourrait même marquer le début de la fin. Un sondage Ifop révèle que 4 Français sur 10 “jugent possible une taxe sur les comptes bancaires” en France. Ils ont malheureusement raison d’avoir cette crainte.
*Philippe Herlin est chercheur en finance. Il est l’auteur de France, la faillite ? Les scénarios de crise de la dette.
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