Un billet d’Isabel Orpy
Nous avons donc survécu à la fin du monde mais notre merveilleux cube à tout faire phocéen risque sa vie !
Fashion tendance, préconisé par les dermatos, composé de 72% d’huiles… Le célèbre savon de Marseille n’a toujours pas de label protégé, son nom est tombé dans le domaine public et la capitale phocéenne n’a rien fait pour protéger l’un des plus célèbres emblèmes de sa cité…
Une tradition pluriséculaire
C’est une longue et belle histoire que la sienne… Partie des rives de la Méditerranée, elle a essaimé dans le monde entier, faisant la notoriété de ce produit unique, naturel et irremplaçable.
Si l’on retrouve des indices des premiers mélanges à base d’huile, d’eau et de cendres dès l’Antiquité, c’est au Moyen Âge que le procédé de fabrication fut inventé par ajout de chaux à des cendres lessivées et c’est à Marseille qu’il va acquérir ses lettres de noblesse.
En 1786, 49 savonneries en produisent 76 000 tonnes, employant 600 ouvriers voire parfois bien davantage. Après la Révolution, l’industrie marseillaise continue à se developer. Au début du xxe siècle, la ville possède 90 savonneries. En 1913, la production représente 180 000 tonnes. Après-guerre, les manufactures bénéficient des progrès de la mécanisation et la production, qui avait un peu baissé, remonte à 120 000 tonnes en 1938. Lorsque la seconde guerre éclate, Marseille assure encore la moitié de la production française. Cependant, dans les années 50, le savon est supplanté par les détergents de synthèse et les usines marseillaises disparaissent les unes après les autres.
Plus qu’une gloire locale !
Écologique, désinfectant, détachant, efficace contre les crampes et rhumathismes, délicat avec la peau et le linge… Ses vertus avérées sont redevenues fort à la mode, toutefois, la majorité des produits estampillés savon de Marseille sont des faux, aux compositions variables et parfois, doûteuses… fabriqués en Chine, Malaisie, Turquie ou en Italie et des marques telles le Petit Marseillais ou Le Chat sont produites en Allemagne.
Aujourd’hui, seules quatre savonneries historiques défendent la tradition. L’une des dernières, le Fer à Cheval à Sainte-Marthe, qui en produit environ 2 000 tonnes par an, est en redressement judiciaire… Avec Le Sérail à Marseille, Marius Fabre à Salon, la Savonnerie du Midi aux Aygalades, elles ont formé l’Union des Professionnels du Savon de Marseille, une association luttant contre les contrefaçons, selon une charte reposant sur trois critères très précis : composition, procédé de fabrication, origine géographique.
Seule issue pour sa protection: bénéficier d’une IGP (indication géographique protégée), sigle officiel européen d’origine et de qualité permettant de défendre les noms géographiques et offrant une possibilité de déterminer l’origine d’un produit alimentaire quand il tire partie de sa spécificité de cette origine. Si cette indication s’ouvrait aux produits manufactures, le savon de Marseille pourrait être sauvé.
Mais avec l’Europe, tout est long, toujours trop long !
En attendant…
Riche d’entre autres 285 millions d’euros, prélevés sur les contribuables français et bientôt, des confortables subsides étatiques soutenant la presse moribonde, le Bernard (du Phocéa et de l’OM), celui qui disait : « À quoi ça sert d’acheter un journal quand on peut acheter un journaliste ? » et qui, s’offrant La Provence, déclare maintenant : “Le rôle qu’on peut jouer dans la presse locale au service des populations est largement aussi important que ce qu’on peut faire en étant un élu”… ferait bien d’enfin manifester son amour de Marseille en protégeant une valeur locale et française, préservant ainsi quelques emplois et entreprises, en annonçant : « Sauvons le savon ! »
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