Dans une déclaration commune, les orthodoxes russes et les catholiques polonais déclarent vouloir agir ensemble pour défendre la présence du christianisme dans la vie publique face à la tentation laïque de vouloir interdire toute expression religieuse en dehors de la sphère privée. Les deux Églises critiquent violemment l’avortement et l’euthanasie, qu’elles qualifient de péché grave et de honte pour la civilisation contemporaine, et elles s’attaquent également à la tendance actuelle à vouloir présenter comme une des formes du mariage l’union entre deux personnes du même sexe
Cyrille Ier, patriarche de l’Église orthodoxe russe, est reparti dimanche de Varsovie après une visite historique en Pologne. C’était la première visite d’un patriarche de l’Église de Russie dans ce pays, une visite marquée par une volonté de réconciliation après des siècles de confrontation, l’appartenance religieuse ayant souvent été dans le passé le signe distinctif entre Polonais catholiques et Russes orthodoxes dans les conflits qui ont opposé ces deux peuples, même si les deux Églises ont en commun d’avoir été persécutées par les totalitarismes athées du XXe siècle.
Si la déclaration elle-même fait consensus chez les catholiques polonais, beaucoup regrettent la récupération politique de l’événement et se demandent pourquoi cette déclaration des deux Églises chrétiennes a été signée dans un bâtiment officiel laïque, sans messe et sans prière commune, en présences de ministres du gouvernement polonais. Une partie de l’opposition ne peut s’empêcher de faire remarquer que le patriarche Cyrille Ier ayant lui-même des liens étroits avec le pouvoir russe, cette visite semble avoir été utilisée par les gouvernements des deux pays pour réaliser une opération de communication sur le thème de la réconciliation russo-polonaise après la mort du président Kaczyński, qualifié injustement de russophobe par le pouvoir russe et par le parti PO (Plateforme civique) qui gouverne depuis 5 ans en Pologne, alors que le scandale autour de l’enquête sur la tragédie de Smolensk met à mal cette image d’amitié entre les deux peuples après des siècles de guerres et surtout deux siècles d’occupation russe, puis soviétique, de la Pologne.
Si l’Église catholique est omniprésente en Pologne, avec environ 95 % de la population de tradition catholique, l’Église orthodoxe polonaise compte un peu plus d’un demi-million de fidèles et est la deuxième Église du pays, surtout présente dans l’est, dans la région de Bialystok où le patriarche Cyrille Ier a rencontré les fidèles orthodoxes de la ville en présence de l’archevêque catholique local. Sur le plan de la foi et des dogmes, peu de choses différencient les deux Églises et ce sont surtout la liturgie et l’allégeance à l’évêque de Rome qui les distinguent. Il arrive même fréquemment que catholiques et orthodoxes se retrouvent dans les mouvements chrétiens très vivants en Pologne. Ainsi, la communauté de Bialystok du mouvement catholique Communion et Libération compte à la fois des catholiques et des orthodoxes. Dans leur déclaration commune, l’Église catholique polonaise et l’Église orthodoxe russe rappellent d’ailleurs qu’aussi bien les Russes que les Polonais vouent un culte profond à la Vierge Marie et elles lui confient cette grande œuvre de réconciliation et de rapprochement de leurs Églises et de leurs peuples.
Le pape Benoît XVI a quant a lui exprimé son espoir que cette visite contribuerait au dialogue et au rapprochement entre catholiques et orthodoxes.
De notre correspondant permanent en Pologne.
6 Comments
Comments are closed.